Dans la déclaration de politique générale que présentera le gouvernement devant les deux Chambres du Parlement lors de cette session, l’accent a été mis sur les actions et les réalisations des différents secteurs. Mais aussi sur les défis auxquels fait face l’économie nationale dans la conjoncture difficile à l’échelle mondiale.
Le document le relève d’ailleurs clairement : 2022 et les sept premiers mois de 2023 ont été marqués par un contexte international «fragile et incertain». Les prévisions de croissance économique sont de 5,3% en 2023. Comme à l’accoutumée, ce résultat sera porté par le secteur des hydrocarbures, avec 6,1% contre 5,4% pour l’agriculture, 7,3% pour l’industrie et 6,6% pour le BTPH.
La croissance du PIB hors hydrocarbures, quant à elle, devrait atteindre 4,9% en 2023, contre 4,3% en 2022. Sur base de la baisse des prix du pétrole (de 104 dollars le baril en 2022 à 85 en 2023 pour le Sahara Blend), le gouvernement prévoit un recul du niveau des exportations, qui devraient s’établir à 52,8 milliards de dollars fin 2023 alors que les importations devraient augmenter à 41,5 milliards à fin 2023, pour une balance commerciale qui restera positive pour se situer autour de 11,3 milliards de dollars. Le gouvernement explique la hausse des importations par l’effet de l’inflation mondiale.
A ce sujet, le taux a également grimpé en Algérie au cours des sept premiers mois de cette année, atteignant 95%, frôlant ainsi les 10% puisqu’il y a eu des mois où l’inflation a dépassé les 9,8%. Un résultat tiré essentiellement par les produits alimentaires dont les prix ont évolué, selon le document, de 13,2% en sept mois. Le gouvernement prévoit un recul à 7,5% pour toute l’année. Ce qui semble difficile (mais pas impossible) à atteindre, connaissant le niveau des prix atteint par certains produits ces derniers mois, notamment les viandes blanches, les œufs, les légumineuses, les fruits et les légumes.
Des produits qui enregistrent une forte demande et pour lesquels le gouvernement a pris des mesures de manière à réguler le marché. C’est ce qu’il rappelle dans la déclaration de politique générale. «Des décisions urgentes ont été prises pour assurer un approvisionnement diligent et conséquent des produits alimentaires de première nécessité, en maintenant les prix subventionnés, notamment pour l’huile, les pâtes alimentaires, le sucre et autres produits de base», indique ledit document.
Au volet des finances publiques, il est relevé une augmentation de 25%, entre 2022 et 2023, des recettes, contre 52% pour les dépenses budgétaires pour atteindre un total de 14 700 milliards de dinars. «Malgré cet effort budgétaire important visant à préserver les conditions d’une relance économique durable, le niveau de la dette publique interne est resté acceptable (55% du PIB à fin 2022)», lit-on encore dans la déclaration de politique générale.
Les crédits à l’économie en hausse de 3%
Parallèlement, les réserves de change ont augmenté, passant de 61 milliards de dollars à fin 2022 à 73 milliards prévus à fin 2023. Et ce, en plus des réserves d’or monétaire de près de 5,5 millions d’onces, équivalent à près de 10 milliards de dollars au cours actuel sur le marché international.
Par ailleurs, les liquidités bancaires ont baissé de 870 milliards de dinars, passant de 1970 milliards en 2022 à 1160 milliards en 2023. Résultat, selon la même source, de l'augmentation du taux de réserve obligatoire et du renforcement des reprises de liquidité bilatérales introduites au mois de septembre 2020 et au financement bancaire qui s’est traduit par une augmentation des crédits à l’économie. Ces derniers devraient atteindre 10 419 milliards de dinars en 2023, une faible croissance de 3%, l’équivalent de 303 milliards de dinars, par rapport à 2022.
Sur le plan réglementaire, les réformes se sont poursuivies pour assurer la diversification économique.
Ainsi, le document cite la révision de la loi monétaire et bancaire, la loi fixant les règles générales relatives aux marchés publics et le remaniement du cadre juridique de l’investissement. Et ce, en plus de la révision de la loi sur les assurances, qui sera prochainement présentée à l’APN. «La consolidation des leviers de la relance économique constitue un enjeu central pour stimuler la croissance, impulser le développement et favoriser là prospérité du pays», indique le document dans ce sillage.
Aussi, en matière de sécurité hydrique, le document rappelle le lancement de deux programmes de dessalement d’eau de mer, dont la réalisation, en cours, de cinq méga-stations de dessalement d’eau de mer.
Globalement, la déclaration de politique générale a fait ressortir les politiques sectorielles mises en œuvre, dont une bonne partie a été consacrée à la relance économique, via le renforcement des leviers de croissance, le développement des secteurs stratégiques porteurs de croissance, la valorisation de la production nationale, le développement des infrastructures d’appui, le renforcement de l’économie de la connaissance et l’accélération de la transition numérique. Il reste à savoir quelle sera l’appréciation des parlementaires et les arguments que présentera le gouvernement pour justifier les retards accusés dans l’application de certaines mesures. Mais aussi la dégradation du pouvoir d’achat.