Les obsèques du jeune Nahel, tué mardi 27 juin par un policier, s’étaient déroulées, hier, dans un climat tendu mais sans incidents particuliers. La famille de la victime a souhaité une cérémonie dans la stricte intimité et sans la présence de journalistes.
Dans un communiqué, les avocats de la famille du jeune adolescent, Abdelmadjid Benamara, Jennifer Cambla et Yassine Bouzrou, avaient invité les journalistes à ne pas être présents aux funérailles pour éviter toute «ingérence médiatique».
«La journée du samedi 1er juillet sera pour la famille de Nahel, une journée de recueillement», ont-ils écrit, soulignant «l’importance d’accorder aux familles endeuillées l’intimité et le respect dont elles ont besoin pendant cette période difficile». Une foule de plusieurs centaines de personnes s’était rassemblée en fin de matinée devant le funérarium de Nanterre.
Des habitants de ce quartier d’où est originaire l’adolescent, ont tenu à exprimer leur solidarité aux proches de la victime. «Paix à son âme, que justice soit faite. Je suis venue soutenir la maman, elle n’avait que lui, la pauvre», a déclaré à l’AFP une Nantérienne.
Citée par «Europe 1», une autre habitante a expliqué être présente pour «soutenir la maman, une femme qui s’est sacrifiée pour son fils», avant de souligné que Nahel «n’était pas un délinquant».
Le corbillard a quitté le funérarium vers 12h. La cérémonie funèbre s’est poursuivie à la mosquée Ibn Badis de Nanterre. La foule s’est dirigée au cimetière du Mont-Valérien aux cris d’«Allahou akbar !» et de «Justice pour Nahel», ont rapporté des médias. La présence policière était discrète.
Un périmètre de sécurité avait été mis en place avec des personnes en gilet fluo pour assurer la sécurité. Le drame, qui a provoqué une onde de choc en France et dans le monde, s’est produit lors d’un contrôle de police sur la voiture de location conduite par le jeune adolescent de 17 ans.
Report de la visite de Macron en Allemagne
Auteur du coup de feu mortel, policier de 38 ans a été mis en examen pour homicide volontaire et placé en détention provisoire jeudi. Des émeutes ont embrasé plusieurs villes de France suite à cette mort brutale. Les émeutes urbaines ont conduit hier le président français Emmanuel Macron à reporter sa visite d’Etat en Allemagne, prévue de dimanche soir à mardi. Le chef d’Etat français «a demandé le report», a annoncé la présidence allemande dans son communiqué.
La présidence française a confirmé le report à l’AFP : «Compte tenu de la situation intérieure, le président de la République a indiqué qu’il souhaitait pouvoir rester en France ces prochains jours». Un membre de l’entourage du chef de l’Etat français a fait savoir à Reuters qu’un «moment plus propice» serait trouvé pour faire ce déplacement chez le voisin allemand. «Une visite d’Etat est une visite d’amitié, purement protocolaire», a souligné cette source.
Le président allemand a fait savoir qu’il «regrette l’annulation» mais la «comprend parfaitement en raison de la situation», qu’il «suit avec une très grande attention». «Il espère que la violence dans les rues va s’arrêter bientôt et que la paix sociale pourra de nouveau être rétablie», ajoutent ses services.
Prévue fin mars dernier, la visite d’Etat en France du roi Charles III avait également été reportée en raison des troubles liés à la contestation de la réforme des retraites. Interrogé au sujet de ce second report en peu de temps, l’entourage d’Emmanuel Macron a répondu qu’ «évidemment, le président s’adapte à l’agenda national, qui est évolutif».
Même si l’intensité des violences a reculé dans la nuit de vendredi à samedi, les 45 000 policiers et gendarmes mobilisés ont procédé à plus de 1300 interpellations, selon le bilan du ministère français de l’Intérieur.
Quelque 1350 véhicules ont été incendiés, 266 bâtiments ont été incendiés ou dégradés, dont 26 mairies et 24 écoles, et 2.560 feux comptabilisés sur la voie publique, selon la même source. Le ministère a par ailleurs recensé, dans la nuit, 31 attaques de commissariats, 16 attaques de postes de police municipale et 11 de casernes de gendarmerie, et fait état de 79 policiers et gendarmes blessés.
La cellule interministérielle de crise s’est réunie une nouvelle fois, hier matin, autour de la Première ministre Elisabeth Borne pour faire le point de la situation. Les ministres ont été priés de rester à Paris ce week-end, précise l’AFP.
La question de l’état d’urgence reste posée et surveillée à l’étranger, d’autant plus que la France accueille à l’automne la Coupe du monde de rugby, puis les Jeux olympiques à Paris à l’été 2024.