L’eau minérale ou de source devient un produit dont le prix connaît une inflation certaine ces dernières années.
En cette période estivale marquée par des températures exceptionnellement élevées, la consommation de l’eau en bouteille est multipliée par deux. L’eau minérale ou de source devient ainsi un produit de première nécessité, dont le prix connaît une inflation certaine ces dernières années.
La valse des prix a commencé progressivement son tournoiement incessant depuis l’année 2021, allant de 170 DA/le fardeau jusqu’à atteindre les 200, voire les 240 DA/le fardeau pour certaines marques. Il est à remarquer que les prix varient d’une marque à une autre et qu’il est parfois difficile de s’y retrouver.
Contacté, le président de l’Association nationale des commerçants et artisans algériens (Anca), Hadj-Tahar Boulenouar, explique d’emblée que cette hausse n’a rien à voir avec les commerçants. «Ce sont les producteurs qui ont décidé de cette revue à la hausse et les commerçants ne l’ont découverte qu'au moment de renouveler leurs stocks», explique-t-il.
Et de préciser : «Les producteurs justifient la hausse des prix par l’augmentation des charges, c’est quelque chose que nous pouvons comprendre, mais ce qui nous préoccupe réside dans le fait que certaines marques ont augmenté leurs prix tandis que d’autres ne l’ont pas fait. Elles sont pourtant soumises aux mêmes charges. Certains producteurs justifient leurs prix élevés par la qualité supposée supérieure de leur produit, alors que, dans les faits, rien ne le prouve !» Il constate, en tant que commerçant, que la consommation de l’eau en bouteille est multipliée par deux durant la période estivale.
Il est à signaler que les prix de l’eau en bouteille ont été revus à la hausse en 2021, à cause de l’entrée en vigueur de l’augmentation de la redevance appliquée à l’exploitation du domaine public hydraulique naturel, passant de 1,05 à 2,07 DA le litre – soit le double –, comme exigée dans la loi de finances.
Celle-ci devait réduire la marge bénéficiaire des producteurs, qui l’ont, à leur tour, répercuté sur les prix. L’Association des producteurs algériens de boissons (Apab) avait proposé une réduction de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de 5% sur les produits essentiels, tels que l’eau, pour éviter de malmener davantage les petites et moyennes bourses. Il faut savoir que cette augmentation est légale dans la mesure où ce produit ne fait l’objet ni de subvention ni d’un plafonnement.
Le représentant de l’Association, Ali Hamani, nie toute nouvelle augmentation de la part des producteurs sur les prix de l’eau minérale et de source. Il affirme néanmoins qu’au niveau des circuits de la distribution, il peut y avoir des augmentations répondant aux lois de l’offre et de la demande. Il précise qu’il existe de la spéculation dans le marché, surtout durant la période des grandes chaleurs. «Le produit existe en quantité suffisante, il n’y a, a priori, pas lieu de spéculer», affirme M. Hamani.
Et de préciser : «Les producteurs de l’eau en bouteille n’ont aucun intérêt aujourd’hui à augmenter les prix, ils sont contraints à faire du volume et de fidéliser leur clientèle afin de pouvoir prétendre à une marge bénéficiaire.» Le représentant des producteurs des boissons justifie la disparité des prix de l’eau en bouteille par le fait que les coûts de production différent d’une marque à une autre. «Une entente entre les producteurs autour du prix de vente serait illégale», glisse-t-il. A la question de savoir quel serait le coût de production d’une bouteille d’eau minérale/source, Ali Hamani arbore un large sourire, estimant l’information «confidentielle».
Étudier l’impact des taxes
Mustapha Zebdi, président de l’Association de protection et d’orientation du consommateur et son environnement (Apoce), considère que la consommation de l’eau en bouteille est devenue une «habitude» en Algérie en raison du fait que la qualité de l’eau du robinet est «inacceptable» et «intolérable».
«Le problème est que l’on n’arrive plus à fixer un prix pour n’importe quelle marque d’eau en bouteille, dit Zebdi. C’est une hausse qui ne cesse d’évoluer et qui concerne un produit nécessaire. Aussi, nous souhaitons que les pouvoirs publics et les opérateurs évaluent les coûts de production afin d’éviter l’anarchie.» Il estime également qu’il serait opportun d’étudier l’impact de l’introduction des taxes sur les coûts de production et y remédier si besoin.
Le représentant de l’Apoce propose, par ailleurs, la vente de l’eau potable en bouteille pour parer à la qualité de l’eau du robinet, qu’il juge «dégradée». «Plus que tout, prévient-il, il est important de rétablir la confiance des citoyens vis-à-vis de l’eau du robinet, car il y a là une faille qui est en train de s’élargir et on ne pourra plus colmater la brèche.» Il est à souligner que l’industrie de l'eau minérale en Algérie s’est grandement développée ces dernières années.
Le consommateur ayant désormais l’embarras du choix entre les différentes marques d’eau naturelle ou de source. C’est aussi un secteur porteur et une activité des plus lucratives. Le fait est, par ailleurs, que la consommation de l’eau en bouteille a explosé ces dernières années.
Elle n’est plus considérée comme un produit de luxe mais comme un produit de première nécessité. En plus de ses qualités jugées supérieures – autrefois réservée aux personnes malades nécessitant une eau appropriée à leur régime alimentaire –, elle a été encouragée par les coupures courantes d’eau et par une constatation d’une supposée dégradation de la qualité de l’eau courante. L’Algérie produit chaque année 1,5 milliard de litres d’eau minérale.
En tout et pour tout, plus de 40 marques d’eau minérale sont commercialisées sur le marché algérien. Cinq marques se partagent 70% des parts de marché, dont notamment Ifri, Saida, Lalla Khedidja, Guedila et Nestlé. Les marques produites et distribuées sont composées de 17 eaux de source, dont une est gazéifiée, et 20 marques d’eau minérale naturelle, dont deux sont gazeuses, à savoir Mouzaïa et Ben Haroun.
Des températures caniculaires aujourd’hui et demain
Des températures caniculaires pouvant atteindre les 47°C affecteront plusieurs wilayas du pays aujourd’hui et demain, a indiqué, hier, l'Office national de la météorologie dans un bulletin météorologique spécial (BMS). Placé de niveau de vigilance «Orange», ce BMS concerne les wilayas de Tlemcen, Sidi Bel Abbès, Saïda, Mascara, Relizane, Chlef et Aïn Defla, où les températures maximales prévues oscilleront entre 43 et 45°C, pouvant atteindre localement, demain, 46/47°C, alors que les températures minimales prévues varieront entre 27 et 34°C, précise la même source. L'Office national de la météorologie souligne, en outre, que le bulletin canicule, émis vendredi, reste en vigueur.