Les opinions publiques, dans le monde, semblent enfin bouger, afin de faire cesser la boucherie israélienne à Ghaza. Depuis la semaine dernière, le nombre de manifestations dénonçant les crimes de guerre commis contre les Palestiniens ne cesse d’augmenter et de toucher des capitales dont les gouvernements se sont engagés dans un soutien inconditionnel à Tel-Aviv.
Avant-hier, samedi, des milliers de manifestants ont défilé à New York pour dénoncer le déluge de feu ininterrompu depuis trois semaines contre l’enclave palestinienne et le crime humanitaire commis sur la population civile. Mégapole peuplée de près de 1,5 million de juifs et de plusieurs centaines de milliers de musulmans, New York, qui est aussi la ville du World Trade Center et du 11 Septembre, a vu déjà s’organiser des rassemblements distincts des deux communautés dans le contexte de cette guerre inédite dans sa barbarie et ses implications.
Mais il semble que la persistance des massacres et les impasses humanitaires qu’imposent Netanyahu et son gouvernement sont en train de faire pencher la balance vers une solidarité plus tranchée pour les Palestiniens. Vendredi dernier, une association juive, la Jewish Voice for Peace-New York City, a tenu un grand sit-in au niveau de la gare New-Central de New York, y perturbant le trafic. Entre autres slogans portés par les manifestants, «Not In Our Name» (pas en notre nom) et «Ceasefire Now» (cessez le feu maintenant). Le rassemblement s’est achevé sur une intervention de la police new-yorkaise qui a interpellé plusieurs centaines de protestataires sur place. A Londres, capitale du deuxième plus grand soutien d’Israël, une imposante manifestation a été organisée samedi.
Des dizaines de milliers de personnes, selon l’AFP, ont arpenté les grandes artères londoniennes à l’appel du mouvement Palestine Solidarity Campaign (PSC). Les images de la manifestation, la plus grande des trois organisées chaque week-end depuis le début du conflit, entre autres moments forts, montrent une épaisse procession saturant le Golden Jubilee Bridge, un des ponts emblématiques traversant la Tamise. 1000 policiers ont été mobilisés par les autorités britanniques pour traquer tout slogan favorable à Hamas. Mais les mots d’ordre se sont concentrés sur la revendication d’un cessez-le-feu complet et la dénonciation de la tuerie perpétrée par Tsahal dans la bande de Ghaza. D’autres rassemblements de soutien ont été également organisés dans la même journée à Manchester et Glasgow.
Dans cette même ville, les supporters du club de foot phare local, le Celtic Glasgow, ont marqué les esprits par une démonstration massive et colorée de solidarité, il y a quelques jours, qui a fait un big buzz sur les réseaux sociaux.
Sauver l’honneur de la conscience humaine
En France, où les manifestations de solidarité avec la Palestine sont frappées d’interdiction par le gouvernement, des milliers de Parisiens ont, pour leur part, tenu à sortir dans la rue pour renouveler la revendication d’un cessez-le-feu à Ghaza. Des élus, se démarquant de la position de l’Etat français sur la question, ont tenu à être du rassemblement que la police, mobilisée en nombre, a une nouvelle fois empêché de se transformer en marche. A Marseille, deuxième ville du pays, un autre rassemblement, autorisé cette fois, a également été tenu.
Aux Pays-Bas, au Danemark, en Belgique… des sit-in sont par ailleurs organisés par des militants pacifistes appelant à cesser le massacre. A Istanbul, c’est le parti au pouvoir en Turquie, l’AKP, qui a appelé à une nouvelle démonstration de soutien à la population de Ghaza.
Un rassemblement ayant réuni plusieurs dizaines de milliers de personnes a été tenu sur le tarmac de l’ancien aéroport de la ville. Le président Erdogan a profité de l’occasion pour s’adresser à la foule et dénoncer «le mépris de l’Occident pour Ghaza», réitérant que Hamas est un mouvement de résistance et non pas un mouvement «terroriste», comme cherchent à l’imposer Israël et ses soutiens occidentaux.
Des déclarations qui suscitent la colère à Tel-Aviv à tel point qu’il envisage désormais de «revoir» la teneur de ses relations diplomatiques avec Ankara. Dans les grandes capitales et villes arabes et musulmanes, terrains acquis historiquement à la cause, le moment est également aux démonstrations publiques de soutien à la population de Ghaza et à la dénonciation de l’«entité sioniste», depuis au moins deux semaines. A Baghdad, Amman, Beyrouth, Téhéran, Nouakchott, Tunis, Alger… l’indignation et la colère sont les mêmes contre les crimes commis par Israël avec la complicité de ses parrains et soutiens occidentaux. Des manifestations qui auraient pu être plus massives et tendues sans les freins imposés par les autorités politiques pour éviter les débordements.
Les élans de solidarité se renforcent et se multiplient au fur et à mesure que l’insoutenable de la situation dans l’enclave palestinienne se diffuse dans le monde. L’arrogance de la diplomatie israélienne à l’ONU et l’implication directe et sans précédent de Washington avec son protégé dans son œuvre de guerre aveugle semblent éveiller les consciences un peu partout dans le monde malgré une débauche de propagande pro-israélienne dans les médias mainstream en Occident et des millions de dollars déversés par Tel-Aviv à financer des campagnes d’influence de masse sur les réseaux sociaux.
Les réactions populaires à travers le monde sauvent peut-être un peu l’honneur de la conscience humaine, mais ne suffisent pas pour l’heure, malheureusement, ou très peu, à peser sur l’attitude des décideurs politiques.