L’attitude du ministère de l’Intérieur suscite déjà des craintes et la colère chez les partis de l’opposition et des mouvements citoyens qui dénoncent «une énième attaque contre le multipartisme» et «une remise en cause de la liberté de réunion».
Le Mouvement démocratique et social (MDS) a reçu, mardi dernier, une mise en demeure du ministère de l’Intérieur le sommant de cesser de recevoir en son siège national à Alger des citoyens et des organisations de la société civile. Le contenu de la correspondance du département de Kamel Beldjoud a été révélé par le coordinateur du parti, Fethi Ghares, dans un post sur sa page Facebook.
L’attitude du ministère de l’Intérieur suscite déjà des craintes et la colère chez les partis de l’opposition et des mouvements citoyens qui dénoncent «une énième attaque contre le multipartisme» et «une remise en cause de la liberté de réunion».
«Au lendemain de l’enterrement du détenu d’opinion Hakim Debazi et le silence assourdissant des autorités politiques et judiciaires du pays, un parti légal, le Mouvement démocratique et social (MDS), est mis en demeure par le ministère de l’Intérieur lui ordonnant de cesser de recevoir des activités citoyennes de la société civile au sein de son siège national. Le Front anti-répression et pour les libertés exprime son indéfectible solidarité au parti MDS devant cette énième attaque contre le multipartisme et les droits politiques», indique le Front contre la répression et pour les libertés dans un communiqué rendu public hier.
Ce Front exprime, ce faisant, «ses profondes inquiétudes sur la poursuite de la politique régressive sur le plan des libertés démocratiques, le maintien de la chape de plomb sur la société par le maintien en prison de centaines de prisonniers politiques et d’opinion de manière arbitraire».
Il déplore également «l’organisation quasi quotidiennement de procès politiques intentés à des citoyennes et citoyens dont le seul tort est d’avoir exercé leurs droits constitutionnels à l’expression de leurs opinions et/ou à agir pacifiquement pour l’avènement d’une politique conforme à l’intérêt général». «Pour le Front anti-répression, cette politique de fuite en avant est porteuse de dangers pour le pays. Il exige que cesse la répression qui touche tous les espaces de liberté chèrement acquis par des décennies de luttes et de sacrifices pour la démocratie», lit-on dans ce communiqué.
Pour sa part, le Parti des travailleurs (PT) exprime, dans un communiqué rendu public, «sa solidarité inconditionnelle avec le parti MDS». Le parti de Louisa Hanoune affirme, dans la foulée, «qu’en démocratie tout parti légal est en droit d’organiser librement et sans aucune contrainte des activités politiques au sein de ses locaux». «Le PT réitère son appel au respect du multipartisme, à l’ouverture du champ politique et médiatique, ainsi que l’arrêt des atteintes à l’exercice des libertés démocratiques», précise dans son communiqué le parti.
Verrouillage des espaces de réunion
Le MDS, rappelons-le, a toujours ouvert son siège aux organisations de la société civile, des avocats et des citoyens pour y tenir des conférences publiques. Ce fait n’a jamais suscité une réaction du pouvoir, même sous le régime du président déchu, Abdelaziz Bouteflika.
Décidément, il semblerait que le département de Kamel Beldjoud ne conçoit la liberté de réunion que sous son contrôle et selon la volonté de l’administration. Avant le MDS, il avait déjà mis en demeure, à deux reprises, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) pour les mêmes faits.
Depuis plusieurs mois, toutes les voix discordantes et la majorité des organisations autonomes de la société civile sont interdites d’accès aux espaces publics. Plusieurs demandes d’autorisation de réunion dans des salles publiques ont été tout simplement rejetées.