L’armée israélienne poursuit ses raids anarchiques et intensifs et ses ordres d’évacuation imposés à une population éreintée par d’interminables déplacements forcés d’une zone à une autre, privée de nourriture, d’eau, de toit et de soins. Pour des experts, Israël exerce un chantage épouvantable sur les Ghazaouis en les sommant de choisir entre la mort par les bombes et la famine, ou la déportation et donc l’expulsion.
Pendant que son armée poursuit son opération d’épuration ethnique à Ghaza, en multipliant les ordres de déplacements forcés d’une zone vers une autre sans aucune garantie de sécurité, d’eau, de nourriture ou de toit, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, charge le Mossad (service de renseignement israélien) d’identifier des pays prêts à recevoir les Ghazaouis, qu’il compte expulser de l’enclave, dans le cadre de l’opération de «départ volontaire».
Encouragé par l’idée du président américain, Donald Trump, de faire de Ghaza une «Riviera du Moyen-Orient, après l’expulsion de la population vers des pays voisins, Netanyahu a vite mis en place un département au sein du ministère de la Défense, chargé d’exécuter le plan de déportation des Palestiniens, tout en multipliant les raids aériens pour se préparer à une offensive terrestre d’envergure.
En résumé, le gouvernent extrémiste exerce un chantage épouvantable sur la population ghazaouie, sommée de choisir entre la mort sous les bombardements, par la famine, la soif et les maladies, ou l’exode forcé. Malgré le fait que Trump soit revenu sur son idée d’expulser les Palestiniens, en déclarant que «personne ne peut chasser personne à Ghaza», le Premier ministre a lancé des discussions avec certains pays qui accepteraient de recevoir les déportés.
Citant «des responsables israéliens et un ancien responsable américain», sans les identifier, le site américain Axios, a évoqué hier «la Somalie et le Soudan du Sud, ainsi qu'avec d'autres pays, dont l'Indonésie», comme pays avec lesquels Israël a eu des discussions sur le sujet, alors que des médias israéliens avaient affirmé, mardi dernier, qu’un «groupe de travailleurs était parti pour l'Indonésie», avant que le ministère indonésien des Affaires étrangères ne réagisse mercredi dernier, en apportant un démenti formel.
Selon Axios, «Netanyahu a chargé le Mossad de cette mission secrète, il y a plusieurs semaines» et précisé que «les responsables israéliens ont discuté, mais n'ont pas encore pris de décision, sur une invasion terrestre à grande échelle de la bande de Ghaza, qui pourrait forcer la majeure partie de la population à se relocaliser dans une petite zone humanitaire dans la partie sud de l’enclave».
Lors de la réunion au sein du parlement, consacrée au plan de déportation des Palestiniens de Ghaza, le ministre extrémiste des Finances, Bezalel Smotrich, est allé jusqu’à parler d’un calendrier d'expulsion de tous les habitants de Ghaza, en disant : «Si nous expulsons 10 000 personnes par jour, cela prendra six mois, et si nous expulsons 5000 personnes par jour, cela prendra un an.» Pour des experts juridiques israéliens et américains qu’Axios a interrogés, «de tels déplacements massifs constituent un crime de guerre».
«De tels déplacements massifs constituent un crime de guerre»
Pour les interlocuteurs du média, «Trump ne cherche pas actuellement à mettre en œuvre son plan de déplacement des Palestiniens, car son envoyé au Moyen-Orient, Steve Witkoff, est entièrement concentré sur la conclusion d'un nouvel accord entre Israël et le Hamas, visant à obtenir la libération des otages et à rétablir le cessez-le-feu».
Le journal israélien Haaretz a pour sa part expli qué que le plan du nouveau chef de l’état-major israélien de poursuivre la guerre «s'aligne sur les aspirations de l'extrême droite» et «vise à imposer un contrôle complet sur la bande de Ghaza, à confiner les Palestiniens dans une zone limitée, puis à les expulser par la mer».
Le journal a rapporté les propos d’un expert militaire, qui lui a déclaré : «Les principaux points du plan de l'armée israélienne pour Ghaza ne sont pas loin des perceptions de l'extrême droite. La proposition d’Eyal Zamir (le chef d’état-major) témoigne d'une volonté renouvelée de mener une opération terrestre de grande envergure, qui pourrait inclure l'occupation de toute la bande de Ghaza.
C'est un message adressé aux ministres : l'armée israélienne est prête à intervenir à tout moment et à l'ampleur qu'ils décideront et expliqué avoir redéployé la brigade Golani à la frontière avec Ghaza.» Selon l’expert, a précisé Haaretz, «les opérations terrestres s'étendent, mais restent limitées à des zones spécifiques. L'armée israélienne opère à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Ghaza, dans la partie orientale du corridor de Netzarim, dans le centre de la bande de Ghaza, et au sud, dans les quartiers de Shabura et Tel Sultan, à Rafah, ville dévastée».
Pour l’expert du journal israélien, «certains ministres, lors d'une réunion, ont demandé quel était le but ultime de la guerre qu'Israël a renouvelée le 18 mars. La réponse du Premier ministre Benyamin Netanyahu a été vague, indiquant la possibilité d'administrer Ghaza par l'intermédiaire de la Ligue arabe après la victoire sur le Hamas».
