Le bilan de l’agression est plus élevé de 41% par rapport aux statistiques diffusées : Plus 70 000 Palestiniens tués selon une étude britannique

12/01/2025 mis à jour: 17:37
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La population ghazaouie subit un drame inqualifiable depuis plusieurs mois - Photo : D. R.

Des chercheurs de plusieurs universités britanniques ont affirmé que le bilan de la guerre génocidaire menée par l’armée sioniste contre Ghaza est plus élevé de 41% de celui enregistré par le ministère de la Santé palestinien. Selon leur étude publiée par la revue médicale The Lancet, du 7 octobre 2023 au 30 juin 2024, ils ont recensé entre 55 298 et 78 525 décès contre 37 877 dénombrés par le ministère de la Santé, soit 2,9% de la population de Ghaza d’avant guerre.

Une pertinente étude de la revue médicale The Lancet révèle que le nombre de victimes de la guerre génocidaire israélienne contre Ghaza est plus élevé de plus de 41% par rapport aux statistiques du ministère de la Santé palestinien. Menée par de nombreux universitaires britanniques de London School of Hygiene and Tropical Medecine, de l’Université de Yale et de nombreuses institutions scientifiques, l’étude a concerné la période comprise entre le 7 octobre 2023 et le 30 juin 2024, durant laquelle  elle a estimé à «64 260 le nombre de Palestiniens morts à la suite de blessures traumatiques, dont 59,9% sont des femmes, des enfants et des personnes de plus de 65 ans.

Ce qui implique une sous-déclaration de 41% dans les estimations du ministère de la Santé». Les auteurs de l’analyse ont expliqué que les bilans quotidiens du ministère de la Santé de Ghaza reposent sur une compilation du nombre de décès enregistrés au niveau des hôpitaux, signalés par les membres des familles ainsi que des décès provenant de rapports médiatiques fiables.

Mais, ils restent loin de la réalité des chiffres qu’ils ont collectés lors de leurs recherches durant les neuf mois ayant suivi le 7 octobre 2023. Selon eux, entre «55 298 et 78 525 personnes sont mortes au 30 juin 2024, contre 37 877 dénombrés par le ministère de la Santé, et 59% des décès recensés, pour lesquels des données sur le sexe et l’âge étaient disponibles, étaient des femmes, des enfants et des personnes âgées».

L’analyse a révélé en outre que «la capacité du ministère palestinien de la Santé à conserver les dossiers électroniques de décès s’était auparavant avérée fiable, mais s’est détériorée avec l’intensification de la guerre génocidaire, les bombardements des hôpitaux et d’autres établissements de santé ainsi que les perturbations des communications numériques».

Pour les auteurs de l’étude, le bilan qu’ils ont établi «représente 2,9% de la population de Ghaza d’avant le déclenchement de la guerre génocidaire, c’est-à-dire 2,227 millions d’habitants...», lit-on dans l’étude. Celle-ci n’a pas manqué de rappeler  qu’au 6 octobre 2024, «le bilan officiel du ministère de la Santé palestinien  a fait état de 41 909 morts», avant d’ajouter : «En supposant que le niveau de sous-déclaration de 41% se soit maintenu de juillet à octobre 2024, il est plausible que le chiffre réel dépasse désormais 70 000.»

Les chercheurs ont expliqué que leur «analyse démontre l’utilité d’intégrer les données existantes provenant de sources alternatives, plutôt que de s’appuyer sur un seul chiffre, pour composer une estimation des décès signalés et non signalés dans des contextes touchés par un conflit armé et une violence extrême.

Notre utilisation de données récupérées sur les réseaux sociaux prolonge les efforts antérieurs d’Airwars, une organisation de suivi des victimes, qui a constaté qu’au cours des 3 premières semaines de l’opération militaire israélienne, 75% des décès signalés publiquement figuraient également sur la liste du ministère de la Santé (…) En revanche, nous avons constaté un chevauchement de 54%, soit 1721 sur 3190, pendant toute la période d’étude».

Les bilans du ministère de la santé de Ghaza : une estimation minimale

Les universitaires britanniques ont estimé en outre que «l’ampleur et les schémas âge-sexe des décès par traumatisme suscitent de graves inquiétudes quant à la conduite de l’opération militaire à Ghaza, bien qu’Israël ait déclaré agir pour minimiser les pertes civiles. La plupart  des décès, soit 59,1%, sont survenus parmi les femmes, les enfants et les personnes âgées, des groupes considérés comme particulièrement vulnérables dans les situations de conflit et moins susceptibles d’être des combattants. Le schéma âge-sexe de la mortalité pendant les conflits violents pourrait aider à enquêter sur les motivations des combattants, mais seulement dans un contexte de preuves beaucoup plus large.

