Une situation inédite due au fait que, dans ces communes, il n’y a eu aucune liste de candidats aux dernières élections communales anticipées qui se sont tenues le 27 octobre passé.
Sur les 52 communes que compte la wilaya de Béjaïa, elles sont quatre municipalités à ne pas avoir d’exécutif élu ni d’assemblée communale. Une situation inédite due au fait que, dans ces communes, il n’y a eu aucune liste de candidats aux dernières élections communales anticipées qui se sont tenues le 27 octobre passé.
A l’échelle nationale, elles seraient une quarantaine de communes à être dans cette situation aussi épineuse qu’inédite, créant un imbroglio juridique sans précédent.
Scrutin après scrutin, citoyens et militants politiques se sont progressivement éloignés des urnes en particulier et de la chose politique en général.
C’est donc tout à fait logiquement que les dernières élections communales ont connu un rejet massif de la part aussi bien de la population que des partis politiques qui les ont largement boycottées. Il est vrai que la chape de plomb est devenue pesante sur le pays et le climat politique du pays s’est détérioré au point d’annihiler toute vie partisane.
Concernant la situation des maires sortants, Mouloud Salhi, qui vient de passer 4 années à la tête de l’APC d’Akbou, l’une des quatre communes bejaouies qui n’a pas connu de vote, il estime pour sa part être dans «l’opacité la plus totale».
«A l’heure actuelle, nous ne savons toujours pas exactement le devenir de nos communes, même si le dernier Conseil des ministres s’est penché sur nos cas», affirme le maire sortant d’Akbou qui continue néanmoins de gérer les affaires de la municipalité.
Pour notre interlocuteur, il s’agit d’un vide juridique car ce cas de figure où il n’y a pas de listes de candidats dans une commune ne s’est jamais présenté auparavant. «C’est vrai que nous ne sommes pas des maires de droit car il y a eu des élections, mais nous sommes des maires de fait et nous continuons de gérer», dit-il encore.
L’administration centrale n’a eu d’autre choix que de laisser les maires continuer à assumer leurs responsabilités sans toutefois les investir des pleins pouvoirs. «Du 27 octobre à ce jour, l’assemblée fonctionne normalement.
Je signe tous les documents, à l’exception des documents comptables et financiers car nous ne sommes toujours pas reconnus par le contrôleur financier», précise-t-il. Ce blocage juridique persiste donc, même si au niveau de la wilaya, et donc du ministère de l’Intérieur dont ils dépendent, ces présidents sortants sont considérés comme élus investis de toutes leurs prérogatives.
Le dernier Conseil des ministres a instruit l’administration de tenir des élections «dans les plus brefs délais» et, en attendant, de nommer des «administrateurs pour gérer les communes et préparer ces élections» mais rien de concret n’a encore été décidé. Affirmant que son assemblée a assumé tous les documents comptables et administratifs, Mouloud Salhi insiste sur le fait que le blocage du contrôleur financier est total sur les avenants et les marchés malgré les directives verbales qui ont été données à ce denier par qui de droit.
«Nous ne savons toujours pas si nous avons la latitude d’être ordonnateurs ou pas. La pénibilité de cette situation est que la commune d’Akbou tend aujourd’hui au blocage.
Notre gestion et nos marchés sont en souffrance. Nous avons un budget primitif prévisionnel et un budget supplémentaire de l’année 2022 qui ont été validés mais qui ne sont pas encore passés», dit-il.
Cette situation de relation gelée avec le contrôleur financier et de blocage de la commune dans sa gestion financière pénalise la commune d’Akbou qui, selon son premier responsable, a énormément de programmes de développement à réaliser et de défis à relever, et se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins.
«Nous attendons toujours le décret qui doit trancher sur cette situation qui est la nôtre. Nous avons voulu continuer dans notre élan pour ne pas pénaliser la commune, mais l’administration centrale doit faire un effort de son côté et clarifier la situation», dit-il encore.
L’espoir est toutefois permis car ce jeudi, une réunion de travail a regroupé le wali et ses collaborateurs d’un côté et les maires des communes sans assemblées (Toudja, Mcisna et Feraoun) de l’autre pour tenter de trouver une solution avec le contrôleur financier et le wali a promis d’assainir la situation d’ici la fin de cette semaine.
Notre interlocuteur affirme également que les difficultés actuelles de l’administration à trouver un administrateur tiennent du fait que la gestion d’une grande commune comme Akbou avec ses grands chantiers de développement en souffrance est en fait un véritable casse-tête chinois.
«Akbou est une ville riche, mais elle manque de ressources humaines. Le déficit est énorme. Il n’y a pas de personnel administratif capable de suivre les chantiers et d’assumer les défis. Nous n’avons pas suffisamment de cadres dans les administrations pour accompagner ou insuffler une dynamique à la roue du développement», se lamente-t-il.
Promettant de revenir bientôt sur son bilan à la tête de l’exécutif de la commune, Mouloud Salhi a tenu à préciser que pendant les quatre années passées, il a d’abord fallu parer au plus pressé et procéder à une mise à niveau des infrastructures de la ville en commençant par les besoins basiques comme l’assainissement, la réfection des conduites d’eau potable, l’électricité, le gaz, les canalisations des oueds, l’organisation des marchés communaux.
Pour lui, le défi des grands projets structurants tels que le stade des Martyrs en berne depuis vingt ans, le bloc administratif ou le musée d’histoire, vient à peine d’être entamé.