Le rythme auquel la demande mondiale d’énergie augmente signifie que les alternatives ne peuvent pas remplacer le pétrole à l’échelle nécessaire, avertit le secrétaire général de l’Opep, estimant qu’au lieu d’appeler à la fin du pétrole, l’accent devrait être mis plutôt sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
«Après tout, l’Accord de Paris ne vise pas à réduire la demande de pétrole ; il s’agit de réduire les émissions. Il est grand temps que tous les récits reflètent fidèlement cette réalité», écrit notamment Haitham Al Ghais dans un article publié par la revue spécialisée Middle East Economic Survey (MEES).
«Bien que l’objectif principal de l’Accord de Paris sur le changement climatique soit de réduire les émissions – et non de choisir des sources d’énergie – il semble que cet objectif ait été oublié, remplacé par des discours rigides visant à réduire la demande d’hydrocarbures sans réfléchir aux effets sur la sécurité énergétique, les conséquences socio-économiques.
Le développement économique ou la réduction de la précarité énergétique», écrit le SG de l’Opep. Un récent rapport sur la demande de pétrole publié par The Economist illustre une tendance inquiétante à utiliser de plus en plus une terminologie telle que «la fin du pétrole», tout en sous-estimant ou en omettant des détails clés concernant la demande de pétrole actuelle et future souligne le SG de l’Opep.
«De telles affirmations, malgré toutes les preuves d’une situation contraire, sont d’autant plus dangereuses qu’elles risquent de favoriser des politiques énergétiques qui alimentent le chaos énergétique. Et si les investissements dans l’offre diminuaient en conséquence, mais que la demande de pétrole continuait d’augmenter, comme nous le constatons aujourd’hui ?», s’interroge Al Ghais.
«La fin du pétrole n’est pas en vue»
«Ce genre de discours oublie que le pétrole continue d’être irremplaçable pour favoriser la prospérité mondiale et maintenir la sécurité énergétique», affirme le SG de l’Opep.
Pour Haitham Al Ghais, «la réalité est que la fin du pétrole n’est pas en vue.» Il indique que «le pétrole continue aujourd’hui de représenter près d’un tiers du mix énergétique mondial et la demande mondiale de pétrole continue d’augmenter. L’année dernière, nous avons constaté une croissance de la demande mondiale d’environ 2,5 millions de b/j et l’OPEP et de nombreuses autres agences de prévision prévoient également une croissance significative dans les années à venir», ajoute-t-il.
«Suggérer que la demande de pétrole pourrait culminer d’ici 2030, voire chuter de plus de 25% sur la même période, comme certains récits y font allusion, néglige ce que toutes les sources d’énergie peuvent réellement fournir et à quelle échelle de temps, d’autant plus que 2030 est dans moins de six ans», relève le SG de l’Opep.
Il indique, en outre, que «les recherches de l’OPEP soulignent à quel point cela pourrait être préjudiciable à la sécurité énergétique en constatant un déficit stupéfiant du marché pétrolier de plus de 16 millions de b/j entre la hausse prévue de la demande mondiale de pétrole et l’offre d’ici 2030 si les investissements dans les activités en amont s’arrêtaient aujourd’hui. Nous ne pensons pas que cela justifie une politique énergétique prudente.»