Face aux tensions sécuritaires et les turbulences de l’économie mondiale, préfigurant une nouvelle architecture des relations internationales entre 23023/2030, l’Afrique ,contient à fortes potentialités, enjeux du XXIème siècle, expliquant les rivalités des grandes puissances et de certains pays émergents , étant le théâtre d’affrontement par procuration, en dernière date le drame au Soudan, devant éviter de plaquer de schémas importés, devant tenir compte de sa riche anthropologie culturelle, sera ce que les dirigeants chargés de gérer la Cité voudront qu’elle soit
1-Les enjeux géostratégiques sur le plan sécuritaire
Le monde traverse une turbulence inégale comme en témoigne l’accroissement des budgets militaires à travers le monde .Selon un rapport de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri) du 13 mars 2023, tirés par la guerre en Ukraine, qui pousse les budgets européens vers le haut, mais aussi par les tensions non résolues et croissantes en Asie de l’Est » entre la Chine, d’un côté, et, de l’autre, les Etats-Unis et leurs alliés asiatiques, selon l’AFP les dépenses militaires ont atteint en 2022 , tous continents confondus 2240 milliards de dollars soit 2,2% du PIB mondial .
Les Etats-Unis ont représenté 39 % des dépenses mondiales en 2022, la Chine, (13 %), soit plus de la moitié des investissements militaires du globe, la Russie (3,9 %), Inde (3,6 %) et Arabie saoudite (3,3 %), l’Europe 480 milliards de dollars, le Royaume-Uni étant à la sixième place (3,1 % ), devant l’Allemagne (2,5 %) et la France (2,4 %) − des chiffres qui incluent les donations à l’Ukraine, qui a concentré 31% des importations d’armement en Europe. Toujours selon cet institut entre 2018 et 2022, le poids respectif des trois gros exportateurs – Etats-Unis, Russie et France – s’est considérablement modifié par rapport à la période 2013-2017, les Américains détenant fin 2022, 40 %, la Russie passant de 22 % à 16 %, et la France de 7,1 % à 11 %, loin devant la Chine (5 %) et l’Allemagne (4 %).
Les 10 plus importants budgets de défense en Afrique pour l’année 2020 sont Algérie : 9,7 milliards de dollars ; Nigeria : 5,8 milliards de dollars ; Maroc : 5,4 milliards de dollars ; Égypte : 4,3 milliards de dollars ; Libye : 3,4 milliards de dollars ; Afrique du Sud : 2,9 milliards de dollars ; Kenya : 1,1 milliard de dollars ; Tunisie : 1,1 milliard ; Angola : 1 milliard de dollars et Ouganda , 934 millions de dollars. L’ensemble des pays africains ont consacré 39,4 milliards de dollars en achat d’armes, ce qui représente une baisse de 5,3% par rapport à 2021 et de 6,4 % par rapport à 2013 et pour Sahel, nous avons un total de 20,3 milliards de dollars en 2022 dans l’armement, soit une baisse de 7,3 % par rapport à 2021 et de 18 % par rapport à 2013. Les importations d’armes réalisées par l’ensemble des Etats africains entre 2018 et 2022 ont chuté de 40 % en comparaison avec la période 2013, les plus importantes baisses de dépenses militaires en Afrique ayant été enregistrée au Nigeria, moins de 38% entre 2021 et 2022 et de l’Afrique du Sud moins de 8,4% pour atteindre en 2022 3 milliards de dollars..
Pour 2022, l’Algérie le plus grand pays du pourtour méditerranéen et de l’Afrique qui partage un total de 6343 kilomètres de frontières terrestres avec 7 pays voisins qui sont le Maroc (1559 km), le Sahara Occidental (42 km), la Mauritanie (463 km), le Mali (1376 km), le Niger (956 km), la Libye (983 km), et la Tunisie (965 km) a consacré plus 19 milliards de dollars au secteur militaire et à la défense nationale , ce programme de modernisation a permis d’avoir une armée performante qui figure parmi les plus puissantes d’Afrique. le Maroc ayant consacré plus de 5 milliards de dollars , 4% du PIB une augmentation de 6% par rapport à 2021, achetant son armement essentiellement des Etats Unis d’Amérique, avec plus de 90% des acquisitions.
