Les réformes d’hier et d’aujourd’hui

11/05/2023 mis à jour: 07:56
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S’exprimant sur la presse, le 3 mai dernier, le président de la République a cité Mouloud Hamrouche, rendant  hommage à l’homme qui a révolutionné, durant le «printemps démocratique», fin de la décennie 1980, le monde des médias en autorisant la création d’une presse indépendante, mettant ainsi fin à l’ancienne ère d’une information gérée par le parti unique. 

L’ancien chef de gouvernement instaura aussi le multipartisme politique et associatif, et accorda l’autonomie de gestion aux entreprises publiques et à la Banque centrale, structures alors dépendantes des seuls ministères. 

Il  décida aussi de  l’ouverture du commerce extérieur dans le but de régler les lancinantes questions des pénuries et de la spéculation qui n’étaient pas étrangères à la colère populaire de l’époque conduisant en partie à la révolte d’Octobre 88. Les «réformes structurelles» furent la raison d’être de l’équipe dirigeante de choc menée par Mouloud Hamrouche qui, avec le feu vert de Chadli Bendjedid, ambitionnait de faire naître une «Nouvelle Algérie». En le citant, au-delà des qualités intrinsèques de l’homme, c’est ce concept qui semble avoir séduit le président Tebboune. 

Depuis trois années, celui-ci en fait le mot d’ordre de sa politique gouvernementale pour inscrire l’idée de rupture avec le passé. Comme au temps de Mouloud Hamrouche, il doit affronter deux obstacles majeurs, l’intégrisme avec son bras armé, le terrorisme, ainsi que les résistances bureaucratiques de l’ancien système rentier. Le premier fut autrement plus ravageur fin 1980 – début des années 1990. 

Malgré tout son courage et sa détermination, l’équipe des «réformateurs» ne put longtemps tenir face à la déferlante du FIS, de l’AIS puis des groupes meurtriers du GIA, du GSPC et autres groupuscules assassins. Adossée à la résistance populaire, la gestion sécuritaire prit la relève, et cela durant toutes les années 1990, pour écarter le danger de voir l’Algérie républicaine se talibaniser. 

Les grandes réformes furent stoppées, mais il subsista, malgré tout, de cette période intense à aujourd’hui, divers acquis majeurs liés précisément à l’ouverture politique, économique et médiatique. Les sérieux coups de boutoir qui leur ont été assénés, notamment durant les premières décennies 2000, n’ont pu réussir à restaurer l’ex-système.  Mais les dangers sont toujours là , en premier l’intégrisme et le terrorisme. Ce n’est pas un hasard si l’ANP recentre  actuellement sa mobilisation contre ces périls qui ne viennent pas seulement de l’intérieur du pays. 

De l’extérieur, par le biais de ses immenses frontières, le pays est particulièrement  ciblé. Le chef d’état-major de l’ANP le clame publiquement, multipliant la mobilisation des troupes opérationnelles. Le deuxièmes danger vient  des blocages et des tergiversations  au niveau des réformes devant assurer le développement économique et social. Force est de constater la présence   toujours active des défenseurs des intérêts acquis par le passé lointain et récent. 

Sous le régime Bouteflika, ils ont pu se constituer de puissants lobbys, corrompus et corrupteurs, investissant même la sphère politique dirigeante. S’ils ont été  sensiblement débusqués après la chute de leur protecteur, ils restent malgré tout actuellement toujours actifs, usant  d’autres procédés dont le plus efficace reste l’arme bureaucratique. 

Contre ce fléau, la lutte actuellement menée s’avère particulièrement difficile du fait de la faiblesse des organismes et des institutions étatiques chargés de le stopper. Et du fait aussi de l’absence d’une large conscience politique orientée résolument vers la modernité et cela dans toutes les sphères  politiques et  sociales.   

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