Les Palestiniens de l’enclave sous le feu de l’armée d’occupation israélienne : Ghaza, «le pire endroit sur terre»

11/01/2024 mis à jour: 01:00
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Selon les agences de l’ONU, aucun endroit n’est sûr à Ghaza - Photo : D. R.

La violence persistante et dévastatrice empêche tout espoir d’entrevoir rapidement un avenir après cette guerre, laissant dans son sillage une détresse insoutenable et des traumatismes profonds au sein de la population palestinienne.

La guerre sanglante et barbare que mène Israël dans la Bande de Ghaza se poursuit avec des massacres routiniers faisant des centaines de victimes quotidiennement parmi les civils et devant un monde sourd et aveugle depuis près de 100 jours. Le représentant du principal allié de l’Etat sioniste, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, en tournée dans la région, a fait mine de «sommer Israël d’épargner les civils palestiniens dans la Bande de Ghaza».

Mais plus de trois mois après le début des hostilités, rien ne semble pouvoir mettre un terme à l’une des pires guerres en Palestine occupée, tandis que l’ONU tire la sonnette d’alarme sur les conditions de vie désastreuses de la population dans le territoire assiégé. L’enclave de Ghaza est désormais le pire endroit sur terre.

Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a rencontré hier le président palestinien, Mahmoud Abbas, pour aborder notamment le dossier de l’après-guerre dans ce territoire, dont le Sud a subi dans la nuit d’intenses bombardements.

Mardi, il avait rencontré plusieurs responsables israéliens, notamment le Premier ministre Benyamin Netanyahu. «La Bande de Ghaza a besoin de recevoir plus de nourriture, plus d’eau, plus de médicaments», a-t-il reconnu, en exhortant aussi Israël à «cesser de prendre des mesures qui sapent la capacité des Palestiniens à se gouverner eux-mêmes».

Yoav Gallant, ministre israélien de la guerre, avait dévoilé jeudi son premier plan pour «l’après»-guerre à Ghaza qui prévoit une gouvernance locale qui ne soit «ni le Hamas» «ni une administration civile israélienne», mais dirigée par des Palestiniens qui ne seraient «pas hostiles» à Israël.

Des ministres d’extrême droite du gouvernement Netanyahu plaident pour une recolonisation de Ghaza, tandis que Washington souhaite revoir sur place l’Autorité palestinienne mais réformée. Cet «après-guerre» semble encore lointain, perdu dans un horizon incertain, tant les atrocités commises par Israël se multiplient avec une intensité impitoyable. Les conséquences des massacres continus et implacables semblent éloigner toute perspective d’une résolution immédiate.

La violence persistante et dévastatrice empêche tout espoir d’entrevoir rapidement un avenir après cette guerre, laissant dans son sillage une détresse insoutenable et des traumatismes profonds au sein de la population palestinienne déjà lourdement éprouvée par des années de siège.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré mardi voir sa capacité à venir en aide aux habitants de Ghaza se «réduire», parlant de «catastrophe humanitaire». Médecins sans frontières (MSF) a condamné hier «avec la plus grande fermeté» une frappe contre un abri de MSF à Khan Younès, qui a entraîné la mort de la fille d’un de ses employés.

«Un obus a traversé (lundi) le mur du bâtiment où plus de 100 membres du personnel de MSF et leurs familles avaient trouvé refuge», indique l’ONG dans un communiqué. «Bien que MSF ne soit pas en mesure de confirmer l’origine de l’obus, celui-ci semble similaire à ceux utilisés par les chars israéliens.»

Israël frappe désormais surtout le centre et le sud de la Bande de Ghaza après avoir bombardé massivement le nord du territoire. Le gouvernement israélien a accepté le principe d’une «mission d’évaluation» de l’ONU sur la situation dans le nord de Ghaza en vue d’un retour des déplacés, a souligné mardi M. Blinken, sans donner de détails.

La situation des réfugiés palestiniens à Rafah est catastrophique et risque de devenir encore plus problématique, a prévenu mardi soir l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (Unrwa) qui a estimé que «ce qui se passe à Ghaza dépasse nos capacités». Les témoignages qui nous parviennent de Ghaza sont glaçants.

«A cause du manque d’eau, nous ne nous douchons qu’une fois par mois, nous souffrons psychologiquement et les maladies se sont répandues partout», témoigne auprès de l’AFP Ibrahim Saadat, un Palestinien déplacé par la guerre.

«Ce n’est pas 100 jours (de guerre), mais on a l’impression que cela fait 100 ans», déplore à ses côtés Abdelaziz, un autre déplacé rencontré à Rafah, à la pointe sud du territoire où des centaines de milliers de personnes ont trouvé refuge. «Nous avons perdu tous nos rêves (...) Les enfants peuvent perdre des années de leur vie en vivant ici.

Certains allaient à l’école (...) tout cela n’a servi à rien, tout est perdu», souffle Hadeel Shehata, une Ghazaouie de 23 ans également déplacée dans le sud du territoire.

Le porte-parole de l’agence onusienne pour la Bande de Ghaza, Adnan Abu Hasna, a déclaré qu’il y avait 1,9 million de personnes déplacées dans diverses zones de l’enclave palestinienne, dont environ 1,4 million sont installées dans 155 écoles et centres d’hébergement affiliés à l’Unrwa. «Ghaza, dit-il, est le pire endroit sur terre et la Bande de Ghaza est en train de se transformer en un endroit inhabitable.»

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