Plusieurs pays exportateurs d’armes se disputent l’influence en Afrique subsaharienne, la Russie ayant dépassé pour la première fois la Chine pour devenir le plus grand fournisseur de la région, où sa part des importations d’armes par les est passée de 21% durant la période 2013-2017 à 26% au cours de la période 2018-2022, tandis que la part de la Chine a chuté de 29 % à 18 %,. la France ayant augmenté sa part de 4,8 % à 8,3 %, ce qui fait d’elle le troisième plus grand fournisseur d’armes à l’Afrique subsaharienne. Concernant que les armes dites majeures (avions, systèmes de défense antiaérienne, blindés, missiles, navires, satellites, etc.) les autres principaux fournisseurs d’armes aux pays africains au cours des cinq dernières années sont les Etats-Unis (16%), la Chine (9,8 %) et la France (7,6 %) et la Russie 40 %., Au total, l’Afrique représente 5% des importations d’armes enregistrées à l’échelle mondiale durant les cinq dernières années contre 41% pour la région Asie & Océanie, 31% pour le Moyen-Orient, 16% pour l’Europe et 5,8% pour les Amériques, les pays d’Afrique subsaharienne ayant représenté 2 % du total des importations mondiales d’armes majeures entre 2018 et 2022.
Ces achats sont venus s’ajouter aux centaines de milliers d’armes tous genres , dont 15000 missiles sol-air étaient dans les entrepôts de l’armée libyenne, qui ont été accaparés par différents groupes qui opèrent au Sahel, puis par d’autres groupes terroristes venus d’autres régions : Avec les ingérences de puissances étrangères, en Afrique enjeu du XXIème siècle, notamment en Libye, au Mali, et récemment les tensions au Soudan du Nord ( 46 millions d’habitants) qui risquent de bouleverser toute la carte géopolitique de la région ( déstabilisation) avec des impacts sécuritaires, , favorisant le terrorisme et les flux migratoires car , ayant des frontières avec l’Érythrée à l’est, par l’Éthiopie au sud-est, par le Soudan du Sud au sud, par la République centrafricaine au sud-ouest, par le Tchad à l’ouest, par la Libye au nord-ouest et par l’Égypte au nord.
D’une manière générale, pour l’Afrique, pour lutter contre le terrorisme devant s’attaquer à l’essence , une bonne gouvernance et le développement, le tout sécuritaire ayant des limites, il y a urgence d’une coopération des pays de la zone devant de lever les contraintes du fait que la corruptibilité générale des institutions, pèsent lourdement sur les systèmes chargés de l’application des lois et la justice pénale en général qui ont des difficultés à s’adapter aux nouveaux défis posés par la sophistication des réseaux du crime organisé. La collaboration inter-juridictionnelle est ralentie par l’hétérogénéité des systèmes juridiques en Afrique . De plus, la porosité des frontières aussi bien que la coordination entre un grand nombre d’agences chargées de la sécurité aux frontières posent des problèmes où la stratégie doit viser à attirer graduellement les utilisateurs du système informel vers le réseau formel et ainsi isoler les éléments criminels pour mieux les cibler tout en diminuant les dommages collatéraux pour les utilisateurs légitimes.
2.-les impacts des turbulences de l’économie mondiale sur l’Afrique
Sur le plan économique, selon le rapport du FMI d’ avril 2023, dans un contexte caractérisé par les perturbations du secteur financier, le niveau élevé de l’inflation, les tensions en Ukraine, en Asie( Taiwan) et l’héritage de trois années de pandémie de COVID-19 , les taux de croissance loin des années passées des BRICS et les très faibles taux de croissance de la majorité des pays développés, rendent incertaines les perspectives de l’économie mondiale pour 2023..
L’inflation globale mondiale devrait passer de 8,7 % en 2022 à 7 % en 2023 mais pour la plupart des pays, l’inflation ne devrait pas revenir à son niveau d’ avant 2025. Le PIB en 2022 des USA (24796 milliards de dollars , la Chine 18460 milliards de dollars ( 72% du PIB des BRICS) et l’Europe 17180 y compris le Royaume Uni accaparent plus de 60% du PIB mondial estimé à 100.000 milliards de dollars en 2022 alors que le PIB de l’ensemble du continent africain approche les 2980 milliards de dollars, extrapolé en 2027 à 4600 milliards de dollars, sous réserve de l’impulsion de la zone d libre échange et d’une plus forte intégration sous régionales existant des Afriques et non pas une Afrique, ( 11/12% actuellement) , un PIB largement inférieur à celui d’un seul pays l’Allemagne 3867 milliards de dollars , restent donc un long chemin à parcourir D’après les prévisions de référence, la croissance devrait ralentir de 3,4 % en 2022 à 2,8 % en 2023, avant de s’établir à 3,0 % en 2024.
