Dans un discours très attendu, le leader du Hezbollah libanais à violemment mis en garde l’armée israélienne et son parrain américain contre toute tentative de cibler le mouvement et ses soutiens. Hassan Nasrallah, s’adressant à une foule nombreuse de partisans à partir de Beyrouth, affirme dès l’abord que l’opération «Déluge d’Al Aqsa», menée par la frange armée du Hamas le 7 octobre dernier, était l’œuvre entière des Palestiniens, sans aucune forme de soutien extérieur.
«L’opération n’est liée à aucun dossier régional ou international», a-t-il martelé, rejetant au passage toute implication du parrain iranien.
Le chef du Hezbollah accuse directement les Etats-Unis d’être derrière l’escalade en cours en Palestine et au Moyen-Orient, et tient la Maison-Blanche comme responsable de tout débordement territorial du conflit, débordement qu’il juge fort «réaliste» si un arrêt immédiat des massacres n’intervenait pas à Ghaza. «Votre arsenal naval mobilisé en Méditerranée ne nous fait pas peur et nous nous sommes préparés à tous les scénarios d’agression», a-t-il par ailleurs défié, évoquant les deux porte-avions et leurs impressionnantes escortes dépêchés par le Pentagone dans la région.
Saluant les tentatives de «frappes» initiées par des groupes islamistes à partir de l’Irak et du Yemen, tentatives déjouées jusqu’ici par les défenses anti-aériennes américaines, l’orateur avertit que ces opérations peuvent s’étendre et se diversifier, à partir du Sud Liban compris.
Le leader du Hezbollah assume dans le même élan les opérations, sporadiques, menées par des combattants de son mouvement contre des positions israéliennes à partir du territoire libanais, jugeant que cette «contribution» à la résistance était plus importante que ne laissent croire les bilans communiqués par Israël.
Jeudi dernier, le Hezbollah avait annoncé que ses unités ont mené des attaques contre 19 sites militaires israéliens. «Toutes les options sur notre front sont ouvertes, et nous sommes parés à toutes les éventualités. Nous pouvons entrer en action à tout moment.» Tout dépend de l’évolution de la situation à Ghaza et du comportement de l’armée israélienne vis-à-vis du Liban, a-t-il en substance averti.
Sans déclarer la guerre à Israël, le Hezbollah se contente donc d’agiter la menace d’une implication directe dans le conflit, au cas où l’armée israélienne élargirait le front vers le Sud Liban. Une position qui, finalement, ne change en rien la donne du moment.
Le discours du chef du puissant Hezbollah, le premier depuis le début du conflit il y a bientôt un mois, était très attendu en Israël et dans l’ensemble des pays de la région, dans la mesure où il pouvait annoncer un nouveau cran de tension et une nouvelle géographie de la guerre.
L’armée israélienne s’était d’ailleurs mise en «état d’alerte très élevée» dès l’annonce du discours. Tsahal a considérablement renforcé ses troupes le long de la ligne de front au Nord, pour parer à toute attaque en provenance du Sud Liban.