Que serait l’Afrique si ses différents pays arrivaient à concrétiser leur intégration économique et à se fédérer autour de projets économiques concrets ? Jusque-là, les pays africains s’orientaient principalement vers l’étranger et très peu vers leur voisinage immédiat. Entamé timidement dans les années 1960, le vaste et long chantier de l’intégration du continent s’accélère désormais.
Après avoir fraîchement rejoint l’initiative pilote de commerce guidé lancée dans le cadre de l’accord de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), l’Algérie compte ouvrir désormais des zones franches avec cinq pays voisins, outil clé pour atteindre les objectifs d’intégration économique.
L’Algérie souhaite être un carrefour économique et énergétique avec, notamment, le grand projet du gazoduc transsaharien, qui devra relier le Nigeria et l’Algérie, en passant par le Niger, et surtout la route transsaharienne qui va traverser le territoire algérien, la Tunisie, le Mali, le Niger, le Tchad, pour rejoindre le Nigeria.
Le défi de l’intégration et de la connectivité est ainsi immense pour les pays enclavés du Sahel.
Ces zones franches illustrent une volonté de défendre une politique multilatérale, diversifiée et tournée vers l’Afrique ainsi que le besoin impérieux de coopération avec les pays voisins.
Ces zones franches et les plateformes de libre-échange se positionnent comme un catalyseur indéniable d’une intégration économique africaine qui se veut hautement stratégique. Si sur le plan politique, l’Afrique veut s’affranchir de toutes les influences extérieures, sur le plan économique, cette tendance d’intégration économique se généralise pour élargir davantage les dimensions commerciales intra-africaines. Le potentiel est énorme, d’autant plus que seuls 16% des échanges africains ont lieu à l’intérieur du continent, tandis que d’énormes quantités de marchandises sont acheminées depuis l’Europe et la lointaine Chine.
Les échanges intra-africains sont nettement inférieurs aux commerces intra-asiatique et intra-européen, qui dépassent respectivement les 58% et les 69%. L’union économique des pays africains permettra au continent d’avoir un maximum de valeur ajoutée.
La ZLECAf est une plateforme essentielle à la réalisation de cette nécessaire intégration. Plus grand marché de libre-échange du monde par le nombre de ses membres, cette plateforme recèle un immense potentiel à déployer. Les enjeux commerciaux, réglementaires et économiques sont énormes. L’idée est la rétention de la richesse africaine sur le continent.
Des défis restent à relever, car il est nécessaire de démanteler les freins qui entravent encore le commerce intra-africain. Déficit de visibilité, dérégulation, barrières non tarifaires et instabilités monétaires sont autant d’obstacles qui freinent le commerce intra-africain.
L’intégration permet de créer davantage d’emplois et d'accroître la résilience économique face aux chocs exogènes. L’aspiration à une Afrique économiquement intégrée requiert un engagement à la fois des gouvernements, de la sphère privée et des institutions économiques et politiques multilatérales.
Ce triple engagement synergique permettra d’accroître la visibilité du commerce intra-africain, la stimulation des liens commerciaux et la mise en place d’un terreau fertile à la conclusion d’accords commerciaux. L’avenir économique de l’Afrique passe par la progression des échanges commerciaux intra-africains.