L’ancien ministre de la Défense et vice-Premier ministre israéliens de Netanyahu a alerté sur les crimes de guerre commis par l’armée israélienne à Ghaza, en affirmant que la route «empruntée actuellement est la conquête, l’annexion et le nettoyage ethnique». Le général Moshé Yaalon a révélé, sur la base de témoignages d’officiers sur le terrain à Ghaza, que des crimes de guerre et d’épuration ethniques sont commis dans l’enclave.
Israël mène des opérations de nettoyage ethnique au nord de Ghaza (…) la route vers laquelle ils nous entraînent actuellement est la conquête, l’annexion et l’épuration ethnique (…) Les commandants qui travaillent à Ghaza m’ont informé qu’ils exécutent des crimes de guerre au Nord…».
Une vérité qui a fait l’effet d’une bombe à Tel-Aviv, non pas par son contenu, mais par le profil de celui qui l’a révélée, à savoir le général Moshé Yaalon, ancien ministre de la Défense et vice-Premier ministre, qui a démissionné en 2016, pour ses différends avec Netanyahu.
Dans des déclarations à plusieurs chaînes de télévision israéliennes, dont les chaînes publique Kan, privées Democrat TV, et la Douzième, ce faucon de l’extrême droite israélienne et un des artisans des politiques coloniales s’est exprimé sans aucun détour ni réticence, soulevant un tollé général dans les milieux politico-militaires israéliens.
Celui qui a été, il y a quelque temps, l’un des rares à avoir soutenu les réservistes lorsqu’ils avaient menacé de ne pas répondre à l’appel de l’armée, a lancé sur la chaîne de télévision publique : «Je dois alerter sur ce qui se passe là-bas et sur ce qu’ils essayent de nous cacher (…) Ils commettent des crimes de guerre et un nettoyage ethnique au nord de Ghaza.» Une phrase lourde de sens sur laquelle le journaliste a rebondi, en demandant à son interlocuteur d’être plus explicite. «Je parle au nom des commandants qui activent au nord de Ghaza. Ils m’ont informé qu’ils commettent des crimes de guerre.
On met la vie de nos soldats en danger. Ils feront l’objet de plaintes pénales auprès de la CPI (Cour pénale internationale). Je dois alerter sur ce qui se passe là-bas et sur ce qu’ils essaient de nous cacher, sur les crimes de guerre qu’ils commettent.» Des déclarations qui ont suscité des réactions violentes, notamment au sein de son parti le Likoud, dont est membre Netanyahu.
«Smotrich n’a aucun problème à tuer deux millions de Ghazaouis»
Pour le ministre de la Sécurité Itamar Ben Gvir, «c’est une honte qu'Israël ait eu un tel personnage comme chef de l’armée et ministre de la Défense». Le parti Likoud a accusé l’ancien ministre de la Défense de «répandre des mensonges calomnieux», alors que le chef de la diplomatie israélienne, Gideon Saar, a affirmé que les affirmations de Yaalon étaient «sans fondement». Mais le général Yaalon n’a pas reculé. Il est revenu avec les mêmes propos et le même ton, sur la Chaîne 12, israélienne. «Je ne reviens pas sur mes propos.
Ils sont en train de commettre des crimes de guerre au nord de Ghaza. Ce que j’ai dit au sujet du nettoyage ethnique à Ghaza repose sur des révélations d’officiers qui sont sur les lieux. Je répète, Israël mène des opération d’épuration ethnique au nord de Ghaza. La route vers laquelle ils nous entraînent actuellement est la conquête, l’annexion et le nettoyage ethnique.
J’assume ce que j’ai dit. L’armée israélienne n’est pas la plus morale du monde», a déclaré l’ancien ministre de la Défense, accusant le Premier ministre, Benyamin Netanyahu, de mener le pays vers «la ruine» et les ministres extrémistes, citant celui des Finances, Bezalel Smotrich, qui «est fier de pouvoir réduire de moitié la population de Ghaza. Comment peut-on appeler cela ? Il n’a aucun problème moral à tuer deux millions de Ghazaouis. Nous étions autrefois un Etat démocratique», a déclaré l’ancien chef d’état-major de l’armée israélienne.
Il est important de rappeler que Smotrich a réitéré ses propos, hier, à la radio israélienne. «Ce qui est demandé ? C’est d’occuper toute Ghaza, de génocider le Hamas et s’y implanter», a-t-il répondu au journaliste qui l’interrogeait sur les intentions du gouvernement pour Ghaza. Des intentions qui prouvent que le gouvernement israélien est dans une logique de guerre génocidaire, bien définie et prouvée par les magistrats de la CPI, qui ont émis des mandats d’arrêt contre Netanyahu et Yoav Gallant, son ancien ministre de la Défense.
La même logique se poursuit à ce jour, et les rares images qui parviennent du nord de Ghaza montrent toute l’horreur à laquelle est soumise la population depuis le siège imposé le 5 octobre dernier, la privant de nourriture, de médicaments, d’eau, de soins, d’électricité, de matériel médical et d’équipes de secours. Hier encore, l’ancien patron du Shin Bet (la sécurité intérieure) israélien, Ami Ayalon a, dans une déclaration reprise par la chaîne qatarie Al Jazeera, fait état de révélations très timides sur les directives du gouvernement aux forces armées se trouvant à Ghaza, particulièrement au nord.
«Les instructions données par le gouvernement de Netanyahu à l’armée sont immorales et peuvent conduire à des poursuites pénales devant la CPI», a déclaré l’ancien responsable. Dimanche soir, les dirigeants du Conseil de coopération du Golfe ont condamné «avec la plus grande fermeté les crimes choquants et horribles commis par les forces d’occupation israéliennes à Ghaza, dans le cadre d’un programme de génocide et de nettoyage éthique contre les Palestiniens» et salué les mandats d’arrêt émis par la CPI contre les deux dirigeants israéliens.