L’impératif de la numérisation des services publics revient cette semaine dans les orientations du chef de l’Etat. C’est à l’occasion de la dernière réunion du Conseil des ministres que le Président a réitéré sa volonté de moderniser les moyens de gestion administrative des secteurs névralgiques du pays. Il s’agit, en somme, des départements des Impôts, des Finances et des Douanes.
L’engagement de M. Tebboune à lancer des réformes tant attendues par le citoyen ne se limite pas à ces seuls secteurs en question, mais il s’intéresse à beaucoup d’autres domaines de la vie quotidienne.
La santé avec toutes ses spécificités, l’éducation avec l’introduction de la tablette censée soulager le petit écolier du poids du cartable sont autant de chantiers, maintes fois annoncés, pour bénéficier de l’apport des technologies modernes.
Malheureusement, rien n’a été concrétisé sur le terrain, au point que le citoyen a fini par ne plus accorder de crédit à ce qu’il assimile à de simples promesses de circonstance. Pourtant, les justifications ne manquent pas au premier responsable du pays pour faire valoir la nécessité du recours aux moyens modernes dans le traitement des affaires publiques.
L’accent est mis aussi bien sur la transparence des opérations que sur la fiabilité des informations et la précision des données chiffrées.
Les fausses statistiques sont souvent à l’origine de prévisions erronées et donc de l’échec de la concrétisation d’objectifs planifiés. Tous les secteurs socioéconomiques en pâtissent, drastiquement, à un point où la maîtrise des véritables enjeux qui s’y rattachent échappe à tout contrôle.
Il va de soi que les domaines de la souveraineté nationale ne sont pas à l’abri des pires répercussions de cette logique infernale, à l’image de la sécurité alimentaire, entre autres secteurs de portée stratégique.
Parallèlement à ce gros handicap de statistiques aléatoires, sciemment entretenu et ancré dans les mœurs bureaucratiques, se cache aussi une force réactionnaire qui s’oppose à toute réforme capable de remettre en cause une tradition séculaire faite d’intérêts et de privilèges.
La transparence et la traçabilité introduites par l’usage de l’outil informatique ne font pas bon ménage avec l’opacité en vigueur, particulièrement dans les secteurs sensibles.
C’est ce qui explique le report successif des échéances de la généralisation de la numérisation des administrations publiques. Cette réticence nous rappelle l’autre épisode du bras de fer longtemps engagé avant l’installation des caméras de surveillance dans certains endroits tous aussi sensibles que stratégiques.
Conscient de cet impératif de modernisation de l’acte de gestion, le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, n’a pas manqué, cette fois-ci, de fixer un délai bien déterminé pour concrétiser définitivement son projet de numérisation des services des Impôts, des Douanes et des Finances.
Le chantier s’avère grandiose au vu de la réalité du terrain. Il importe d’assurer un débit conséquent d’internet, de former un personnel capable de mettre au point, rapidement, des logiciels de gestion spécifique à chaque domaine d’activité visé.
L’enjeu est si important qu’il mérite tous les sacrifices. Et il suffit de reconnaître le retard enregistré dans ce domaine de la numérisation par rapport au reste du monde pour être intransigeant dans la conduite et surtout la finalisation de la réforme technologique.