Cependant, la ministre Orit Struck, du Parti du sionisme religieux, a objecté : «Mais Ghaza fait partie de la Terre d'Israël, alors allez-vous la remettre aux Arabes ?» Netanyahu a répondu : «Il pourrait y avoir un régime militaire.» «Il existe plusieurs options.
Cette vision est conforme à celle de l'extrême droite, car le plan comprend une large mobilisation des forces de réserve, l'achèvement du contrôle de Ghaza et la réduction de la zone humanitaire à une petite zone de consolation.» L’intervenant a révélé que «des idées sont également évoquées pour déployer des navires au large de Ghaza afin d'inciter les habitants à partir sous la pression des bombardements israéliens».
Le ministère de la Défense travaille même à la création d'une direction spéciale pour «encourager l'émigration», comme si «c'était une évidence», en soulignant : «Ces délibérations se déroulent sans la présence de représentants du parquet militaire, afin d'éviter leurs avertissements concernant d'éventuelles violations du droit international.»
«Pas un sac de farine ne rentrera à Ghaza»
Le même média a rapporté qu’un «officier supérieur» aurait déclaré durant cette réunion : «Pas un seul sac de farine ne passera à Ghaza tant que l'armée israélienne ne prendra pas le contrôle des fournitures humanitaires.»
Le Haaretz a révélé, avant-hier, que «l’armée a tué mardi dernier 300 Palestiniens, majoritairement des femmes et des enfants, et prétendu avoir tué des militants du djihad et du Hamas». Dans une enquête bien documentée, le journal israélien a écrit : «Israël a mené 80 frappes qui ont ciblé mardi dernier, 30 points à Ghaza, et elle n’a cité que sept militants et dirigeants du Hamas tués.»
Pour le média, «l’armée bombarde de manière anarchique et sans aucun objectif précis, depuis qu’elle a décidé de rompre le cessez-le-feu, le 18 mars dernier. Des révélations qui rejoignent le contenu de la pétition signée par des centaines de soldats de réserve de l’unité médicale de l’armée israélienne, ayant le grade de lieutenant-colonel et inférieur et comprenant des médecins de combat et des ambulanciers, rendue publique jeudi par la chaîne hébraïque Kan.
Les signataires ont exprimé leur refus de servir dans les rangs en raison des appels à saisir les terres de Ghaza et à s’y installer, de continuer à servir en raison de la durée de la guerre qui a dépassé le raisonnable avant d’exiger la poursuite de l’accord pour la libération des otages, le cessez-le-feu et la transition vers la 2e phase». Vendredi dernier, le (Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH) a clairement accusé Israël de violer le droit international en déplaçant de force des Palestiniens à Ghaza en vertu d'«ordres d'évacuation obligatoires».
Dans un communiqué, le porte-parole onusien des droits de l’homme, Thameen Al Kheetan, a affirmé qu’Israël a émis 10 ordres d'évacuation obligatoires, couvrant de vastes zones de Ghaza, depuis qu'il a repris sa guerre, le 18 mars. «Ces évacuations ne respectent pas les exigences du droit international humanitaire.
Israël ne prend aucune mesure pour fournir un logement à la population évacuée, ni pour garantir que ces évacuations se déroulent dans des conditions satisfaisantes d'hygiène, de santé, de sé-curité et de nutrition», a déclaré le porte- parole onusien dans son communiqué. Selon lui, «plus de la moitié du nord de Ghaza semble être soumise à de tels ordres tandis que ceux qui ont été récemment déplacés du sud de l'enclave dans la région de Rafah et forcés de se rendre sur la côte d'Al Mawasi n'y ont pas de garantie de sécurité».
Le responsable a exprimé sa préoccupation devant cette situation en affirmant : «Nous sommes profondément préoccupés par le rétrécissement de l'espace dont disposent les civils de Ghaza qui sont déplacés de force par l'armée israélienne de vastes étendues de territoire.» Pour sa part, l’OCHA, agence onusienne de coordination de l’aide humanitaire, à Genève, a expliqué que les frappes israéliennes contre des zones peuplées, où des civils ont été tués, portent la marque d'atrocités. «Il existe un mépris flagrant pour la vie et la dignité humaines. Les actes de guerre auxquels nous assistons portent les marques d'atrocités criminelles», a déclaré le porte-parole de l’agence onusienne, Jens Laerke.
Selon lui, «chaque jour, nous voyons des enfants tués, des travailleurs humanitaires tués, des gens déplacés de force sans aucun moyen de survie». Laerke a souligné, par ailleurs, que «les stocks de nourriture et de fournitures médicales s'épuisent très rapidement, car les autorités israéliennes bloquent l'entrée de l'aide dans l'enclave depuis le 2 mars». Cette situation avait été dénoncée par le Programme alimentaire mondial (PAM), qui affirmait, il y a deux jours, qu’il ne disposait que de 5700 tonnes de stocks alimentaires à Ghaza, qui ne permettent de soutenir ses opérations que durant deux semaines au maximum.