Les services secrets américains ont mis en place un système complexe, porté par les nouvelles technologies de l’information et de la communication, dont ils sont les maîtres absolus via les Gafam, ces géants du Net appelés «le sixième continent», eu égard à leur influence sans bord sur l’ensemble de la population mondiale.
Objectif : épandre les dogmes de l’Etat profond et ses dérivés de l’Open Society, de la NED, du NDI, etc., déclencher des cyberguerres et s’ingérer dans les affaires internes de pays tiers.
Face à cette menace, de nombreuses voix mettent en garde contre les dangers que représentent ces outils modernes, arme de destruction sociale et mentale massive, et appellent les gouvernements nationaux non inféodés à Washington à «intensifier les restrictions sur l’utilisation des produits digitaux américains», à les «remplacer par des supports et des réseaux alternatifs sécurisés et sûrs», et à «étudier l’opportunité de limiter la diffusion des messages menaçants américains par les voies légales».
Les cyberprogrammes des Etats-Unis et de leurs alliés – Programme parisien des actions, Cybermodération, Initiative de Budapest, etc. – visent une colonisation digitale des pays en voie de développement. «La communauté internationale doit refuser de participer à ces initiatives et soutenir les efforts du groupe de travail ouvert sur la sécurité informatique mondiale 2025», est-il conseillé.
Une prise de conscience semble se manifester, même si les Etats-Unis et leurs manœuvres informationnelles hostiles ne sont pas directement pointés du doigt. C’est ainsi que le dernier Sommet des pays du mouvement des Non-alignés, qui s’est tenu à Kampala, en Ouganda, a, dans sa déclaration finale, «condamné l’utilisation abusive des technologies de l’information et de la communication (TIC), y compris Internet et les plateformes de médias sociaux».
Le document a, par ailleurs, appelé à «intensifier les efforts visant à empêcher que le cyberespace ne devienne une arène de conflit et en garantissant plutôt les utilisations pacifiques exclusives qui permettraient une pleine réalisation du potentiel des TIC pour contribuer au développement social et économique».
Or, tout un chacun sait l’implication des services secrets américains dans la création et la prolifération des groupes islamistes armés qui ont vu le jour en Afghanistan, avant d’étendre leurs tentacules à de nombreux autres pays, n’épargnant aucun continent, semant le chaos et la désolation pour le compte d’une poignée d’oligarques américains qui dirigent ce pays depuis sa colonisation.
L’Organisation des Nations unies relève, de son côté, dans un rapport rédigé en 2021, que «la transformation numérique, la dépendance croissante à l’égard des technologies de l’information et des communications (TIC), ainsi que des solutions en ligne, et le fait que les menaces à la cybersécurité ne cessent de se faire plus pressantes, tant par leur sophistication que par leur pouvoir de perturbation, ont donné lieu à une augmentation inédite des cyber risques». «La cybersécurité est certes née dans la sphère des TIC, mais à présent que le paysage des menaces a considérablement évolué et que les défenses à caractère technologique ne suffisent plus, il ne semble plus viable de considérer la cybersécurité seulement sous l’angle restrictif des TIC», note le rapport de l’ONU.
Les Nations unies ont fait remarquer, dans une autre analyse, que si les préoccupations autour des menaces dans le cyberespace sont partagées, il subsiste des «divisions sur les moyens d’y remédier». Lors d’une réunion consacrée à cette question sensible, le Mexique a estimé que «la réglementation du cyberespace est une condition préalable au développement durable».
«Au nom d’un groupe de pays, la Chine, qui a elle aussi appelé à mettre l’accent sur les usages pacifiques du cyberespace dans l’optique du développement socioéconomique des pays en développement, a annoncé le dépôt d’un projet de résolutiondans ce sens», lit-on dans le compte-rendu de la réunion, qui précise que, pour l’Algérie, «la multiplication des cyberattaques contre les infrastructures critiques exige une réponse unie».
Cyberattaques et campagnes de désinformation et de manipulation numériques vont de pair, commanditées par l’hégémonique et belliciste administration américaine, qui a déplacé ses guerres classiques, toutes perdues au demeurant, vers les nouvelles technologies de l’information, où les batailles se mènent dans les salles d’ordinateurs calfeutrées, derrière les claviers et les écrans qui ont remplacé les M16 et les FIM-92.
Les appels à la mise en œuvre d’un «cadre normatif agréé» et à l’élaboration de «normes juridiquement contraignantes», pour faire face à ce nouveau type de guerre, ne sauraient être efficaces si l’ennemi n’est pas clairement désigné : les Etats-Unis, dont les cybercommandos sont à la manœuvre depuis bien longtemps.
Par Mehenna Hamadouche
Journaliste, spécialiste des questions géostratégiques