Le 1er janvier 1965, les commandos d’Al Assifa (La tempête), le bras armé du mouvement Fatah, lance les premières opérations de guérilla contre les forces d’occupation sionistes. C’est le début de la Révolution palestinienne. «La naissance du mouvement remonte à 1958 à l’initiative d’un groupe de jeunes Palestiniens qui avaient pris part à des actions de fidayîn dans la Bande de Ghaza en 1953 et ont participé aussi à la riposte contre l’agression tripartite contre l’Egypte en 1956.
Ces pionniers étaient Yasser Arafat, Khalil Al Wazir, Mahmoud Abbas, Adel Abdelkarim, Abdallah Adannane, Youssef Amira, Tawfiq Chadid et d’autres», écrit l’agence de presse palestinienne Wafa dans un article consacré à la genèse de la résistance palestinienne.
Ces pionniers, poursuit l’article, «se sont réunis au Koweït et dans d’autres capitales, et ils ont fait le serment de combattre pour la libération de la Palestine. Cela va constituer la première base organisationnelle du mouvement Fatah». «Le 1er janvier 1965, précise l’agence Wafa, fut exécutée la première opération du Fatah.
Un groupe de fidayîn du mouvement a fait incursion dans les Territoires palestiniens occupés et a fait exploser le tunnel d’Eilaboun par lequel est pompée l’eau du fleuve du Jourdain vers le désert du Neguev afin de construire des colonies destinées à installer des juifs émigrés.» Wafa rappelle que c’est lors de cette opération que la révolution palestinienne allait enregistrer son premier martyr : Ahmed Moussa Salama. Grièvement touché lors de l’attaque, il succombera à ses blessures le 7 janvier 1965. Et le 7 janvier 1969, l’OLP décrète la date du 7 janvier de chaque année «Journée du martyr palestinien».
Ce mercredi, le Forum d’El Moudjahid, en partenariat avec l’association Mechaâl Echahid, a tenu, comme l’expliquera son président Mohammed Abbad, «à commémorer ces deux événements, célébrant à la fois le 59e anniversaire de la Révolution palestinienne et la Journée du Chahid Palestinien. Cela s’inscrit dans le cadre du Forum de la Mémoire».
La rencontre s’est déroulée en présence du vice-ambassadeur de l’Etat de Palestine en Algérie, Bachir Abou Hattab, de l’ambassadeur du Yémen à Alger, Ali Mohammad Al Yazidi, et d’Assaâd Kadri, président de l’Association de fraternité et d’amitié palestino-algérienne. Notons en outre la présence des historiens Abdelmadjid Chikhi, Mohamed Lahcen Zeghidi et Idir Hachi, ces deux derniers étant membres de la commission mixte d’historiens algéro-française chargée d’étudier les archives de la période coloniale.
Intervenant en premier, le vice-ambassadeur palestinien, Bachir Abou Hattab, dresse un réquisitoire implacable contre l’entité sioniste. «Le peuple palestinien subit une tentative d’extermination. Nous assistons à une nouvelle Nakba. Ce sont des plans anciens qu’on réactive dans une tentative de déplacer de force notre peuple et le déposséder de sa terre», assène-t-il d’emblée. Le diplomate palestinien insiste sur le fait que «ce qu’endure actuellement notre peuple, et que d’aucuns appellent ‘‘guerre’’, est en réalité une campagne génocidaire. Une guerre oppose deux armées. Elle est soumise à des chartes, des règles de droit. Or, les pratiques criminelles perpétrées par Israël ne respectent aucune règle, aucune morale !
Il n’est pas une seule atrocité qu’Israël n’ait pas commise, en violation totale de toutes les dispositions du droit international, de toutes les chartes et de toutes les coutumes en situation de conflit». Et de fustiger les Etats-Unis qui «ont donné le feu vert à Israël et l’ont protégé en brandissant plus d’une fois le veto à chaque résolution du Conseil de sécurité».
«L’OLP est l’adresse politique du peuple palestinien»
Analysant les conditions de l’émergence de la révolte armée de 1965 sous l’égide du Fatah, Bachir Abou Hattab explique que l’un des objectifs-clés de la révolution de 1965 était de doter le peuple palestinien d’un «corps politique» qui sera pour ainsi dire l’incarnation à la fois du peuple et du territoire dont l’union forme la patrie.
«Lors de la Nakba de 1948, il n’y avait pas de corps politique qui parle au nom du peuple palestinien. Et la création de l’OLP a comblé ce vide. L’OLP est devenue l’adresse politique du peuple palestinien et elle a réussi à arracher une reconnaissance internationale en tant que seul représentant légitime du peuple palestinien», souligne l’orateur. Il pointe au passage les tentatives de liquider l’OLP, à tout le moins dans la Bande de Ghaza. « Ils nous parlent du ‘‘Jour d’après’’ (à propos du devenir politique de Ghaza), en insinuant qu’il va y avoir un vide. Mais il n’y a pas de vide institutionnel à Ghaza. La Bande de Ghaza fait partie intégrante de l’OLP. Elle fait partie des territoires couverts par la résolution 242 de l’ONU et les Accords d’Oslo. Elle fait partie des territoires de 1967 qui sont la Cisjordanie, la Bande de Ghaza et Jérusalem-Est. Son encadrement administratif et sécuritaire, ses services publics, ses fonctionnaires, ses cadres de l’Education, de la Santé, des Routes, de l’Eau… relèvent tous de l’Autorité Palestinienne qui est l’un des bras de l’OLP. Donc l’OLP est totalement présente à Ghaza !», martèle le représentant de la Palestine.
Au cours de son intervention, Assaâd Kadri a mis l’accent de son côté sur la portée stratégique de l’insurrection armée du 1er janvier 1965. «La révolution de 1965 a transformé la question palestinienne d’une affaire de réfugiés à une affaire de peuple et de patrie», note-t-il. Pour lui, il ne fait aucun doute que «le Déluge d’Al Aqsa est dans la lignée de la révolution palestinienne de 1965». Commentant l’assassinat de Salah Al Arouri, chef adjoint du bureau politique du Hamas, ce mardi, à Beyrouth, Assaâd Kadri fera remarquer que cette perte affecte toutes les factions palestiniennes, car, insiste-t-il, «Hamas est une partie indissociable du peuple palestinien».
L’ambassadeur du Yémen, Ali Mohammad Al Yazidi, a qualifié à son tour les crimes de masse perpétrés depuis trois mois à Ghaza de «harb ibada» (génocide). Il déplore la mobilisation des puissances internationales qui se sont pressées au large du Yémen pour faire le siège de Bab El Mandeb en riposte aux attaques des Houthis en mer Rouge. Il a également dénoncé le jeu trouble de l’Iran qui soutient les rebelles houthis.
Le plus grave, alerte-t-il, est qu’«aujourd’hui, le Yémen est réduit en milices qui s’affrontent. Il n’y a pas que les Houthis». Saluant l’héroïsme des Palestiniens, il dira : «Le peuple palestinien paie au prix fort sa résistance. Il a consenti de lourds sacrifices depuis 75 ans. Mais ce qu’il a accompli n’est pas anodin. Jamais Israël n’a connu une débâcle comme celle qu’il endure depuis l’opération Déluge d’Al Aqsa.»