Les participants à la Journée parlementaire sur le cancer en Algérie : La lutte contre cette pathologie «est l’affaire de tous»

12/02/2025 mis à jour: 07:42
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Abdelhak Saihi, ministre de la Santé

Chaque année, l’Algérie  enregistre entre 55 000 et 65 000 nouveaux cas de cancer avec une prévision à la hausse  de 50% d’ici 2040. Cette progression rapide de  cette pathologie inquiète et interpelle les pouvoirs publics, qui estiment que «la  lutte contre ce fléau est l’affaire de tous». 

Et c’est ce que pensent les participants à la journée d’étude organisée hier par la chambre basse du Parlement et ayant pour thème : «Le cancer en Algérie : réalité et  perspectives de prise en charge». Le président  de l’Assemblée, Brahim Boughali, le ministre de la Santé, Abdelhak Saïhi,  le président de la Commission nationale de prévention et de lutte contre le cancer, Adda Bounedjar, des experts, des médecins et des spécialistes ont insisté sur l’implication de tout le monde dans la prévention contre cette maladie. 

«Cette pathologie n’est pas le problème du seul département de la Santé, mais de la responsabilité  de plusieurs secteurs, notamment dans son aspect préventif, y compris les ministères du Travail, du Commerce, de l’Industrie, de l’Environnement, de la Jeunesse, des Sports et de l’Education», a insisté Bounedjar qui a rappelé que chaque année, entre 1500 et 2000 enfants sont diagnostiqués d’un cancer, tout en signalant que cette maladie a enregistré 20 millions de cas dans le monde en 2022 et 10 millions de décès.

 Il a cité dans ce sens certains cancers les plus répandus en Algérie, tels que le cancer colorectal, celui du poumon, de la prostate chez les hommes, le cancer du sein, de l’ovaire, du col de l’utérus et du côlon chez les femmes. Même avis partagé par  le président de l’APN qui a appelé à la nécessité d’une action collective pour faire face à la progression vertigineuse  et continue des cas de cancer en Algérie. Il a mis en avant la nécessité de renforcer le dialogue entre les acteurs du secteur de la santé pour  trouver des solutions pérennes de nature à améliorer la prise en charge des patients et soutenir la recherche scientifique. «Avec plus de 50 000 nouveaux cas par an, le cancer est devenu un des défis majeurs pour notre système de santé. N’épargnant aucune  couche sociale, la maladie  met une pression accrue sur les infrastructures de santé, notamment en matière de diagnostic précoce, de prévention et de traitements», rappelle le président de la chambre basse du Parlement. 

L’Algérie cherche dès lors à répondre avec une approche qui allie modernisation des soins, renforcement des infrastructures et soutien à la recherche. Pour Boughali, la prise en charge des malades du cancer ne se limite pas aux soins. Le pays ne néglige pas, d’après lui, le soutien psychologique et social des patients et de leurs familles. «Des centres spécialisés dans l’accompagnement psychologique ont été créés pour offrir un soutien tout au long du parcours des soins. Ce qui est important pour garantir une vie digne aux malades et alléger leurs souffrances.» 

Absence d’un registre des décès

Le président de l’APN a relevé l’importance des campagnes de sensibilisation et de dépistage dans les grandes villes et en zones rurales pour encourager la détection précoce, afin d’améliorer considérablement les chances de guérison. La lutte contre le cancer nécessite l’engagement de tous les acteurs sociaux. «Secteurs public et privé, associations et citoyens doivent unir leurs forces pour renforcer les efforts de prévention, améliorer les traitements et alléger la souffrance des malades», a-t-il insisté. 

A cet effet , Boughali a réaffirmé le soutien  de l’Assemblée aux politiques en faveur des malades du cancer qu’elle s’engage à accompagner. «Cette préoccupation doit demeurer une priorité absolue», insiste-t-il. Par ailleurs, dans sa prise de parole, le Pr Bounedjar a assuré que l’enjeu actuel est de réduire le nombre de décès parmi les cas d’atteinte, et c’est dans ce contexte que la Commission nationale de prévention et de lutte contre le cancer tend, dit-il, à améliorer le dépistage précoce de cette maladie, en assurant le suivi du parcours du malade. L’intervenant  regrette, toutefois, l’inexistence en Algérie du registre national des décès associés à cette pathologie. Nabila Amir

 

 

Acquisition de 52 accélérateurs

Le ministre de la Santé, Abdeljak Saïhi, a relevé  les efforts consentis par l’Algérie «pour optimiser la prise en charge des malades atteints de cancer et leur fournir un traitement conforme aux normes internationales». Pour améliorer cette prise en charge, le ministère s’appuie sur la sécurité sanitaire, la vision stratégique et la prévention. «Le patient est suivi du diagnostic jusqu’à sa guérison, lorsque la maladie est découverte à un stade précoce», précise-t-il. Selon Saïhi, l’Algérie n’a pas lésiné sur les moyens pour faire face à cette pathologie, rappelant avoir acquis 52 accélérateurs et formé des oncologues et des radiothérapeutes. Il a évoqué aussi les 11 000 professionnels de la santé impliqués dans la lutte contre le cancer avec des centres spécialisés déjà établis à travers le pays, ce qui contribue, de son avis, à réduire le coût du traitement. L’Algérie dépense annuellement pour les soins de chimiothérapie 35 milliards de dinars. C’est l’Etat, rappelle-t-il, qui prend en charge ces soins à 100%. Les dépenses peuvent être portées à 50 milliards de dinars. Lors des débats, nombreux sont les intervenants qui ont évoqué les lacunes à combler, dont les pannes répétitives des scanners et des endoscopes, les rendez-vous éloignés et le retard dans l’acquisition de certains médicaments. Ce qui n'est pas fait pour alléger la souffrance des malades…N. A.

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