L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis tirent la sonnette d’alarme : «La capacité énergétique mondiale en déclin»

11/05/2022 mis à jour: 06:48
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L’Arabie Saoudite a réitéré que l’OPEP+ ne permettrait pas à la géopolitique d’affecter ses décisions

L’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis, membres pivots de l’OPEP, sonnent l’alarme face à la diminution de la capacité énergétique mondiale. Les ministres du Pétrole des deux pays du Golfe ont averti que la capacité inutilisée diminuait dans tous les secteurs de l’énergie, alors que les produits allant du brut au diesel et au gaz naturel se négociaient à des niveaux record à la suite de la crise ukrainienne.
 

«Je suis un dinosaure, mais je n’ai jamais vu ces choses», a déclaré hier le ministre saoudien, le prince Abdelaziz Ben Salman, – qui assiste aux réunions de l’OPEP depuis les années 1980 –, lors d’une conférence organisée à Abu Dhabi, faisant référence à la récente flambée des prix des produits raffinés. «Le monde doit s’éveiller à une réalité existante. Le monde est à court de capacité énergétique à tous les niveaux», a-t-il souligné, selon Bloomberg. Le ministre a fait des remarques similaires lundi, lors du même événement, affirmant qu’un manque d’investissement dans la production d’énergie et le raffinage entraînait une augmentation du prix du carburant. 
 

L’homologue du prince saoudien aux Emirats arabes unis, Suhail Al Mazrouei, a déclaré, pour sa part, lors du même panel, qu’à défaut de plus d’investissements à travers le monde, l’OPEP+ ne serait pas en mesure de garantir un approvisionnement suffisant en pétrole, lorsque la demande se remettra complètement de la pandémie de Covid-19. 
L’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis sont parmi les rares pays producteurs à investir dans une plus grande production. Ils dépensent des milliards de dollars pour augmenter leur capacité de brut de 2 millions de barils par jour à eux deux, d’ici la fin de cette décennie. La plupart des autres pays producteurs, indique Bloomberg, ont du mal à obtenir des financements pour développer leur production, alors que les actionnaires des grandes entreprises et les gouvernements encouragent depuis plusieurs années déjà le passage des combustibles fossiles aux énergies renouvelables.
 

Géopolitique
 

En dépit de ses prévisions, le prince saoudien Abdelaziz a réitéré que l’OPEP+ ne permettrait pas à la géopolitique d’affecter ses décisions. Les Etats-Unis ont tenté d’amener l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis à prendre leurs distances avec la Russie depuis le déclenchement du conflit en Ukraine. 
 

Le ministre émirati a déclaré que les prix avaient été poussés à la hausse par la «politisation» du marché pétrolier. «Les marchés du pétrole brut sont équilibrés et la volatilité est liée à des facteurs échappant au contrôle du groupe de producteurs de l’Opep+», a déclaré hier Suhail Al Mazrouei. «Quelque chose hors de notre contrôle est à l’origine du déséquilibre», a-t-il déclaré lors d’une conférence sur les services publics à Abu Dhabi, capitale des Emirats arabes unis. 
 

L’OPEP+ a convenu ce mois-ci d’une nouvelle augmentation modeste de son objectif mensuel de production de pétrole, arguant que le groupe ne pouvait pas être blâmé pour les perturbations de l’approvisionnement russe et affirmant que les blocages du coronavirus en Chine menaçaient les perspectives de demande.
Ignorant les appels des pays occidentaux à accélérer les hausses de production, le groupe a accepté d’augmenter son objectif de production de juin de 432 000 barils par jour, conformément à un plan existant pour lever les restrictions appliquées en 2020 lorsque la pandémie de Covid-19 a grignoté la demande.
 

S’exprimant lors de la même conférence, le ministre saoudien de l’Energie, le prince Abdelaziz Ben Salman, a déclaré qu’il était «ahurissant» que les gens se concentrent sur les prix élevés du pétrole et non sur l’essence ou le diesel, par exemple. Il a déclaré que la crise ukrainienne est un problème euro-russe, ajoutant que l’OPEP laisse la politique «hors de ses réunions». 
 

Des marges de raffinage du pétrole plus élevées, et non pas seulement le prix du brut, font augmenter les coûts du carburant pour les consommateurs, a déclaré pour sa part le ministre émirati Al Mazrouei. «L’extrême volatilité n’est pas due à l’offre et à la demande, c’est parce que quelques-uns ne veulent pas acheter certains bruts et qu’il faut du temps aux commerçants pour passer d’un marché à un autre», a-t-il déclaré, faisant allusion aux efforts occidentaux en vue de contourner le brut russe. «L’idée d’essayer de boycotter certains bruts va être risquée, quels que soient les motifs derrière cela», a ajouté Suhail Al Mazrouei.

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