L’Afrique dans le viseur de Netanyahu

29/08/2023 mis à jour: 06:53
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L’offensive israélienne en Afrique se poursuit. La rencontre secrète entre la ministre libyenne des Affaires étrangères Najla Al Mangoush et son homologue israélien Eli Cohen à Rome, la semaine dernière, n’est qu’une preuve supplémentaire de la persistance des tentatives de l’entité sioniste de se rapprocher d’autres pays africains afin d’étendre sa présence sur le continent.

Au-delà des réactions qu’elle a pu susciter en Libye – de la suspension de la ministre Najla Al Mangoush à l’ouverture d’une enquête –, cette rencontre dite «fortuite» renseigne sur les moyens diplomatiques déployés par le gouvernement de Benyamin Netanyahu dans le but de briser le mur qui le sépare de certains pays africains, comme la Libye qui est historiquement opposée à toute normalisation avec l’entité sioniste.

Au pouvoir depuis 2009, le Premier ministre Benyamin Netanyahu a fait de la conquête de l’Afrique son axe prioritaire. Après un début plutôt discret, il a fini  par afficher clairement ses intentions en lançant en février 2016 le slogan «Israël est de retour en Afrique». Quelques mois plus tard, il a fait une tournée en Ouganda, au Kenya, en Ethiopie et au Rwanda. Le 31 mai de la même année, son chef de la diplomatie, Yaïr Lapid,  a affirmé à partir de Paris que le retour d’Israël en Afrique est «une priorité».

L’arrivée en janvier 2017 de Donald Trump à la tête de la Maison-Blanche a fortement renforcé cette volonté de l’entité sioniste d’intensifier sa présence en Afrique. Les Accords d’Abraham, signés en septembre 2020 entre Israël et les Emirats arabes unis, d’une part, et entre Israël et Bahreïn, d’autre part, ont ouvert la voie à la normalisation d’autres pays arabes avec l’entité sioniste. Ainsi, après les Emirats arabes unis et le Bahreïn, c’était au tour du Soudan, pourtant historiquement hostile à l’entité sioniste, de normaliser ses relations en octobre 2020. Deux mois plus tard, plus exactement le 10 décembre 2020, c’était au tour du Maroc de le faire, malgré un rejet populaire massif.

Le makhzen est allé encore plus loin dans cette relation en signant des accords sur l’achat d’armes et la coopération dans le domaine du renseignement et de l’espionnage. La présence israélienne en Afrique ne date pas d’aujourd’hui. Elle a commencé quelques années après sa création sur les terres palestiniennes en 1948. En effet, le premier pays africain à établir des relations diplomatiques avec Israël est le Ghana, en 1956. Au début des années 1970, l’entité sioniste avait des relations diplomatiques avec une trentaine de pays africains. L’écrasante majorité des Etats africains a fini par rompre ses relations diplomatiques avec Israël à la suite de son agression militaire en 1973 contre l’Egypte, membre de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), ancêtre de l’Union africaine.

Si certains pays comme le Zaïre, le Cameroun et le Liberia ont rétabli leurs relations dans les années 1980, les autres pays ont attendu jusqu’aux Accords d’Oslo en 1993, signés entre Palestiniens et Israéliens. Aujourd’hui, l’entité sioniste entretient des relations diplomatiques avec une quarantaine de pays africains et possède une quinzaine d’ambassades. S’appuyant sur certains pays alliés comme le Maroc, l’Ethiopie, le Kenya, le Rwanda ou encore le Cameroun, Israël a même tenté d’être membre observateur au sein de l’Union africaine en 2021. Une opération qui a été bloquée grâce, notamment, à des pays comme l’Algérie et l’Afrique du Sud qui refusent toute normalisation avec l’entité sioniste qui mène une politique d’apartheid en Palestine occupée.

D’ailleurs, le représentant de l’entité sioniste a été expulsé du dernier sommet de l’UA en février 2023. Mais Israël continue de manœuvrer pour renforcer sa présence en Afrique qu’il considère comme vitale pour son existence. Pourquoi veut-il coûte que coûte étendre son influence en Afrique ? Sa principale motivation est d’être reconnu par tous les Etats africains. L’entité sioniste cherche également à contrer l’influence de l’Iran en Afrique. Mais pas que ça.

Elle veut profiter des richesses des pays africains et obtenir des marchés notamment dans le domaine de la défense et de la sécurité. Pour ce faire, elle utilise tous les moyens pour déstabiliser ses adversaires. Elle propose en revanche à ses alliés des services dans le domaine de la sécurité et de la guerre cybernétique. D’ailleurs, l’entité sioniste a bien fourni au Maroc deux logiciels d’espionnage (Pegasus et Team Jorge) utilisés dans la surveillance de sa population et dans l’espionnage des pays voisins.

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