Après des négociations acharnées, le Conseil de sécurité de l’ONU a exigé hier l’acheminement «à grande échelle» de l’aide humanitaire à Ghaza, sans appeler à un cessez-le-feu dont ne veulent pas les Américains.
La résolution adoptée par 13 voix pour, aucune contre et deux abstentions (Etats-Unis et Russie) «exige de toutes les parties qu’elles autorisent et facilitent l’acheminement immédiat, sûr et sans entrave d’une aide humanitaire à grande échelle» à Ghaza et demande de «prendre de toute urgence» des mesures à cet égard pour «créer les conditions d’une cessation durable des hostilités».
Le texte exige également l’utilisation de «l’ensemble des voies d’accès et de circulation disponibles dans toute la Bande de Ghaza» pour l’acheminement de carburant, de nourriture et de matériel médical dans tout le territoire. «Nous savons que ce n’est pas un texte parfait, nous savons que seul un cessez-le-feu mettra un terme aux souffrances», a commenté l’ambassadrice des Emirats, Lana Zaki Nusseibeh, à l’origine du texte.
Mais «si nous ne prenons pas de mesures drastiques, il y aura une famine à Ghaza», et ce texte «répond par l’action à la situation humanitaire désespérée du peuple palestinien», a-t-elle ajouté avant le vote au siège de l’ONU à New York, décrivant «l’enfer qui se déchaîne» sur le territoire palestinien.
La résolution, résultat de longues discussions sous la menace d’un nouveau veto américain, a largement évolué depuis la version plus ambitieuse proposée dimanche par les Emirats. La référence à une «cessation urgente et durable des hostilités» présente dans le texte de dimanche a disparu, tout comme la demande moins directe de la version suivante d’une «suspension urgente des hostilités».
Un amendement russe voulant revenir à cet appel à une «suspension urgente des hostilités» a été bloqué par les Etats-Unis, recueillant 10 voix en faveur et 4 abstentions. Les membres du Conseil voulaient éviter un nouveau veto, alors que les habitants de la Bande de Ghaza sont désormais menacés par la famine.
Le Conseil de sécurité est largement critiqué pour son inaction depuis le début de la guerre. C’est la deuxième fois seulement qu’il parvient à se mettre d’accord sur un texte. Sa résolution précédente du 15 novembre appelait à des «pauses humanitaires».
Cinq autres textes ont été rejetés en deux mois, dont deux en raison de vetos américains, le dernier le 8 décembre. Les Etats-Unis avaient alors bloqué, malgré la pression inédite du secrétaire général de l’ONU, Antònio Guterres, l’appel à un «cessez-le-feu humanitaire», également jugé inacceptable par Israël.
Les négociations sur cette nouvelle résolution ont aussi été intenses autour des termes de la mise en place d’un mécanisme de suivi pour s’assurer de la nature «humanitaire» de l’aide. M. Guterres a estimé que le «vrai problème» pour l’acheminement de l’aide humanitaire à Ghaza est «la façon dont Israël conduit son offensive».
«Le vrai problème est la façon dont Israël conduit son offensive, qui crée des obstacles massifs à la distribution de l’aide humanitaire à Ghaza», a-t-il déclaré à la presse, insistant sur le fait qu’un «cessez-le-feu humanitaire est le seul moyen pour commencer à répondre aux besoins désespérés de la population de Ghaza et mettre fin au cauchemar qu’elle vit».