Le monde indigné !

11/12/2023 mis à jour: 00:56
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Choc, grosse déception et indignation ! Le veto des Etats-Unis d’Amérique opposé, vendredi dernier, à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU appelant à un cessez-le-feu immédiat à Ghaza, suscite la colère dans le monde. Le secrétaire général de l’ONU, plusieurs pays et de nombreuses ONG continuent de condamner la position américaine qui ne fera qu’aggraver la crise humanitaire à Ghaza.

Et la justification de l’ambassadeur américain adjoint à l’ONU, Robert Wood, affirmant que «son pays ne soutient pas un cessez-le-feu non durable qui va simplement planter les graines de la prochaine guerre», n’a pas convaincu. Au contraire, cette position a paralysé les Nation unies, déplore Antònio Guterres, secrétaire général de l’ONU.

Intervenant, hier à l’occasion du Forum de Doha au Qatar, le secrétaire général de l’ONU affirme que «le Conseil de sécurité est paralysé par des divisions géostratégiques», compromettant ainsi sa capacité à trouver des solutions à la guerre.

«L’autorité et la crédibilité du Conseil de sécurité ont été gravement compromises par sa réponse tardive au conflit», a-t-il déclaré, précisant que cette «atteinte à sa réputation a été aggravée par le veto opposé vendredi par les Etats-Unis à une résolution appelant à un cessez-le-feu à Ghaza».

Poursuivant, il lance une alerte. «Nous courons un risque grave d’effondrement du système humanitaire. La situation évolue rapidement vers une catastrophe aux implications potentiellement irréversibles pour les Palestiniens dans leur ensemble et pour la paix et la sécurité dans la région», met-il en garde.

«Condamnation à mort des palestiniens»

Réagissant au veto américain, l’ambassadeur adjoint de Russie à l’ONU, Dmitry Polyanskiy, dénonce «une condamnation à mort des milliers de Palestiniens». «Nos collègues américains ont devant nos yeux condamné à mort des milliers, voire des dizaines de milliers de civils palestiniens et israéliens supplémentaires», s’indigne-t-il. Pour l’ambassadeur de France aux Nations unies, Nicola de Rivière, le Conseil de sécurité de l’ONU n’a pas été à la hauteur de sa mission. «Alors que la crise à Ghaza s’aggrave et qu’elle menace de s’étendre, le Conseil ne se montre pas à la hauteur de la mission fondamentale que lui confie la Charte», regrette-t-il.

D’autres membres du Conseil de sécurité, comme la Chine et les Emirats arabes unis, ont aussi fait part de leur «déception» après cette décision. Participant également au Forum de Doha, le Premier ministre palestinien, Mohammed Shtayyeh, affirme que «les Etats-Unis devraient être tenus responsables de la mort de civils à Ghaza, après leur veto».

Même réaction du ministre koweïtien des Affaires étrangères, cheikh Salem Abdullah Al Jaber Al Sabah, qui exprime «le profond regret de son pays face à l’utilisation par les Etats-Unis de leur droit de veto au Conseil de sécurité des Nations unies contre le dernier projet de résolution appelant à un cessez-le-feu immédiat dans la Bande de Ghaza».

L’Iran met en garde, de son côté, contre «la possibilité d’une explosion incontrôlable de la situation dans la région». Devant cette situation, le président chilien, Gabriel Boric Font, appelle à effectuer des réformes structurelles urgentes à l’ONU. «Il est urgent d’effectuer une réforme structurelle de l’ONU. Le monde n’est plus le même que ce qu'il était en 1945», lance-t-il.

«Complice»

Le veto américain est également condamné par les ONG, dont Médecins sans frontières (MSF) qui affirme que «l’inaction du Conseil de sécurité des Nations unies le rend complice du massacre dans la Bande de Ghaza». «Cette position américaine contraste fortement avec les valeurs qu’ils prétendent défendre.

En continuant à fournir une couverture diplomatique aux atrocités commises à Ghaza, les Etats-Unis indiquent que le droit humanitaire international peut être appliqué de manière sélective et que la vie de certaines personnes compte moins que celle d'autres», fustige Avril Benoît, directeur de la branche américaine de MSF dans un communiqué. Human Rights Watch abonde dans le même sens.

«En continuant à fournir des armes et une protection diplomatique à Israël qui commet des atrocités (...), les Etats-Unis risquent de se rendre complices de crimes de guerre», souligne l’organisation.

Pour sa part, la secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard, précise que «les Etats-Unis ont fait preuve d’un mépris insensible pour les souffrances des civils à Ghaza». «Rien ne peut justifier que l’on continue à bloquer une action significative du Conseil de sécurité des Nations unies pour mettre un terme à l'effusion massive de sang des civils.

Le recours au veto est moralement indéfendable et constitue un manquement au devoir des Etats-Unis de prévenir les crimes d'atrocité et de faire respecter le droit international», indique-t-elle.

De son côté, le Hamas palestinien condamne fermement ce veto américain, le qualifiant de «position immorale et inhumaine» et de «participation directe aux massacres».

 

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