La situation humanitaire déjà désastreuse à Rafah, dans le sud de la bande de Ghaza, est encore aggravée par les fortes pluies qui se sont abattues mardi, provoquant des inondations dans les campements de déplacés.
Les bombardements israéliens se poursuivent sans relâche, engendrant un lourd bilan humain de 104 morts en seulement 24 heures, d’après les chiffres du ministère de la Santé à Ghaza. Parmi les victimes, au moins 30 ont été recensées dans la ville de Ghaza.
Le chef du mouvement palestinien Hamas, Ismaïl Haniyeh, accuse Israël de saboter les négociations en menant une opération d’envergure contre l’hôpital Al Shifa, situé dans une zone densément peuplée et abritant des milliers de civils ainsi que des patients et du personnel médical.
L’armée d’occupation israélienne prétend que 90 combattants du Hamas et du Jihad islamique auraient été tués dans ce complexe hospitalier, le plus grand de la région, ainsi qu’à ses abords, soulignant que plus de 300 personnes ont été arrêtées au cours de ces opérations militaires.
Dans les faits, il apparaît, selon des sources sur place, que même des médecins et des membres du personnel médical ont été embarqués par les forces de l’occupation.
L’armée sioniste mène en parallèle des assauts contre un autre complexe médical, Al Mawasi depuis l’aube de lundi. Il s’agit de la deuxième fois que ce complexe est pris pour cible depuis le début de l’agression israélienne contre la bande de Ghaza, en octobre 2023.
L’ONG Médecins sans frontières (MSF) a affirmé hier que la majeure partie des patients au centre de santé Al Mawasi, dans la ville de Rafah, au sud de la bande de Ghaza, souffrent de malnutrition.
«Nos médecins et infirmières travaillant au centre Al Mawasi dans la ville de Rafah tentent de fournir des soins aux Palestiniens vivant dans des conditions difficiles marquées par l’indisponibilité des denrées alimentaires et de l’eau potable», a déclaré Chris Lockyer, secrétaire général de MSF. «La sécurité du personnel médical, des patients et des civils doit être une ligne rouge», a-t-elle insisté.
Sur le front diplomatique, les pourparlers entre les «équipes techniques» se poursuivent au Qatar, avec un léger infléchissement de la position du Hamas, qui semble désormais ouvert à une pause dans les combats, après avoir initialement exigé un cessez-le-feu définitif.
Dans ce contexte, Antony Blinken, chef de la diplomatie américaine, se rend au Moyen-Orient dans l’espoir de parvenir à une trêve. Les Etats-Unis exercent également des pressions sur Israël pour éviter une offensive terrestre à Rafah, mettant en garde contre les conséquences humanitaires et diplomatiques désastreuses d’une telle action.
Suspendre l’accord commercial
Il est à noter un léger frémissement dans la posture de certains pays occidentaux, traditionnellement alliés à Israël. Le gouvernement canadien a décidé de cesser d’envoyer des armes vers Israël.
La ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a annoncé que cette décision fait suite à un vote au sein du Parlement canadien, avec 204 voix pour et 117 contre, d’une motion visant à stopper les ventes d’armes à Israël, après un débat prolongé.
Mélanie Joly a également précisé que la proposition inclut un appel au soutien à la création de l’Etat de Palestine en coordination avec les partenaires internationaux du Canada, ainsi qu’un appel à un cessez-le-feu immédiat à Ghaza. Cynique, le chef de la diplomatie israélienne, Israël Katz, dénonce «une atteinte au droit d’Israël à se défendre» (sic).
Mardi, plus de 200 organisations de la société civile ont appelé l’Union européenne (UE) à «suspendre sans délai» l’accord commercial avec l’entité sioniste en raison de son agression meurtrière contre Ghaza et sa violation des droits humains fondamentaux.
Le Comité pour l’abolition des dettes illégitimes (CADTM) en Belgique a publié sur son site une lettre ouverte adressée à de nombreux responsables de l’UE, dont la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le président du Conseil européen, Charles Michel, et le haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères, Josep Borrell.
Les organisations appellent l’UE à suspendre l’accord d’association UE-entité sioniste à la lumière des violations des droits humains commises par l’armée d’occupation dans la bande de Ghaza.
Il faut dire que la situation humanitaire à Ghaza est critique, Le ministère palestinien de la Santé a annoncé un nombre tragique de victimes : 31 923 morts et 74 096 blessés depuis le début de l’agression en octobre dernier, dont une majorité d’enfants et de femmes.
La situation humanitaire déjà désastreuse à Rafah, dans le sud de la bande de Ghaza, est encore aggravée par les fortes pluies qui se sont abattues mardi, provoquant des inondations dans les campements de déplacés.
Oum Abdoullah Alwan, une femme déplacée d’Al Jabaliya, installée sous une tente avec 14 membres de sa famille, raconte à l’AFP : «Nous ne faisons plus la différence entre la pluie, le tonnerre et les bombardements. Les enfants criaient de peur. Nous avons été submergés par l’eau de la pluie et nos affaires ont été trempées.»