Selon des médias italiens, ce plan qui s’étend sur quatre années (renouvelables) sera structuré selon des domaines d’intervention. Parmi eux, il y a «les partenariats dans le domaine de l’énergie», «la promotion des exportations et des investissements»...
L’Italie finalise son programme de partenariat avec l’Afrique. Annoncé depuis quelques mois par la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, le «Plan Mattei pour l’Afrique» est adopté par les deux Chambres du Parlement italien.
En effet, le document, dont le contenu sera dévoilé à l’occasion du sommet Italie-Afrique qui se tiendra à la fin du mois de janvier courant, a été approuvé, le 10 janvier, par la Chambre des députés (une sorte d’APN algérienne), par 169 voix contre 119 oppositions et 3 obtentions. En décembre dernier, le décret-loi relatif à ce plan a été également approuvé par le Sénat italien. Il doit désormais être promulgué par le président du Conseil des ministres.
En quoi consiste ce plan ? Quel est son objectif ? Avant de le mûrir, le programme Mattei a été esquissé, de longs mois durant, par des responsables italiens, à leur tête Giorgia Meloni, qui l’avait même évoqué lors de sa dernière visite en Algérie.
Il s’agit «d’un vaste programme d’investissements et de partenariats», destiné à stimuler le développement du Continent noir pour freiner les flux migratoires vers l’Europe, tout en sécurisant l’approvisionnement de l’Union européenne (UE) en énergie.
Selon des médias italiens, ce plan de quatre années renouvelables sera structuré selon des domaines d’intervention. Parmi eux, il y a «les partenariats dans le domaine de l’énergie», «la promotion des exportations et des investissements», «l’éducation et la formation», «la santé, la sécurité alimentaire», «l’exploitation durable des ressources naturelles», «la protection de l’environnement», «le renforcement des infrastructures», «la prévention de l’immigration irrégulière» et «la gestion des flux migratoires légaux».
En septembre dernier, Giorgia Meloni avait présenté le projet à l’occasion de son intervention devant l’Assemblée des Nations unies. Selon elle, ce plan, qui prend le nom du fondateur du groupe énergétique italien ENI, Enrico Mattei, «est une alternative sérieuse au phénomène de migration de masse».
Reprendre du terrain perdu en Afrique
Il se base, avait-elle indiqué sur une approche qui rompt avec «l’attitude prédatrice» à l’égard de l’Afrique. «Jusqu’à présent, une certaine approche paternaliste et prédatrice n’a pas fonctionné. Ce qu’il faut faire en Afrique, ce n’est pas de la charité, mais des partenariats stratégiques d’égal à égal», avait-elle déclaré.
En mars 2023, le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, avait à son tour appelé l’UE, l’Organisation des Nations unies et le Fonds monétaire international (FMI) à «lancer un programme d’aide au développement semblable au Plan Marshall en faveur de l’Afrique, pour faire face au changement climatique qui alimente les flux migratoires vers l’Europe».
«Nous avons besoin d’une intervention stratégique pour l’Afrique. Le changement climatique détruit l’agriculture dans de nombreux pays du continent et si nous n’intervenons pas avec une sorte de plan Marshall, nous serons toujours en train de courir après les urgences.
Il existe une situation d’instabilité croissante qui doit faire l’objet d’interventions à long terme, non seulement de la part de l’UE, mais aussi des Nations unies et du FMI», avait-il souligné dans une interview accordée au média Corriere della Sera. Il avait aussi plaidé pour le «renforcement des structures institutionnelles» dans les pays d’Afrique du Nord afin de mieux gérer les flux migratoires.
«Le problème n’est pas seulement au Sahel. Stabiliser et renforcer les structures institutionnelles des Etats d’Afrique du Nord sert de nombreux objectifs : sauver des vies, mieux gérer les flux migratoires et lutter contre les trafics des organisations criminelles», avait-il précisé.
Ayant connu une véritable crise migratoire, durant les dernières années, avec un afflux record des migrants durant les derniers mois, l’Italie cherche, à travers ce plan, à réduire l’ampleur de ce phénomène sur son territoire, et par conséquent, sur tout le continent européen.
L’Italie semble avoir compris que la solution à ce phénomène ne réside pas seulement dans l’approche répressive. Elle propose, de ce fait, un traitement en amont de cette problématique, qui passe par le développement dans les pays générateurs des flux migratoires.
Mais en contrepartie, elle veut s’assurer un approvisionnement suffisant, pour elle et pour l’Europe, en énergie, particulièrement le gaz. Pour cela, et c’est l’objectif inavoué, l’Italie souhaite se remplacer en Afrique, notamment en Libye, où elle a été devancée par plusieurs pays, dont la Russie, la Turquie et les Emirats arabes unis.
C’est pourquoi elle a choisi ce format du prochain sommet, ne différant pas de ceux organisés ces dernières années par la Russie, la Turquie, la France, les pays nordiques, qui pourrait lui permettre d’étendre sa zone d’influences…