Navires pris d’assaut, attaques au drone, salves de missiles en direction de la ville portuaire d’Umm Al Rashrash (Eilat) au sud d’Israël….
Depuis le début de l’agression israélienne contre la Bande de Ghaza, les combattants yéménites houthis ont multiplié leurs offensives contre des navires marchands faisant route vers l’entité sioniste. Il s’agit, en fait, d’un nouveau front de lutte qui s’est ouvert dans le détroit stratégique de Bab El Mendeb, au large du Yémen, par lequel transite 40% du commerce international.
Les Houthis, se positionnant clairement dans le camp de la résistance palestinienne, ont juré ne laisser passer aucun navire à destination d’Israël. Dernières attaques en date, celles menées vendredi contre deux porte-conteneurs, MSC Alanya et MSC Palatium III.
«En réponse à l’oppression subie par le peuple palestinien, actuellement confronté aux massacres, à la destruction et au siège dans la Bande de Ghaza (…), les forces navales des forces armées yéménites ont mené une opération militaire contre deux navires porte-conteneurs (…)», ont affirmé les Houthis dans un communiqué répercuté par le site Ghaza News.
Les navires ont été visés par deux missiles «après que leurs équipages aient refusé de répondre aux appels des forces navales yéménites», a indiqué leur porte-parole militaire, Yehya Sari, lors d’une manifestation de soutien aux Palestiniens organisée à Sanaa, la capitale Yéménite. «Cette opération est intervenue après le refus de leurs équipages de répondre aux appels de la marine yéménite (…)», lit-on dans le communiqué.
Les Houthis ont, cependant, affirmé ne pas s’en prendre aux navires se dirigeant vers tous les ports dans le monde, «à l’exception des ports israéliens». Et d’ajouter : «Les forces armées yéménites confirment qu’elles continuent d’empêcher tous les navires à destination des ports israéliens de naviguer dans les mers Arabe et Rouge jusqu’à ce qu’ils consentent à autoriser l’acheminement de nourritures et de médicaments à nos frères de la Bande de Ghaza.»
CMA CGM et Maersk décident d’éviter Bab El Mendeb
Le géant CMA CGM, premier transporteur maritime français, a annoncé hier qu’il suspendait la traversée de la mer Rouge par ses porte-conteneurs, après des attaques perpétrées contre des navires par des rebelles houthis du Yémen.
Le groupe a «décidé d’ordonner à tous les porte-conteneurs de CMA CGM dans la région, qui doivent passer par la mer Rouge, de rejoindre des zones sûres» ou de ne pas sortir des eaux jugées sûres, «avec effet immédiat et jusqu’à nouvel ordre», selon un communiqué. «La situation continue de se détériorer et les inquiétudes en matière de sécurité augmentent», affirme CMA CGM pour justifier sa décision.
Face à la récurrence des attaques houthis, le géant danois du transport maritime Maersk a ordonné, vendredi, à ses navires de ne plus passer par le détroit stratégique de Bab El Mendeb, et ce, «jusqu’à nouvel ordre». Selon le Commandement militaire américain au Moyen-Orient (Centcom), le MSC Alanya n’a été que menacé, sans avoir été touché, tandis que le Palatium a été touché par un des deux missiles balistiques tirés.
La société de renseignement maritime Ambrey avait indiqué que les deux navires, dont l’un se dirigeait, selon elle, vers Djeddah, en Arabie Saoudite, avaient été menacés probablement car leur propriétaire, l’armateur suisse MSC, a «coopéré avec Israël». Un autre navire, le Al Jasrah, porte-conteneur battant pavillon du Liberia détenu par la société allemande Hapag-Lloyd, a lui été touché par un drone «lancé du territoire contrôlé par les Houthis» et un incendie s’est déclenché avant d’être éteint, a aussi fait savoir le Centcom dans un communiqué sur X (anciennement Twitter).
Selon Ambrey, l’armateur allemand a des bureaux dans les ports israéliens d’Ashdod, Haïfa et Tel-Aviv. Hapag-Lloyd a lui aussi annoncé avant-hier qu’il suspendait au moins jusqu’à demain les traversées de ses porte-conteneurs sur la mer Rouge. Jeudi, les rebelles houthis ont revendiqué une attaque contre un autre porte-conteneurs, le Maersk Gibraltar.
En visite en Israël, le conseiller à la Sécurité nationale de la Maison-Blanche, Jake Sullivan, a évoqué «une menace concrète pour une libre navigation» en mer Rouge. «Les Etats-Unis travaillent avec la communauté internationale et leurs partenaires dans la région pour faire face à cette menace», a-t-il ajouté à Tel-Aviv, après avoir rencontré des responsables israéliens. Quelque 20 000 navires circulent chaque année en mer Rouge, route maritime reliant la Méditerranée à l’océan Indien et séparant la péninsule Arabique de l’Afrique.