Il est tout d’abord utile de souligner que la question du pouvoir d’achat et inflation est un sujet important dans un contexte d’inflation élevé qui peut constituer le cancer de l’économie d’un pays.
En effet, cette question occupe le devant de l’actualité nationale en Algérie, à savoir constituant l’un de ces mots que l’on entend à la télévision ou que l’on lit dans les journaux en permanence, parce que c’est la plus grosse plaie économique du moment. Ce qui nuit et réduit le pouvoir d’achat, affaiblit les entreprises, les investisseurs et génère également l›incertitude. Mais le marché s’impose de sa propre logique basée sur l’offre et la demande.
A notre humble avis, l’inflation par la réalité des prix du marché selon cette logique universelle pourrait être positive en contrepartie pour opérer une redistribution des créanciers vers les débiteurs et du capital vers le travail. Or, ce n’est pas le cas pour notre pays de ce rééquilibrage, dont a le plus besoin aujourd’hui notre pays pour soutenir l’économie et le développement de nos entreprises.
Oui, l’inflation n’a pas que des effets négatifs sur l’économie. Elle apporte aussi sa part d’opportunités, notamment en profitant de l’inflation pour se développer ou améliorer les ratios de gestion d’une entreprise ou encore réduire les déficits budgétaires de l’Etat, mais pas toujours évident à saisir. Il est important de rappeler que l’inflation est en effet devenue à la fois l’indicateur et le déterminant de la crise économique et sociale que traverse notre pays. Mais que signifie-t-elle réellement ?
Examinons ce qu’est l’inflation et quelques-uns des avantages et inconvénients qu’il est important de comprendre ? Telle est la question qui guide la réflexion développée dans cette modeste contribution. Le pouvoir d’achat normalement doit évoluer en fonction des variations des indices de prix et des revenus disponibles. En effet, la finance est très présente dans le monde. Elle a un impact sur tout le monde : Etat, individus, familles, entreprises. Bien qu’elle semble compliquée, la finance consiste essentiellement à décider de ce que l’on veut acheter, à obtenir l’argent nécessaire pour l’acheter et à gérer efficacement les ressources que l’on possède déjà.
Nous allons donner brièvement un aperçu : Pourquoi l’inflation est là pour durer et aussi quelles conséquences sur l’économie et la finance et pour lesquelles on sait que l’Etat a déjà pris une série de mesures à cet effet, qui appuieront la préservation du pouvoir d’achat des citoyens ou susceptible d’alléger la pression inflationniste croissante qui pèse sur le pouvoir d’achat des ménages et l’économie nationale en général.
Ces mesures sont liées aux augmentations des salaires et retraites, relèvement du SMIG et tout en limitant encore la hausse des factures d’eau, de gaz, d’électricité, de carburant, etc. La baisse des taxes et droits de douanes pour faire baisser les prix des produits à large consommation (alimentaires et médicaments), comme aussi des mesures nécessaires pour approvisionner le marché national de ces produits pour assurer leur disponibilité. Dans un contexte d’inflation, le taux d’inflation optimal doit être autour de 3 et 4%, pour qu’il stimule la croissance et l’investissement. Un taux d’inflation élevé à cette norme est insupportable et peut devenir le cancer de l’économie d’un pays, sachant qu’il affaiblit les investisseurs à investir, voire la baisse (dévaluation) continue de la valeur d’une monnaie d’un pays.
Un taux d’inflation élevé peut être aussi néfaste pour une économie d’entreprise, car ses produits ne sont plus rentables à produire, puisque l’inflation provient surtout de la faiblesse de la production, de la productivité et du taux d’intégration industriel des entreprises. Il va sans dire quand l’entreprise va, tout va pour que la valeur travail retrouve «un lustre perdu, il faut redonner de la valeur au travail, afin de mettre en valeur l’entreprise». La maîtrise de l’inflation et l’amélioration du pouvoir d’achat se mesurent par la contribution à la valeur ajoutée et les performances économiques des entreprises. C’est à cette condition-là que l’on peut se prémunir des dangers potentiels de l’inflation sur les citoyens, les
entreprises et l’Etat.
