L’aviation israélienne continue de pilonner Ghaza sans relâche depuis pratiquement un mois. L’agression, évoluant crescendo vers une opération d’extermination totale des populations civiles, est entrée hier dans son 30e jour.
Un mois de bombardements intensifs et interrompus sur l’enclave palestinienne ont ciblé hôpitaux, écoles, lieux de culte, zones résidentielles et tout ce qui bouge dans un territoire complètement assiégé par l’occupant israélien et en proie à une grave crise humanitaire. A cela sont venues s’ajouter des opérations au sol dans le sillage des destructions massives des infrastructures de base par l’armée d’occupation. Depuis presque un mois, plus de 18 000 tonnes de bombes ont été larguées sur la Bande Ghaza, selon l’agence Anadolu.
Le bilan humain de l’agression israélienne est très lourd au bout d’un mois de crimes atroces. Dans un décompte non définitif, le ministère de la Santé palestinien a indiqué hier que 9883 personnes ont été tuées et plus de 26 000 autres blessées à Ghaza et en Cisjordanie occupée dans des raids israéliens.
Le ministère a, cité par l’agence Wafa, révélé dans son rapport quotidien que 9730 morts et plus de 24 000 blessés ont été enregistrés dans la Bande de Ghaza, alors qu’en Cisjordanie le nombre de morts a atteint 153 depuis le 7 octobre dernier. Dans ce macabre décompte, les deux tiers des victimes sont des femmes, des enfants et des personnes âgées. Samedi soir, l’aviation israélienne a bombardé un camp de réfugiés de Meghazi, dans le centre de Ghaza. Au moins 45 personnes, en majorité des enfants et des femmes, ont été tuées et une centaine d’autres blessées dans ce bombardement.
L’occupant continue de cibler les hôpitaux
En Cisjordanie occupée, trois Palestiniens ont été tués hier par les forces israéliennes dans deux villes, selon le ministère palestinien de la Santé. Aussi, l’armée israélienne a encore ciblé ces dernières 24 heures les hôpitaux Echifa, El Qods et l’établissement Nasser de pédiatrie, selon des sources citées par l’agence Wafa. La folie meurtrière de l’entité sioniste ne s’est pas arrêtée là puisqu’elle a délibérément visé des convois d’ambulances transportant des blessés vers le point de passage de Rafah, à la frontière égyptienne. Le ministère de la Santé a en effet indiqué que le convoi qui est parti de l’hôpital Echifa a été bombardé trois fois samedi, causant 15 morts et des dizaines de blessés.
L’agence palestinienne d’information a également rapporté que l’un des générateurs électriques de l’hôpital Echifa a cessé de fonctionner en raison d’une pénurie de carburant et qu’un autre générateur fonctionnait encore et couvrait environ la moitié des besoins de l’hôpital. Selon le ministère de la Santé, 16 des 35 hôpitaux de la Bande de Ghaza ont cessé de fonctionner en raison des bombardements israéliens et de la pénurie de carburant. Les médecins y sont toujours obligés de pratiquer des opérations sans anesthésie, a ajouté la même source, tout en rappelant que les autorités d’occupation empêchent les patients de quitter la Bande de Ghaza pour se faire soigner dans les hôpitaux de Jérusalem et dans les Territoires palestiniens. On compte parmi eux 2000 patients atteints de cancer.
«Couloir maritime»
En outre, environ 1950 civils palestiniens sont toujours portés disparus, dont au moins 1050 enfants, la plupart auraient été ensevelis sous les décombres. Sur le plan diplomatique, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken multiplie les déplacements dans la région. Il a mis en garde hier, selon un porte-parole, contre le «déplacement forcé» des Palestiniens de la Bande de Ghaza, à l’issue d’une rencontre avec le président palestinien, Mahmoud Abbas, à Ramallah, en Cisjordanie occupée. Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a dénoncé lors de sa rencontre avec Blinken la guerre de génocide menée par Israël à Ghaza. «Je n’ai pas de mot pour décrire la guerre de génocide et les destructions que subit notre peuple palestinien à Ghaza de la part de l’appareil miliaire d’Israël, sans aucun respect des principes du droit international», a-t-il déclaré.
Blinken a, par ailleurs, tenté d’obtenir hier des avancées sur le sort de la population de Ghaza. Il s’est ainsi rendu à Chypre où il a rencontré le président Nikos Christodoulides pour discuter, selon la présidence chypriote, de la création d'«un couloir maritime», proposé par la petite île méditerranéenne afin de fournir une assistance humanitaire à Ghaza.
Un ministre israélien évoque le recours à la bombe atomique
C’est un appel de plus à l’intensification de l’entreprise génocidaire en cours à Ghaza. Le ministre israélien du parti d’extrême droite OtzmaYehudit (Force juive), Amihai Eliyahu, a fait savoir hier que l’«une des options possibles» à Ghaza était de «larguer une bombe atomique sur l’enclave palestinienne». Il a tenu ces propos incendiaires et provocateurs lors d’une interview accordée à la radio israélienne Kol Berama, appelant de ce fait à commettre davantage de massacres contre les populations civiles de l’enclave palestinienne. Il a ajouté, sur le même ton, que «quiconque brandit un drapeau palestinien ou du Hamas ne devrait pas continuer à vivre sur la surface de la terre». En réaction, le chef de l’opposition Yair Lapid a demandé le limogeage d’Eliyahu en raison de ses propos, qu'il a qualifiés de «choquants» et de «fous», soulignant que le Premier ministre, Benyamin Netanyahu, «doit le licencier».Les propos ont fait réagir le mouvement Hamas. Pour lui, ces déclarations reflètent «le terrorisme sans précédent que ce gouvernement exerce contre le peuple palestinien», a lancé Hazem Qassem, porte-parole du mouvement, cité par l’agence Sputnik. Face au tollé suscité par ses propos, Amichay Eliyahu a publié un message sur X affirmant que ses «propos concernant l’arme atomique sont métaphoriques». M. A.