Le premier ministre M. Aïmène Benabderrahmane s’est livré hier devant les députés à un exercice fastidieux à l’occasion de la présentation de la déclaration annuelle de politique générale du gouvernement. Un moment solennel redouté par tous les locataires qui se sont succédé au Palais du gouvernement. Moment aussi de vérité incarné par la parole publique, celle de l’Exécutif, à travers un bilan d’étape de l’action du gouvernement et ses projections pour l’avenir, confrontée aux réalités du terrain exprimées par les parlementaires dont la mission est de traduire et de défendre les préoccupations des citoyens dans une vision globale de sauvegarde de l’intérêt national. Donné partant un moment, par certains médias nationaux, avant que le président de la République ne lui renouvelle sa totale confiance à la tête du gouvernement, lors du dernier remaniement ministériel, c’est donc un Premier ministre fort du soutien du président de la République et du quitus qu’il a reçu de lui, en le maintenant à son poste, qui s’est présenté, hier, devant les députés. En vérité, même si le gouvernement est constitutionnellement responsable devant le parlement qui peut voter contre lui une motion de censure en vue pour le destituer, le fait que le programme du gouvernement s’inspire du programme présidentiel et de ses 54 engagements déclinés lors de la campagne électorale pour les présidentielles et confirmées après son élection, procure au Premier ministre une forme d’immunité dans la mise en œuvre du programme d’action du gouvernement. Mais le Premier ministre n’ignore pas que s’il a le soutien et la confiance du chef de l’Etat pour poursuivre sa mission à la tête de l’Exécutif, c’est sur les résultats de son bilan et de la mise en œuvre des engagements sectoriels du président de la République qu’il sera jugé. Les réalisations mises en évidence par le chef de l’Etat durant la première moitié du mandat présidentiel, lors de ses rencontres périodiques avec la presse nationale et des événements nationaux, à l’instar de la dernière rencontre walis-gouvernement, ne doivent pas être comprises comme un blanc seing du Président à son Premier ministre. Les salves du chef de l’Etat qui ont résonné fortement dans l’enceinte du Palais des Nations, face aux walis, ciblant l’incurie et les blocages relevés au niveau de la mise en œuvre des décisions adoptées en Conseil des ministres et des instructions du président de la République sont une manière pour lui de prendre à témoin l’opinion publique qu’il a fait son travail, conformément à ses prérogatives constitutionnelles de président de la République qui préside les affaires de l’Etat mais ne gouverne pas au sens de maître d’œuvre chargé de la concrétisation, sur le terrain, du plan de développement national. Le bilan des réalisations enregistrées durant l’année en cours et présenté par le Premier ministre Aïmene Benabderrahmane dans le cadre de la déclaration de politique générale du gouvernement aligne des agrégats économiques plus que positifs dans tous les secteurs d’activités, dépassant même, dans certains cas, les projections tracées. «L’Algérie a retrouvé sa dynamique» s’est réjoui hier le Premier ministre. Le propos est mesuré, sobre et tranche avec l’envolée d’un ancien Premier ministre qui déclarait, sur un ton triomphaliste dans la même enceinte, face aux députés, «nous avons réussi ». On en saura un peu plus, à l’issue du débat en plénière, comment le gouvernement sera noté par les députés.