Les pays avancés ont eu 2,7% de taux de croissance en 2022 et une prévision de 1,3% en 2023 dont : les USA 3,4% en 2022 et 2,8% en 2023, la zone euro 3,5% en 2022 et 0,8% en 2023 dont les deux locomotives 1,8% en 2022 et négatif en 2023 moins 0,1% pour l’Allemagne avec 2,6% en 2022 mais contrairement aux prévisions du FMI , pour le gouvernement, l’Allemagne devrait connaître une croissance de 0,3% de son PIB en 2023, échappant ainsi à la récession grâce à la baisse des prix de l’énergie, et malgré une forte inflation à 6,0 et pour la France 0,7%, mais 0,6% selon l’INSEE . Pour les pays émergents et pays à revenus intermédiaires nous avons 3,9% en 2022 et taux identique en 2023 et les pays en voie de développement 5,0% en 2022 et 4,7% en 2023.
Pour la locomotive de l’économie mondiale à savoir la Chine, il est prévu 5% en 2023 contre 3% en 2022 mais loin des taux de croissance de 7/8% du passé pour absorber la demande d’emploi du fait de la forte croissance démographique. dont d’ailleurs 60/70% de ses exportations sont en direction de l’Europe et des USA. Pour les autres pays , nous avons : l’Inde 6;8% en 2022 et 5,2% en 2023, la Russie 2 ;1% en 2022 et 0,7% en 2023, le Brésil 2,9% en 2022 et 0,9% en 2023, le Mexique 3 ;1% en 2022 et 1,8% en 2023 , le Nigeria 3,3% en 2022 et 3,2% en 2023 et l’Afrique du Sud 2,0% en 2022 et 0,1% en 2023.
Cette situation caractérise le système financier international , avec la faillite de banques américaines spécialisées dans les crypto-monnaies dont la Silicon Valley Bank (SVB), la «banque de la tech» et de Signature Bank, également proche du monde des cryptos., la faillite du Crédit Suisse, qui compte parmi les 30 plus importantes banques du monde afin d’éviter un impact systémique, la Banque nationale suisse (BNS), ayant accepté de débloquer des liquidités pour 100 milliards de dollars en faveur de Crédit Suisse dans le cadre de l’accord du rachat par UBS fin mars 2023 et récemment de nouveaux scandales financiers touchant cinq établissements bancaires français : la Société générale, BNP Paribas, Natixis, HSBC et Exane, une filière de la BNP Paribas spécialiste des investissements financiers avec une fraude fiscale estimée provisoirement à plus de 150 milliards d’euros , a amplifié l’endettement des Etats sous la pression sociale où le montant total de la dette mondiale publique et privée est estimé en 2022 à environ 300 000 milliards de dollars, contre 226.000 en 2020.
En conclusion , les tensions géostratégiques sécuritaires et les turbulences de l’économie mondiale à travers, le relèvement des taux d ‘intérêts des banques centrales pour juguler l’inflation ont eu pour effet d’une part par les ingérences étrangères d’accroître l’instabilité et les conflits au niveau du continent et sur le plan économique de freiner le développement et d’accélérer le renchérissement des prêts, ayant fait exploser le montant des dettes extérieures de bon nombre de pays en voie de développement dont l’Afrique.
Environ 60 % des pays les plus pauvres sont actuellement exposés à un risque élevé de surendettement ou déjà surendettés, surtout sur le continent Afrique fortement connectée à l’économie mondiale à travers ses importations et ses exportations accentuant la dette où selon le rapport de la Banque mondiale , à fin 2021, le stock de la dette extérieure totale des pays du continent Afrique s’est établi à 1074 mds de dollars, dont 790 mds contractés par les pays d’Afrique subsaharienne et 284 mds par les pays africains de la région Mena (Moyen-Orient et Afrique du Nord
Pr Abderrahmane Mebtoul
Expert international
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