Le mois de Ramadhan tire à sa fin non sans avoir marqué de son empreinte l’esprit du consommateur. Et comme à l’accoutumée, la survenue régulière de ce rendez-vous religieux s’accompagne malheureusement de dépassements en tous genres.
Le dénominateur commun de ces excentricités demeure le comportement irrationnel de ce même citoyen pourtant censé «calmer ses ardeurs» en ces jours de piété. Il n’en est pourtant pas question depuis l’observation de ce précepte religieux fondé sur la maîtrise de soi face à des envies aussi anodines qu’elles puissent paraître.
Les enseignements tirés des années précédentes ne semblent être d’aucune utilité pour mettre fin aux dérives du passé. Plus concrètement, ce mois-ci a connu les mêmes dysfonctionnements commerciaux que ceux des années écoulées. La spéculation effrénée n’a épargné aucun produit phare de ces jours sacrés.
Mieux encore, une nouveauté, en vogue depuis quelques jours, défraie la chronique. C’est évidemment le prix inattendu atteint par le kilogramme d’oignon. Les quelques tentatives d’explications avancées par les commerçants mettent en exergue un dysfonctionnement entre les stocks existants et les récoltes de saison.
Cela ne peut soustraire ce légume du phénomène de spéculation générale qui s’empare de tous les autres produits essentiels à la cuisine du Ramadhan. Les viandes, les bananes et bien d’autres fruits du terroir ont connu la même courbe haussière des prix. Les pouvoirs publics ont dû recourir à l’importation pour réguler le marché, tout en menant des opérations de saisie des marchandises entreposées dans des hangars en vue de créer volontairement des pénuries et d’agir ensuite sur le cours du marché.
Les orientations du chef de l’Etat dans sa stratégie de réforme agricole plaident pour une autosuffisance capable d’assurer une sécurité alimentaire indissociable de la consolidation de la souveraineté nationale. Le domaine des céréales accapare toute l’attention du Président, conscient du bouleversement climatique qui accroît la menace de la sécheresse et le spectre de la famine sur le pourtour méditerranéen.
A l’heure où notre pays importe des quantités non négligeables de ces céréales raréfiées davantage par le conflit russo-ukrainien, des millions de tonnes de pain sont gaspillées durant ce mois censé être celui de l’abstinence et de lutte contre tous les excès contraires à la morale et au civisme.
Ce comportement, qui ne sied pas aux valeurs ancestrales, s’exacerbe étrangement au point où tout est permis pour satisfaire les pulsions les plus blâmables. Le gain facile, qui semble fédérer les vœux d’une frange de citoyens, donne libre cours à tous les moyens d’enrichissement illicite.
Les descentes des services de la répression des fraudes n’ont de cesse de révéler, au grand jour, des affaires aussi scabreuses les unes que les autres. Des abattoirs clandestins inondent les boucheries en viande d’âne alors que des caves insalubres servent de coin de cuisine pour la préparation de produits destinés à la consommation humaine.
Ce tableau noir ne date pas d’aujourd’hui. Il tend à s’installer dans les mœurs des gens mus par la cupidité. L’arme de la pénurie les protégera aussi longtemps qu’ils auront la haute main sur le marché.