Le SG du HCA parle d’un «verrou» qui empêche la généralisation de tamazight : «La loi d’orientation scolaire doit être abrogée»

03/01/2024 mis à jour: 00:18
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Le secrétaire général du Haut-Commissariat à l’amazighité (HCA), Si El Hachemi Assad, a affirmé hier à Alger que des «résistances à la généralisation de l’enseignement de tamazight se font au niveau de quelques institutions et associations».

S’exprimant lors d’une conférence de presse consacrée à la présentation des grandes lignes du programme des festivités officiels du Nouvel An amazigh 2024, M. Assad a expliqué que le HCA a constaté un certain recul et une régression sur ce plan.

«L’engagement de l’Etat est pourtant clair de par les dispositions de la nouvelle Constitution», a-t-il souligné, précisant que de nombreux «problèmes pédagogiques demeurent en suspens».

Le HCA veille, a-t-il rappelé, au suivi du processus d’inclusion de la langue amazighe dans le système éducatif, dans l’enseignement supérieur et dans la communication. Or, la généralisation «graduelle» et «sans précipitation» préconisée par le staff du HCA n’évolue pas «comme souhaité».

Il a, à ce propos, indiqué que l’année 2023 a été mise à profit pour établir le diagnostic de l’enseignement de tamazight et «affiner le travail de prospective à l’horizon 2038» auquel s’attèle, depuis des années, le HCA.

«Nous estimons que le verrou qui contrarie le processus de généralisation de tamazight se situe principalement au niveau de la loi d’orientation sur l’éducation nationale. N’étant pas abrogée, la loi maintient ainsi le caractère facultatif de l’enseignement de tamazight», a-t-il dit.

La loi 08-04, du 23 janvier 2008, appelée plus simplement loi d’orientation sur l’éducation nationale, fixe les dispositions fondamentales régissant le système d’éducation et redéfinit les missions de l’école et ses principes fondamentaux. M. Assad a déclaré qu’il y a «un effort à faire au niveau du ministère de l’Education».

De manière plus explicite, il a estimé qu’il était temps que le ministère «instruise les directions de l’éducation» pour entamer ledit processus et qu’il «relance» la commission mixte chargée d’évaluer l’enseignement de tamazight.

La commission mixte gelée

Les travaux de commission mixte HCA-ministère de l’Education, composée de 14 membres, sont depuis longtemps presque gelés.

«Je pense que c’est au ministre de l’Education de présenter un plan de travail pour renforcer le contingent des enseignants et proposer les moyens à même de permettre de généraliser tamazight dans les écoles. Il faut désormais passer à une autre étape», a-t-il poursuivi.

Répondant à une question sur l’état des lieux en matière d’enseignement de tamazight à travers l’ensemble du territoire national, M. Assad a noté que pour la première fois, des statistiques ont été fournies au HCA, contenues dans deux documents distincts. «Pour la première fois, des statistiques ont été fournies au HCA, sur sa demande, par le ministère de l’Education», a-t-il précisé.

Le système éducatif compte actuellement, a-t-il indiqué, 3744 enseignants ès qualité en tamazight, alors qu’on recensait 233 enseignants en 2015. Tamazight est enseigné dans 43 wilayas, «symboliquement» dans certaines d’entre elles.

122 professeurs et maîtres-assistants enseignent dans six départements en langue et culture amazighes (DLCA), lesquels dépendent du ministère de l’Enseignement supérieur. Aussi, 3338 diplômés en DLCA sont inscrits en licence, master et magistère.

Toutefois, s’agissant du contingent d’élèves, l’orateur s’est refusé de livrer leur nombre, émettant ouvertement des réserves sur les chiffres présentés par le ministre de l’Education. «J’émets des réserves et je mets un point d’interrogation sur les chiffres ayant trait au contingent d’élèves en classes de tamazight», a-t-il lancé.

Avant d’aborder le sujet de l’enseignement de tamazight, le secrétaire général du HCA a, au préalable, pris le soin d’énoncer les principes fondamentaux guidant la démarche de cette institution placée sous la tutelle de la présidence de la République.

Cinq principes visant, entre autres, à mettre tamazight sur la bonne voie, au-dessus, loin des contingences politiques, l’inscrire dans un cadre institutionnel, veiller à consacrer ce marquant identitaire en application de l’article 4 de la Constitution, œuvrer à son inclusion dans les systèmes éducatif, culturel et médiatique et surtout, a-t-il fait savoir, faire de tamazight un matériau de cimentation de l’unité nationale.

Si El Hachemi Assad n’a pas manqué également d’évoquer l’impératif de la sécurité identitaire qui, en février 2023, a fait l’objet de débats à Tlemcen sous l’égide du HCA.

Et d’enchaîner : «En 2024, de prometteuses perspectives s’offrent à tamazigh sur le plan politique. Il n’y aura aucun recul par rapport aux acquis de tamazight. Le processus de réhabilitation de cette constante identitaire nationale sera davantage renforcé et consolidé en 2024.»

Si El Hachemi Assad a assuré que des efforts supplémentaires seront déployés pour renforcer et élargir la base de lisibilité de tamazight, à travers des publications de qualité, mettant l’accent sur le segment de la traduction qu’il va falloir encore plus promouvoir.

A une question sur la vacance du poste de président du HCA depuis le décès, en novembre 2004, d’Idir Aït Amrane – nommé en 1994 par Liamine Zeroual – M. Assad a eu une réponse tout en finesse : «Malgré cette vacance, le staff a continué à travailler et à même redoubler d’efforts pour préserver tamazight et continuer à le promouvoir. Mais effectivement, la question de cette vacance reste posée.»

Le programme des festivités de Yennayer 2974 dévoilé

Si El Hachemi Assad a dévoilé, hier, le programme des festivités officielles célébrant Yennayer, Nouvel An amazigh 2024/2974, prévues les 11 et 12 janvier. Des festivités qu’abritera Alger et qui incluront des activités culturelles et artistiques ainsi que des conférences mettant en valeur la culture amazighe.

Placées sous le slogan : «Yennayer, un trésor culturel authentique et socle rassembleur pour un développement durable», la célébration du Nouvel An revêtira cette année un caractère «moins folklorique, plus orienté vers les aspects scientifique et économique», a souligné M. Assad, pour qui, Yennayer est aussi «un produit touristique à valoriser».

Souk Yennayer, un village d’artisans issus de toutes les wilayas du pays et qui sera implanté pour presque une semaine, face à la Grande Poste, constituera l’attraction principale de ses festivités.

Au total, le programme établi par le HCA prévoit 10 stands d’exposition à Souk Yennayer, 12 conférences au cercle des officiers de Beni Messous, deux ateliers de réflexion rassemblant 80 participants et plus de 500 scouts mobilisés pour une vaste opération de reboisement.

Au programme aussi, la cérémonie de la 4e édition du Prix du président de la République pour la littérature et la langue amazighes. M. A.

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