L’armée d’occupation, faisant fi de la résolution du Conseil de sécurité exigeant un cessez-le-feu, poursuit ses carnages. Au cours des dernières 24 heures, l’armée israélienne a perpétré sept massacres dans la bande de Ghaza, entraînant la mort de 71 personnes et blessant 102 autres, selon le ministère de la Santé à Ghaza.
Les bâtiments en ruine, les cendres encore fumantes et les corps sans vie, tel est le triste tableau observé, notamment, dans les vidéos postées sur les réseaux sociaux, témoignage d’une guerre génocidaire que mène l’armée d’occupation israélienne contre les Palestiniens de Ghaza. Mais ce ne sont là que la partie visible de l’iceberg. Les habitants de Ghaza subissent une détresse humanitaire inouïe. Les pénuries alimentaires et les conditions sanitaires précaires font des ravages parmi la population.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) tire la sonnette d’alarme sur la situation des nouveau-nés, dont la mortalité est en forte hausse. Les bébés naissent prématurément et sous-alimentés, ils sont condamnés à une lutte pour leur survie dès leur premier souffle.
«Différents médecins, en particulier dans les maternités, rapportent qu’ils constatent une forte hausse du nombre d’enfants nés avec un faible poids à la naissance et qu’ils ne survivent tout simplement pas à la période néonatale parce qu’ils sont nés trop petits», a indiqué Margaret Harris, porte-parole de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), lors du point de presse régulier de l’ONU à Genève.
L’hôpital pédiatrique Kamal Adwan, où arrivent chaque jour au moins 15 enfants mal nourris, est particulièrement important, et «les besoins deviennent de plus en plus criants», a-t-elle révélé.
L’OMS a aussi donné l’exemple d’un centre de stabilisation installé la semaine dernière, où «les patients hospitalisés sont généralement des enfants qui souffrent de maladies et de malnutrition car, comme vous le savez, si vous souffrez d’une maladie sous-jacente, la malnutrition vous tuera beaucoup plus rapidement».
Les hôpitaux, déjà débordés par l’afflux constant de blessés, peinent à faire face à cette nouvelle crise. L’hôpital pédiatrique Kamal Adwan est submergé par le nombre croissant d’enfants malnutris. Les témoignages des médecins sur place sont un cri d’alerte face à l’urgence de la situation. Pourtant, l’armée d’occupation, faisant fi de la résolution du Conseil de sécurité exigeant un cessez-le-feu, poursuit ses carnages.
Au cours des dernières 24 heures, l’armée israélienne a perpétré sept massacres dans la bande de Ghaza, entraînant la mort de 71 personnes et blessant 102 autres, selon le ministère de la Santé à Ghaza. Des victimes palestiniennes sont encore piégées sous les décombres et sur les routes, tandis que les forces d’occupation empêchent les ambulances et les équipes de secours de leur porter assistance.
«Reconnaître un État palestinien d’ici l’été»
A Rafah, au sud de Ghaza, les équipes de secours ont récupéré les corps de six victimes et secouru plusieurs blessés sous les décombres d’une maison bombardée par l’aviation israélienne. A Khan Younès, dans l’est et le centre-ville, les bombardements israéliens ont également fait plusieurs morts et blessés, selon l’agence palestinienne Wafa.
A Deir Al Balah, des civils, dont des enfants, ont été tués lorsque des avions israéliens ont visé la mosquée El Bachir, provoquant des dommages supplémentaires aux maisons environnantes. L’artillerie israélienne a également tiré des obus sur plusieurs régions de la bande de Ghaza, accentuant les pertes civiles et les dégâts matériels.
Dans la ville de Ghaza, l’aviation israélienne a ciblé deux maisons dans le quartier d’Al Zaytoun, tandis que l’artillerie a bombardé les quartiers de Tal El Hawa et Sheikh Adjlin, causant la mort de trois personnes et blessant six autres, qui ont été transportées à l’hôpital El Ahly El Arabi. Parallèlement, Israël a mené des frappes contre le consulat iranien à Damas, en Syrie, le 1er avril, tuant deux commandants de la Force Al Qods et cinq autres membres de la branche des Gardiens de la révolution.
Ces frappes sont d’autant plus préoccupantes qu’elles sont susceptibles d’exacerber les tensions avec l’Iran et d’aggraver la situation déjà critique à Ghaza. Les dévastations commises par l’armée sioniste à Ghaza sont incommensurables. «Le complexe hospitalier Al Shifa a disparu à jamais», a lancé le directeur par intérim de l’hôpital, dans une vidéo réalisée sur place et diffusée par l’OMS. Il a déclaré que la destruction d’Al Shifa équivalait à arracher le cœur du système de santé de Gaza.
Margaret Harris, porte-parole de l’OMS, a souligné que cet hôpital était immense, avec 750 lits, 25 salles d’opération et 30 salles de soins intensifs. Israël prétendait que l’hôpital abritait ce qu’il nomme des «terroristes haut gradés» du Hamas. Dans les faits, la majorité des victimes de ce crime étaient des civils.
Selon les témoins sur place, près de 300 corps ont été retrouvés dans le récent carnage après celui de novembre 2023, où les corps avaient été enterrés dans une fosse commune. Construit après la Seconde Guerre mondiale, Al Shifa était devenu un symbole palestinien, un pilier central de la ville, malgré les quinze guerres menées par Israël contre Ghaza depuis 1948.
Il n’en reste plus rien aujourd’hui. L’établissement a été complètement détruit et transformé en un champ de morts. Il reste néanmoins un brin d’espoir : le gouvernement espagnol, dirigé par la gauche, est résolu à reconnaître un Etat palestinien d’ici l’été, selon les déclarations du Premier ministre Pedro Sánchez, lors de sa visite à Amman, en Jordanie, publiée mardi par plusieurs journaux espagnols.
«Nous devons sérieusement envisager cette reconnaissance (de l’Etat palestinien, ndlr) au cours de ce semestre», a déclaré le chef du Parti socialiste, cité notamment par le journal catalan La Vanguardia, lors de sa tournée dans trois pays du Moyen-Orient, commençant par la Jordanie.
Ces déclarations de Sánchez confirment une accélération nette du calendrier qu’il avait récemment avancé pour la reconnaissance de l’Etat palestinien. Le 9 mars, il avait annoncé qu’il proposerait au Parlement espagnol de voter en faveur de cette reconnaissance d’ici la fin de la législature, c’est-à-dire d’ici l’été 2027.
Moins de deux semaines plus tard, le 22 mars, lors d’un sommet européen à Bruxelles, Sánchez et ses homologues irlandais, maltais et slovène avaient publié une déclaration commune dans laquelle ils se disaient «prêts à reconnaître la Palestine», précisant qu’ils le feraient «lorsque cela pourrait contribuer positivement à la résolution du conflit israélo-palestinien et lorsque les circonstances seraient réunies».
Le quotidien madrilène El País estime que cette reconnaissance pourrait intervenir pendant la campagne pour les élections au Parlement européen, qui auront lieu le 9 juin en Espagne, ou dans les semaines qui suivront.
Selon le journal, Sánchez a déclaré aux journalistes qui l’accompagnaient qu’il faudrait «surveiller les décisions qui seront prises prochainement à Bruxelles et à New York», c’est-à-dire par l’UE et par l’ONU, ce qui signifie que la décision de l’Espagne serait liée à l’évolution de la situation internationale.