Les dirigeants du monde courtisent le continent : L’Afrique de toutes les convoitises

15/03/2023 mis à jour: 06:08
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La vice-présidente américaine, Kamala Harris

La vice-présidente américaine, Kamala Harris, effectuera fin mars en cours et début avril prochain une tournée en Afrique qui la conduira au Ghana, en Tanzanie et en Zambie. 

L’annonce a été faite avant-hier par la Maison-Blanche et l’événement intervient dans la foulée du sommet Etats-Unis-Afrique. Tenu en décembre dernier à Washington, le sommet avait, pour rappel, été sanctionné par un communiqué commun qui a souligné en substance l’engagement des States à soutenir l’effort de développement en Afrique et sa disposition à œuvrer «pour une plus grande représentation de l’Afrique au sein des instances internationales, y compris de la gouvernance internationale». 

L’administration Biden fait part également de sa volonté d’appuyer les sièges permanents des pays africains au Conseil de sécurité de l’Onu, ainsi que son soutien à l’UA pour son adhésion au G20 en tant que membre permanent.
Que de bonnes choses en direction de l’Afrique en somme, qui impriment un élan au déplacement de Kamal Harris. «Ce voyage renforcera les partenariats des Etats-Unis en Afrique et fera progresser nos efforts communs en matière de sécurité et de prospérité économique», a déclaré la porte-parole de la vice-présidente, Kirsten Allen. 
 A Accra, Dar es Salam et Lusaka, Kamala Harris doit rencontrer les chefs d’Etat des trois pays pour «discuter des priorités régionales et mondiales, notamment notre engagement partagé en faveur de la démocratie, d’une croissance inclusive et durable, de la sécurité alimentaire» et de la guerre en Ukraine, selon le communiqué de la Maison-Blanche, repris par l’AFP. 

En février dernier, Jill Biden, l’épouse du Président, s’était rendue dans la Corne de l’Afrique lors d’un déplacement qui s’est voulu axé sur les aspects humanitaires et les soucis alimentaires de la région. Joe Biden, himself, s’apprêterait à effectuer une visite en Afrique subsaharienne, dans le courant de l’année en cours si tout va bien, dans ce qui sera la première visite d’un président américain dans le continent depuis celle d’Obama en 2015. 
 L’intérêt US au continent noir va manifestement crescendo sous la pression du contexte mondial et les multiples réactions en chaîne que provoque la guerre en Ukraine depuis une année.
 Moscou à son tour, confrontée dès le début des hostilités à un front européen soutenu par les membres non continentaux de l’Otan, a dû vite travailler à rompre ce qui semblait être une œuvre d’isolement internationale à son encontre. Sergueï Lavrov, le monsieur diplomatie du Kremlin, était à Bamako il y a un mois, effectuant à l’occasion sa troisième visite dans le continent depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine. 

A Bamako, des commentateurs français sont allés jusqu’à dire que Lavrov était venu au Mali pour «acter le remplacement de la France par la Russie». Pour la parenthèse, Emmanuel Macron a bien dû reconnaître à Libreville (Gabon), le 2 mars dernier, que «l’âge de la Françafrique est bien révolu». 
 «Françafrique» et «Chinafrique»

C’est dire si du côté des «puissances», les relations ne s’appréhendent aujourd’hui qu’à l’aune de enjeux d’influence, depuis une année fortement exacerbés par le conflit Russie-Otan, bien au-delà du paradigme classique. A Luanda, la capitale angolaise, le chef de la diplomatie russe, dans le langage direct qu’on lui connaît, avait dénoncé les «tactiques coloniales» qu’adopterait l’Occident en Afrique pour arracher des soutiens diplomatiques ou des neutralités intéressées des Etats africains au sein des instances de délibération internationales, notamment l’ONU. 

Comme leurs rivaux américains, les Russes déclarent regarder vers l’Afrique pour ses potentiels humains et naturels à développer via des partenariats vertueux, axés sur la croissance économique et le développement. Il propose également ce qu’ils prétendent maîtriser le mieux, une coopération sécuritaire qui a son pesant pour des Etats aux fragilités politiques et sociales connues. 

Fournisseurs historiques d’armes pour de nombreux Etats africains et pouvant mettre en avant des partenariats traditionnels qui plongent loin dans le temps, suivant le schéma de ce que fut la guerre froide, les Russes défendent aujourd’hui une bienveillance diplomatique à l’égard du continent dont les Occidentaux ne peuvent pas se prévaloir sans difficultés en raison du contentieux colonial. 

L’accord portant levée des obstacles sur l’acheminement des céréales ukrainiennes conclu récemment (20 millions de tonnes) est «vendu» par la diplomatie russe comme un «geste humanitaire» en direction des pays les plus vulnérables, et l’Afrique en la matière est la plus concernée.La Chine, embarquée d’une manière ou d’une autre dans les bouleversements en cours depuis une année, ne fait pas figure d’observateur dans les bras de fer par procuration qui se livrent en Afrique. 

Fidèle à une doctrine de discrétion diplomatique et d’efficacité économique, le géant asiatique continue sa percée dans le continent, enclenchée depuis près d’une vingtaine d’années. Soutiens financiers non contraignants, en tout cas beaucoup moins que les modèles occidentaux, réalisations tous azimuts d’infrastructures de base (universités, routes, barrages…), investissements miniers… la Chine cherche à tout prix à maintenir ses taux de croissance économique et semble avoir trouvé, pour ce faire, un terrain adéquat en Afrique. Cette boulimie a fait écrire à des instituts d’études occidentaux qu’il fallait bien admettre désormais qu’on assistait à l’émergence d’une «chinafrique» qui, au-delà du concept, allait forcément remodeler les paramètres géostratégiques de la région au profit de la Chine. Près de deux décennies après ses premiers investissements en Afrique, la Chine est bien placée aujourd’hui pour en tirer d’intéressants dividendes. Toujours aussi discrètement qu’efficacement. 

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