L’absence de discrimination dans les meurtres selon l’âge et le sexe se manifesterait numériquement par un risque âge-sexe relativement stable, par exemple comme décrit par le Groupe inter-institutions des Nations unies pour l’estimation de la mortalité infantile pendant le génocide rwandais de 1994». Pour l’enquête, les décès sont dus uniquement aux blessures traumatiques. Ceux engendrés faute de soins de santé ou de nourriture, des milliers ne sont pas pris en compte dans les bilans, tout comme d’ailleurs le nombre de personnes ensevelies, que le ministère de la Santé a estimé à 11 000.

Les universitaires ont  examiné au moins trois listes à la recherche de doublons. «Nous n’avons retenu dans l’analyse que les personnes dont le décès a été confirmé par leurs proches ou par les morgues et l’hôpital», a déclaré, aux médias britanniques, Zeina Jamaluddine, épidémiologiste à la London School of Hygiene & Tropical Medicine et auteure principale de l’étude, précisant, à des agences de presse, dont l’AFP : «Nous avons ensuite examiné les chevauchements entre les trois listes, et sur la base de ces chevauchements, nous pouvons arriver à une estimation totale de la population qui a été tuée.»

L’analyse, ont écrit les universitaires, «confirme l’exactitude des chiffres de mortalité communiqués par le ministère de la Santé, mais suggère qu’ils doivent être considérés comme une estimation minimale sujette à une sous-estimation considérable». Ils ont affirmé que leurs conclusions «sous-estiment l’impact total» de la guerre génocidaire contre Ghaza, «car elles ne tiennent pas compte des décès non liés aux traumatismes résultant des perturbations des services de santé, de l’insécurité alimentaire et de l’insuffisance de l’eau et de l’assainissement.

Un commentaire récent suggère un nombre potentiel de décès excédentaires toutes causes confondues de 186 000 (…)». Pour eux, «les projections précédemment co-rédigées suggéraient que dans un scénario d’escalade, Ghaza aurait connu 2680 décès supplémentaires dus à des maladies non transmissibles, 2720 à des maladies infectieuses endémiques, 11 460 à des épidémies potentielles et 330 à des complications de santé maternelle et néonatale au cours de la période allant de février à août 2024 (…)».

En conclusion, les universitaires britanniques ont estimé qu’après cette guerre, «la reconstruction du système d’information sanitaire de Ghaza apparaît comme une priorité essentielle pour évaluer avec précision les impacts et soutenir les futurs efforts de santé publique.

Un système d’information sanitaire robuste est essentiel pour un reporting précis de la mortalité, une détection précoce des épidémies, une allocation efficace des ressources et une planification sanitaire éclairée à long terme». Ils ont souligné l’urgence du «besoin d’élargir l’accès humanitaire à toute la bande de Ghaza et de protéger le personnel de santé, les ambulances et les installations sanitaires fixes afin que les personnes souffrant de blessures traumatiques puissent accéder à des soins rapides et appropriés, réduisant ainsi le taux de mortalité».

Pour les auteurs de la recherche, «plus fondamentalement»,  leurs conclusions «justifient des initiatives diplomatiques immédiates pour parvenir à une cessation immédiate et durable des hostilités et à un accord durable qui comprend la libération des otages israéliens et des milliers de civils palestiniens emprisonnés par Israël.

Tout comme dans d’autres contextes, une enquête active sur les crimes de guerre potentiellement commis semble importante pour affirmer les principes de justice et tenir les auteurs de tous les camps responsables de leurs actes. Des analyses quantitatives similaires à la nôtre ont déjà éclairé ces enquêtes. Nous encourageons donc la communauté scientifique à compléter et à améliorer nos travaux, tout en les étendant à d’autres contextes».

Le bilan des journalistes tombés en martyrs s’alourdit à 203

Le bureau des médias à Ghaza a annoncé, vendredi, que le nombre de journalistes tombés en martyrs depuis le 7 octobre 2023 était passé à 203, suite à la mort en martyr de Saed Sabri Nabhen par les tirs d’un sniper de l’armée sioniste dans le centre de Ghaza.

Selon le bureau des médias, le journaliste Saed Nabhen, qui travaillait à la chaîne de télévision El Ghad, est tombé en martyr sous les balles d’un sniper de l’armée d’occupation sioniste lors d’une couverture de presse dans le nouveau camp de Nuseirat, dans le centre de la bande de Ghaza.

Au moins 203 journalistes et professionnels des médias font partie des 46 006 Palestiniens tombés en martyrs à Ghaza depuis le début de la guerre génocidaire sioniste le 7 octobre 2023 à Ghaza. Les journalistes du territoire palestinien sont confrontés à des risques particulièrement élevés, lorsqu’ils exercent leur travail au milieu d’attaques terrestres et aériennes sionistes et sont également visés par les tirs de l’armée d’occupation.

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