D’après nombre de plateformes spécialisées dans l’aéronautique, comme le FlightAware, citées par la presse internationale, pas moins de 1000 vols ont déjà été annulés après que plusieurs compagnies aient décidé de clouer au sol des dizaines de Max 9 en exploitation.
L’incident aérien survenu sur un vol de l’Alaska Airlines, aux Etats-Unis, le vendredi 5 janvier 2024, a plongé le monde du transport aérien dans de fortes turbulences. En pleine altitude, environ 5000 m, et quelques minutes après son décollage de Portland, dans l’Oregon, un Boeing 737 Max 9 a perdu une porte de secours, un hublot et un siège inoccupé, suite à l’explosion d’un panneau du fuselage.
Fort heureusement, les 171 passagers et six membres d’équipage qui étaient à son bord s’en sont sortis indemnes. Plusieurs compagnies aériennes ont décidé du maintien au sol de leurs appareils Max 9, et ce, sur instruction de Federal Aviation Administration (FAA), l’autorité américaine de régulation de l’aviation civile, à laquelle s’est référé le constructeur américain.
C’est donc un vent de panique générale qui s’est emparé des compagnies aériennes opérant avec ce modèle d’avions, notamment Alaska Airlines et United, qui en exploitent, à elles seules, 144 sur les 218 en circulation à travers le monde. De plus en plus nombreuses sont celles qui commencent à douter de la qualité en matière de sécurité et des performances techniques des 737 Max 9.
D’après nombre de plateformes spécialisées dans l’aéronautique, comme le FlightAware, citées par la presse internationale, pas moins de 1000 vols ont déjà été annulés après que plusieurs compagnies aient décidé de clouer au sol des dizaines de Max 9 en exploitation. En Europe, l’évolution de cette affaire, qui a ébranlé le monde de l’aviation civil, est suivie de très près, bien qu’aucun opérateur n’y utilise le 737 Max 9 avec les options techniques concernées.
Autre continent, autres incidences
Actuellement, en Afrique, à l’exception d’Air Tanzania, cette famille d’aéronefs ne serait pas encore en circulation. L’essentiel du parc d’Ethiopian Airlines et de plusieurs autres grands transporteurs, à l’image de Royal Air Maroc, Kenya Airways ou de Asky Airlines (compagnie panafricaine-Togo), etc., étant constitué de Max 7 et Max 8, à en croire une agence d’information dédiée à l’actualité économique africaine basée à Genève, qui a tenu à rappeler le crash de l’Ethiopian Airlines et ses 157 morts, survenu en 2019, peu après un autre accident d’un vol de Lion Air avec 189 décès.
Les défaillances techniques sur les appareils impliqués, révélées dans les rapports d’enquête avaient, à l’époque, poussé toutes les compagnies du monde à clouer au sol les 737 Max pendant près de deux ans.
Mais dans le bien étoffé carnet de commandes de l’avionneur américain figure Air Algérie. Dans le cadre de la stratégie présidentielle visant à moderniser la flotte de la compagnie aérienne nationale, à l’aligner sur les normes internationales de l’industrie aéronautique, ainsi qu’à renforcer la position du pays sur les liaisons internationales mais aussi en tant que hub régional de transport aérien, est, en effet, projeté l’acquisition d’une quinzaine de nouveaux aéronefs auprès d’Airbus et de Boeing.
Le premier constructeur devrait fournir cinq appareils (gros porteurs) de Type A330-900 (module 280-320 sièges) et deux autres de type A 350-1000 (module 350-450 sièges). Les livraisons étant attendues pour 2025 et 2026.
S’agissant de Boeing, la commande ferme de huit appareils (moyens porteurs) de type 737 Max 9 (module 170-210 sièges), modèle phare de l’avionneur américain, et dont le premier devrait être livré en 2027, a été confirmée avec la signature du contrat entre les deux parties mi-mai 2023.
Pas que : en attendant la réception de ces commandes, les plus hautes autorités du pays ont, en outre, opté pour l’acquisition d’une dizaine d’autres avions en «leasing opérationnel» d’une durée de cinq ans maximum ; six gros porteurs (quatre de la famille A330 et deux A330-900) et quatre monocouloirs (deux 737-800 et deux Max 9), en l’occurrence.
En plus des avions de passagers, Air Algérie a prévu de doter sa flotte de deux Boeing 737-800BCF (Boeing Freighter) pour le transport de fret.
La question que d’aucuns se posent : avec la survenue de l’incident du 737 Max 9 de l’Alaska Airlines et aujourd’hui que, pour les compagnies les opérant ou celles projetant de le faire, comme Air Algérie, le doute en matière de sécurité et de performances techniques s’est à nouveau installé, quelles pourraient être les mesures que risque de prendre notre pays, lui qui a déjà passé une commande ferme de huit appareils, et ce, outre les deux autres en leasing ?
De l’avis d’un juriste expert en arbitrage international, «la décision de maintien au sol et la suspension des vols des avions du même type que l’avion qui a crashé ou qui a subi un incident aérien est une reconnaissance implicite d’un soupçon de défaut de fabrication. Nous sommes devant l’existence d’un vice caché dans les aéronefs. Cette situation autorise la résiliation du contrat aux torts du fabricant».