Le président ukrainien espère trouver un «compromis» avec Moscou

09/03/2022 mis à jour: 05:15
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Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky / Photo : D. R.

Le chef de l’Etat ukrainien, Volodymyr Zelensky, a déclaré ne pas vouloir être le président d’un «pays qui implore à genoux» pour une adhésion à l’Otan. Au sujet des deux «républiques» séparatistes prorusses de l’est de l’Ukraine, en guerre depuis 2014 avec les forces de Kiev, il s’est dit ouvert au dialogue. Pour «ces territoires temporairement occupés (…)», «nous pouvons discuter et trouver un compromis sur l’avenir de ces territoires», a-t-il indiqué.

Ouverture envers Moscou ? Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a affirmé ne plus vouloir insister pour obtenir l’adhésion de l’Ukraine à l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan) dans un entretien diffusé par la chaîne américaine ABC, relayée hier par l’AFP. Comme il se dit prêt à un «compromis» sur le statut des territoires séparatistes (Donetsk et Lougansk) de l’est de l’Ukraine, dont le président russe, Vladimir Poutine, a reconnu unilatéralement l’indépendance juste avant de lancer son offensive le 24 février sur l’ex-République soviétique.

«S’agissant de l’Otan, j’ai tempéré ma position sur cette question il y a déjà un certain temps, lorsque nous avons compris» que «l'Otan n'était pas prête à accepter l'Ukraine», a-t-il déclaré dans cette interview diffusée lundi soir. «L’Alliance a peur de tout ce qui est controversé, et d’une confrontation avec la Russie», a-t-il observé. Il a ajouté ne pas vouloir être le Président d’un «pays qui implore à genoux» pour une telle adhésion. Au sujet des deux «républiques» séparatistes prorusses de l'est de l'Ukraine, en guerre depuis 2014 avec les forces de Kiev, le président Zelensky s’est dit sur ABC ouvert au dialogue.

«Je parle de garanties de sécurité. Je pense que s’agissant de ces territoires temporairement occupés», «qui n’ont été reconnus que par la Russie», «nous pouvons discuter et trouver un compromis sur l’avenir de ces territoires», a-t-il expliqué. «Ce qui est important pour moi, c’est comment vont vivre les gens qui sont dans ces territoires et qui veulent faire partie de l’Ukraine», a-t-il poursuivi, estimant que la question est «plus complexe que simplement les reconnaître». «Cela, c’est un autre ultimatum et nous rejetons les ultimatums. Ce qu’il faut, c’est que le président Poutine commence à discuter, entame un dialogue, au lieu de vivre dans une bulle», a-t-il observé.

Reproche

Hier, le président ukrainien a dénoncé les «promesses» non tenues des Occidentaux pour protéger l’Ukraine des bombardements russes. «Cela fait 13 jours qu’on entend des promesses. Treize jours qu’on nous dit qu’on nous aidera dans le ciel, qu’il y aura des avions, qu’on nous les livrera», a-t-il déclaré dans une vidéo publiée sur Telegram.

«Mais la responsabilité pour cela repose aussi sur ceux qui n’ont pas été capables de prendre une décision en Occident depuis 13 jours (...). Sur ceux qui n’ont pas sécurisé le ciel ukrainien des assassins russes», a-t-il ajouté. Le président Zelensky réclame la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne au-dessus de l’Ukraine, mais cette option a été catégoriquement exclue par les Etats-Unis comme l’Otan.

Samedi, le président russe, Vladimir Poutine, a prévenu qu’il considérerait une telle zone «comme une participation au conflit armé».

De son côté, le président chinois, Xi Jinping, a appelé hier à «la plus grande retenue» dans le conflit ukrainien lors d’un entretien téléphonique avec les dirigeants français, Emmanuel Macron, et allemand, Olaf Scholz, selon la télévision chinoise CCV. Il a indiqué à cette occasion que la Chine est «profondément peinée d’assister à une nouvelle guerre sur le continent européen». Aussi, il a assuré que Pékin est prêt à jouer «un rôle actif» dans cette crise. «Nous devons soutenir ensemble les pourparlers de paix entre la Russie et l’Ukraine», a-t-il observé.

La Chine «se tient prête à apporter une aide humanitaire à l’Ukraine», a-t-il affirmé. Comme il a réitéré l’opposition de principe de son pays à des sanctions internationales, jugeant que les mesures prises contre Moscou «causeront du tort à toutes les parties». La Chine, qui garde de bonnes relations avec Moscou, s’est jusqu’à présent refusée à parler d’invasion de l’Ukraine. Elle a déclaré «regretter» le conflit dans ce pays, tout en disant «comprendre» les préoccupations russes en matière de sécurité.

Lundi, le ministre des Affaires étrangères, Wang Yi a qualifié l’amitié entre Pékin et Moscou de «solide comme un roc». «L’amitié entre les deux peuples est solide comme un roc et les perspectives de coopération future sont immenses», a affirmé Wang, lors de sa conférence de presse annuelle en marge de la session parlementaire.

«La Chine et la Russie, toutes deux membres permanents du Conseil de sécurité de l’Onu, sont les partenaires stratégiques les plus importants l’un pour l’autre», a-t-il ajouté, estimant que Pékin et Moscou «contribuent» à la paix et la stabilité dans le monde. Le chef de la diplomatie chinoise a, par ailleurs, indiqué que son pays est «disposé» à jouer un rôle dans la crise ukrainienne, notamment en participant «le moment venu» à une médiation internationale pour mettre fin à la guerre. Pékin compte également envoyer de l’aide humanitaire en Ukraine, a indiqué Wang Yi.

Cette vision de Pékin est critiquée par plusieurs pays. Le Premier ministre australien, Scott Morrison, a estimé que l’Empire du Milieu se trouve à «l’heure du choix», exhortant Pékin à mettre fin à son soutien politique et économique tacite à la guerre. «Aucun pays n’aurait de plus grand impact en ce moment sur l’agression violente de la Russie envers l’Ukraine que la Chine», a déclaré S. Morrison, qui a auparavant accusé Pékin de jeter «une bouée de sauvetage» à la Russie en accroissant ses achats à Moscou.

De son côté, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a plaidé, dans le quotidien espagnol El Mundo, pour que la Chine joue un rôle de médiateur, estimant qu’il «n’y a pas d’alternative».

La Russie mène depuis fin février une guerre dans cette ex-République soviétique. Moscou affirme vouloir la garantie que Kiev n’entrera jamais dans l’Otan. Le Kremlin juge menaçants les élargissements de l’Alliance jusqu’aux frontières russes. Le président Poutine a aussi reconnu peu avant d’engager son invasion à deux «républiques» séparatistes prorusses de l'est de l’Ukraine, en guerre depuis 2014 avec les forces de Kiev. Il réclame maintenant que leur indépendance soit aussi reconnue par l’Ukraine. 

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