Les messages subliminaux de Josep Borrell

13/03/2023 mis à jour: 01:44
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Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, entame sa première visite en Algérie - Photo : D. R.

L’Union européenne se dit prête à mobiliser les technologies et les capitaux nécessaires pour le développement des énergies renouvelables en Algérie. C’est ce qu’a assuré le haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Josep Borrell, qui était attendu hier soir à Alger, dans le cadre d’une visite de deux jours.

La venue du diplomate européen revêt un caractère particulier compte tenu de la situation internationale et de l’état des relations entre les deux parties.

Josep Borrell a, d’ailleurs, dressé, dans une interview accordée hier à notre confrère El Khabar, les grandes lignes des discussions qu’il devra avoir, durant son séjour en Algérie, avec les hautes autorités.

Il s’agit des questions énergétiques, de la crise diplomatique entre Alger et Madrid et de l’accord d’association algéro-UE. Sur l’énergie, le diplomate européen affirme, d’emblée, que «l’Algérie est un partenaire clé de l’UE». «En tant que fournisseur fiable de gaz naturel, elle (l’Algérie, ndlr) joue un rôle très important pour la sécurité des approvisionnements énergétiques européens, et ce, à un moment clé.

Nous en sommes conscients et reconnaissants», rappelle-t-il. Josep Borrell affiche, dans ce sens, la volonté de l’UE «de consolider et d’approfondir ce partenariat mutuellement bénéfique en travaillant ensemble pour relever le double défi de la sécurité et de la soutenabilité énergétiques». «Nous sommes prêts à intensifier la coopération euro-algérienne afin de faciliter les investissements dans ce domaine stratégique. Les investissements européens dans le secteur énergétique algérien restent les plus importants.

Les efforts engagés en Europe pour diversifier durablement nos sources d’approvisionnement en gaz ainsi que la nouvelle loi sur les hydrocarbures adoptée en Algérie contribueront à attirer de nouveaux investissements européens», indique-t-il.

L’UE, ajoute-t-il, «veut inscrire son partenariat avec l’Algérie dans une perspective de long terme», annonçant la disposition de l’Union à fournir les technologies et les capitaux pour développer les énergies renouvelables dans le pays.

«Les investissements européens dans de nouveaux projets d’infrastructure doivent servir à la transition énergétique, car l’Union européenne entend atteindre la neutralité carbone comme convenu lors de la Conférence de Paris.

Par conséquent, le soutien financier de l’UE se concentre sur les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et l’hydrogène», souligne-t-il, assurant que «l’Europe est prête à mobiliser technologies et capitaux pour accompagner le développement de ces énergies en Algérie».

Crise algéro-espagnole : «une solution est possible»

Le diplomate européen évoque aussi la crise diplomatique entre l’Algérie et l’Espagne. Il estime qu’une solution «est possible». «Je suis convaincu qu’une solution est possible, et nous devons œuvrer ensemble pour la trouver rapidement, dans notre intérêt mutuel, pour surmonter les blocages existants et éliminer toute entrave à nos échanges», dit-il.

Il juge également que «les entraves sérieuses introduites depuis juin 2022 par l’Algérie aux échanges commerciaux avec l’Espagne, à l’exception du gaz, ont été préjudiciables». «Ce blocage est très préjudiciable à la mise en œuvre de notre accord d’association et n’est dans l’intérêt de personne», précise-t-il, réitérant, au passage, la position de l’UE sur la question du Sahara occidental.

L’UE prête à écouter

Concernant l’accord d’association et la demande de l’Algérie de le réviser, Josep Borrell estime qu'«il faut plutôt rediscuter de sa mise en œuvre». «C’est plutôt de la mise en œuvre de cet accord qu’il faudrait rediscuter. Comment exploiter tout son potentiel ? Nous devons être plus pragmatiques et efficaces, et cela, dans tous les domaines.

En 2015-2016 un travail important avait été engagé dans ce sens conjointement par l’UE et l’Algérie. Les recommandations issues de ces échanges restent toujours d’actualité», dit-il, précisant que «les exportations de l’UE vers l’Algérie ont diminué de 45% depuis 2015 et la balance commerciale est en faveur de l’Algérie, si nous incluons les exportations d’hydrocarbures».

Et d’ajouter : «Comme les autorités algériennes, nous pensons qu’il existe un énorme potentiel non réalisé dans ce domaine. Pour l’exploiter, il nous faut améliorer la mise en œuvre de l’accord en vigueur. Les règles qu’il prévoit doivent en particulier être pleinement respectées, sans discrimination.

Toutefois, nous sommes bien sûr prêts à écouter des propositions concrètes selon les règles prévues par l’accord et sur la base de ce que nous faisons déjà avec d’autres partenaires.» Dans ce sens, il déplore le blocage du conseil d’association. «Personne ne gagne dans cette situation. Il est dans notre intérêt comme dans celui de l’Algérie de trouver une solution le plus rapidement possible», lance-t-il. 

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