Un vibrant hommage a été rendu, dimanche dernier, au défunt plasticien, décorateur et costumier de cinéma algérien, Arezki Larbi, à la maison de la culture Ali Zamoum de la ville de Bouira.
Amis, journalistes et compagnons du défunt ont prononcé un vibrant hommage dans lequel ils ont rappelé plusieurs souvenirs, qu’ils ont eus avec l’artiste, en soulignant surtout l’amour que vouait Arezki Larbi à l’art et surtout à la peinture.
Né en 1955 dans la région des Ait Laâziz, sur les hauteurs de Bouira, le peintre était connu surtout pour ses créations dans divers domaines artistiques.
Arezki, comme il a témoigné, Boualem Graichi, (un peintre de Bouira), avait entamé sa longue carrière dans les années 70 en tant qu’artiste plasticien avant d’embrasser d’autres univers du théâtre et du cinéma, cumulant plus de 40 ans dans le domaine.
Au début des années 1980, le défunt obtient son diplôme de l’École des beaux-arts d’Alger, avant de participer aux différentes expositions individuelles et collectives en Algérie et à l’étranger.
Le défunt, qui a collaboré avec la presse en tant que caricaturiste, a rejoint le monde de la scénographie et a participé à plusieurs œuvres théâtrales. «Arezki était un ami et un compagnon d’Ali Zamoum, de Mohamed Issiakhem et Kateb Yacine.
C’est à la ferme pilote appelée communément la cité des Allemands que nous partagions des moments en discutant que de l’art et de la peinture», se rappelle Boualem Graichi. Arezki Larbi qui, faut-il le souligner, n’a pas bénéficié comme beaucoup d’hommes du théâtre et des arts de considération de la part des pouvoirs publics. «Arezki aurait donné plus si réellement la culture et le monde des arts étaient inscrits parmi les préoccupations fondamentales des autorités concernées», a regretté de son côté Arezki Tahar, qui avait occupé par le passé le poste de directeur du théâtre régional de Béjaïa (TRB).
«Que restera-t-il de l’Algérie si ce n’est ce qu’elle laissera dans les arts, en littérature, sculpture, peinture, en poésie. Toutes les civilisations ne naissent pour tout ce qu’elles produisent dans le domaine de la culture.
Arezki produisait de l’art», dit-il en rappelant qu’Arezki Larbi avait décidé de rentrer en Algérie, qui était à feu et à sang juste après l’assassinat de Mohamed Boudiaf, alors que tout le monde cherchait à la quitter au début des années de terrorisme. Il avait d’ailleurs témoigné dans une interview réalisée par le défunt Ameziane Ferhani dans les colonnes du journal El Watan : «C’est un homme courageux et surtout patriote. Il avait continué de travailler dans des conditions connues de tous.»
Le tournage des deux films Machahou et La montagne de Baya du réalisateur Belkacem Hadjadj est un meilleur exemple témoignant du courage non seulement d’Arezki Larbi, mais aussi de tous les artistes qui ont sacrifié leur vie en tournant dans des conditions extrêmement difficiles et dangereuses. «C’est lui qui créait les merveilleux costumes du film Machaho», a déclaré Belkacem Hadjadj en mettant en exergue la rigueur et le professionnalisme de l’artiste Arezki Larbi, tout en détaillant les conditions dans lesquelles les artistes ont participé au tournage de ces deux œuvres durant la période de terrorisme.
C’était aussi de la résistance. Arezki Larbi est né le 23 février 1955 à Ait Laziz dans le nord de la wilaya de Bouira. De 1978 à 1982, il fréquente l’Ecole des beaux-arts d’Alger, prenant pour thème de son mémoire Le tatouage en Algérie et commence en 1982 à exposer en Algérie.
En 1991 et 1992, il séjourne à la Cité internationale des arts de Paris. Rentré en Algérie, Arezki Larbi travaille comme dessinateur de presse. A partir de 1995, il réalise la scénographie de plusieurs pièces de théâtre puis travaille pour le cinéma.
Il crée décors et costumes pour les films, Machaho (1995) et El Manara (2004) de Belkacem Hadjadj, Morituri, d’Okacha Touita (2004), Gourbi Palace de Bachir Deraïs (2006), Celui qui brûle de Slimane Bounia (2016).
Pour le Théâtre national algérien et le Théâtre régional d’Oran, Abdelkader Alloula, il crée la scénographie et les costumes d’Arlequin, valet de deux maîtres, d’après Carlo Goldoni, traduction d’Abdelkader Alloula, mise en scène de Ziani Cherif Ayad (2019).
En 2019, il réalise un premier court métrage, Winna (L’autre), en 2022 un deuxième (en langue kabyle), Le chant de la sirène. Arezki Larbi a également illustré plusieurs ouvrages, notamment L’aube Ismael : louange de Mohamed Dib (Alger, éditions Barzakh, 2001). Il est décédé le 20 janvier 2024 à Alger et enterré le lendemain à Bouira.