Le ministre des Finances, Laaziz Faid, a annoncé, mercredi dernier, en réponse aux questions des députés sur le projet de loi des finances rectificative 2023, que les mesures prises par les autorités publiques, notamment en assurant l’abondance des matières premières, la régulation et la subvention des prix, contribueront à réduire le taux d’inflation en baisse continue depuis plusieurs mois.
Le ministre a ainsi abordé la question très sensible de l’inflation en Algérie, par ailleurs le cauchemar actuel des économies du monde entier en raison de la crise qui y sévit depuis la pandémie de la Covid-19 et de la guerre en Ukraine. Si, aussi bizarre que cela puisse paraître, cette question pourtant incontournable a brillé par son absence dans le projet de loi de finances rectificative 2023 (PLFR), il n’en demeure pas moins que le ministre des Finances a levé, à cette occasion, un coin du voile sur cette donnée économique d’une plus haute importance.
Sont en cause, en effet, le pouvoir d’achat des ménages, l’investissement et la croissance économique. En réponse aux questions des députés, Faid a, selon l’APS, souligné que «la moyenne de l’augmentation des prix a atteint 9,7% en juillet, soulignant que depuis mai dernier, l’indice des prix à la consommation a connu une baisse mensuelle successive».
S’agissant des prévisions du taux d’inflation pour l’année 2023 qui doit atteindre 7,5%, note l’APS, le ministre a précisé que la composition du panier du consommateur algérien, constitué de plusieurs produits et services subventionnés, a été prise en compte. A l’instar des effets attendus des mesures prévues par le gouvernement «notamment celle liées à l’augmentation de la capacité d’approvisionnement en produits alimentaires et agricoles, au contrôle et au subvention des prix des produits de consommation de base à travers une révision à la baisse du taux des droits douaniers».
Il s’agit entre autres de la réduction des droits douaniers de 30% à 5% sur l’importation des viandes bovines et ovines fraîches, réfrigérées et emballées sous vide, ainsi que le bétail vivant importé, outre, a-t-il souligné, «la surveillance des prix et la lutte contre la spéculation sur les prix des matières premières, ce qui devrait réduire l’inflation au cours des mois restants de l’année en cours». Il y a lieu de remarquer le silence de la Banque d’Algérie sur le sujet ou encore l’Office national des statistiques (ONS).
Les derniers chiffres connus sur l’inflation évoquent un taux de 9,5% au mois de mai dernier. Selon le bulletin mensuel du mois de juin dernier affichant l’indice brut des prix à la consommation de la ville d’Alger enregistre «une baisse de 0,3% en mai 2023 par rapport au mois précédent, soit une variation proche de celle observée au même mois de l’année écoulée (-0,5% en mai 2022 par rapport à avril 2022).
Cette tendance à la baisse (-0,3%), qui intervient après des hausses relevées depuis décembre, est induite particulièrement par la décroissance des prix des biens alimentaires qui inscrivent un taux de -1,1%. En effet, les prix des produits agricoles frais affichent une baisse de 2,6%, expliquée essentiellement par le recul des prix d’un certain nombre de produits, notamment les légumes (-18,8%), les poissons (-4,1%) et à un degré moindre la viande de poulet (-0,8%).
En revanche, les prix des biens alimentaires industriels enregistrent une hausse de 0,7%. Cette hausse résulte du relèvement, quoique modérée, des prix du pain et céréales ainsi que de ceux du lait, des fromages et dérivés qui affichent un taux similaire de +0,4%. Les prix des produits manufacturés se caractérisent par une augmentation de 0,4%, proche de celle observée pour les services, soit 0,5%.
Corrigé des variations saisonnières, l’indice des prix à la consommation enregistre, pour ce mois de mai 2023, une baisse de 0,1% par rapport au mois précédent. Au mois de mai 2023 et par rapport au même mois de l’année 2022, la variation des prix à la consommation est de +10,1%. Le rythme d’inflation annuel (juin 2022 à mai 2023/juin 2021 à mai 2022) est de +9,5%».
Répondant à des députés ayant soulevé la question des projets d’investissement gelés dans nombre de wilayas, il a fait savoir que «le gel a été, récemment, levé sur 782 opérations réparties sur le territoire national avec des autorisations d’engagement d’une valeur de 1172 milliards de dinars».