«Les bâtisseurs de l’Alhambra» projeté dimanche dernier à Oran : Pleins feux sur le personnage d’Ibn El Khatib

04/04/2023 mis à jour: 03:02
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Photo : D. R.

Sorti en Espagne le 25 novembre dernier, ce film documentaire a connu auprès du public un certain engouement, notamment dans son pays d’origine, mais aussi dans plusieurs pays arabes où il a été projeté.

Le théâtre de la fourmi était plein, dimanche dernier au soir, pour la projection du documentaire-fiction «Les bâtisseurs de l’Alhambra» et ce, en présence de la réalisatrice, Isabel Fernandez.

Sorti en Espagne le 25 novembre dernier, ce film documentaire a connu auprès du public un certain engouement, notamment dans son pays d’origine, mais aussi dans plusieurs pays arabes où il a été projeté.

Il s’agit d’une fiction relatant des faits historiques tout en les appuyant de témoignages filmés proprement à la façon des documentaires.

Cela donne au final un projet ambitieux, auquel il a fallu plus de sept années pour le voir se concrétiser (filmer, en effet, à l’intérieur des palais de l’Alhambra n’est pas chose aisée) et qui a coûté la bagatelle de 1,6 million d’euros (ce qui fait de lui l’un des documentaires les plus chers jamais tournés ces dernières années).

«Quand le film a été projeté à Grenade, en novembre dernier, je me suis tout de suite dit qu’il fallait à tout prix qu’il soit également projeté à Oran et c’est aujourd’hui chose faite», dira Juan Manuel Cid, le directeur de l’Institut Cervantès à Oran.

Le film revient sur la vie d’Ibn El Khatib (joué par le célèbre acteur Amr Waked) que le sultan de Grenade avait missionné pour construire un édifice afin de défier le temps et l’oubli tout en permettant aux générations futures d’admirer la splendeur de sa civilisation.

Les palais de l’Alhambra. Ibn El Khatib, étant tout à la fois poète, philosophe, diplomate, architecte et vizir, «un homme de renaissance avant la renaissance», comme on aime à le présenter, a accepté de relever le défi.

Cela dit, Mohammed V, fils héritier du Trône, dès lors qu’il prit le pouvoir, ne tarde pas à l’impliquer dans sa nouvelle politique, se voulant aux antipodes de celle de son père, rendant de facto Ibn El Khatib talonné entre l’ancien mode de gestion et le nouveau.

En filigrane, c’est toute l’histoire de Grenade cette période nasride (on est au XIVe siècle) qui se raconte, Grenade qui se voulait être alors «le chant du cygne de l’Europe musulmane».

Ce documentaire revient donc sur les différentes étapes de construction de l’Alhambra, cette œuvre d’art unique en son genre et qui draine chaque année en Espagne des millions de touristes.

Le film met aussi l’accent sur les motivations ayant poussé les antagonistes d’alors à s’engager dans une telle aventure et, partant, les conflits qui ont émaillé cette période qui se voulait charnière.

Pour rappel, le royaume nasride de Grenade était en cette période médiévale (1238-1492) sous domination musulmane et comprenait plusieurs villes espagnoles, notamment Malaga, Almeria, Grenade, une partie de la ville de Cadix, Jaen et enfin Murcia.

Les palais de l’Alhambra sont aujourd’hui l’un des rares lieux à conserver la mémoire de cette période nasride. Lors de la sortie du film dans les salles, la réalisatrice, Isabel Fernandez a déclaré que pendant des siècles, l’Andalousie a été «le plus grand centre d’innovation et de connaissances en Europe ayant produit des personnages fascinants».

Et d’arguer que  «l’Alhambra continue d’être aujourd’hui la plus grande expression de cette époque dans l’histoire, et Ibn al-Khatib est le personnage qui incarne parfaitement son esprit». «J’aimerais que cette histoire serve à faire réfléchir sur une partie fondamentale de qui nous sommes et à justifier le poids de l’Andalousie dans la création de la culture européenne», avait-elle alors déclaré.

Dimanche dernier, elle a confié au public, lors de l’échange qu’elle a eu avec lui très tard dans la soirée, qu’à sa sortie, «Les bâtisseurs de l’Alhambra» a été le troisième documentaire le plus vu en Espagne alors qu’à Grenade, en étant diffusé dans seulement 4 salles, il a pu détrôner au box-office des blockbusters américains, notamment un Marvel et un Disney. Cela en dit long, explique-t-elle, «sur l’intérêt des Espagnols pour cette partie de l’histoire».  

 

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