En effet, l’inflation est un phénomène économique ou monétaire organique qu’un gouvernement d’entreprise ou une banque centrale en bonne santé peut contrôler. Lorsqu’elle est faible, l’inflation peut être le signe d’une économie forte, c’est un peu la question qui résume l’esprit et la culture d’entreprise pour réussir un renouveau socio-économique et créer plus de richesses et mener à bien la politique économique d’un pays.
Certes, les indicateurs macro-économiques prometteurs et encourageants pour mener à bien la politique économique du pays. Selon le Premier ministre Aimène Benabderrahmane lors de la Déclaration de politique générale du gouvernement à l’APN a évoqué notamment la question de l’inflation liée au pouvoir d’achat et la hausse des prix des produits alimentaires, à savoir que la croissance est de retour qui devrait s’établir à 5,3% et le taux d’inflation qui doit baisser de 9,5% à 7, 5% à la fin de l’année 2023 et le plein-emploi est assuré pour maintenir cette croissance par des efforts constants de l’Etat, à travers la croissance de la dépense publique. Pour préserver le pouvoir d’achat des Algériens.
Pour rappel, cette inflation globale et généralisée était à 9,3 en 2022, alors qu’elle était de 7,2 en 2021. Selon les prévisions du Fonds monétaire international (FMI), la dette publique avoisinerait ainsi 68% du PIB à la fin 2024. Quant à l’inflation, elle se résorberait partiellement, notamment devrait s’atténuer légèrement à 7,8 % en 2023 et 6,4 % en 2024, mais elle doit rester relativement élevée à moyen terme. Cela pourrait affecter, à notre humble avis, le seuil de pauvreté, la précarité de l’emploi, l’érosion du pouvoir d’achat et la dépréciation de la monnaie nationale, puisque la norme d’une inflation positive, comme nous l’avons indiqué ci-dessus, doit situer autour de 3% et 4%.
En effet, à cet égard, les raisons de la hausse des prix multiples et généralisés des biens, produits et services à la consommation marqués, aujourd’hui par la persistance de l’inflation généralisée où les prix passant du simple au double s’expliquent, à notre humble avis, par cinq raisons essentielles.
La première est la dépréciation de la monnaie nationale, le taux d’intérêt créditeur accordé par les banques aux épargnants est inférieur au taux d’inflation réelle et la création excessive de la monnaie sans rapport avec la croissance économique réelle, gonflant d’ailleurs artificiellement les recettes fiscales et les prix.
La deuxième raison est due à l’absence d’une politique salariale cohérente privilégiant le principe «travailler plus, gagner plus», car la croissance économique potentielle permet grandement d’influer positivement sur les prix à la consommation. La troisième raison est la non-proportionnalité persistante entre les énormes déficits budgétaires et la croissance économique constatés ces trois dernières décennies, générant et accumulant des pressions sur l’inflation et, par conséquent, sur la hausse des prix.
La quatrième raison concerne les marchés bancaires et financiers non concurrentiels et insuffisamment impliqués sur les marchés financiers pour financer l’économie nationale ou lutter contre la récession économique, la gestion active du taux d’intérêt bancaire ne jouant pas encore son rôle normatif attractif de l’épargne pour agir sur le niveau des prix des biens et services et, par conséquent, juguler le niveau d’inflation avec un impact au niveau du pouvoir d’achat.
La cinquième raison est l’existence d’un secteur privé national porté jusqu’à présent par un «capitalisme familial» et le secteur public qui est géré, quant à lui, par une logique de capitalisme d’État ou de rente. Ces deux secteurs peinent encore à faire entrer l’Algérie dans le cercle des pays émergents. Dans ce contexte, les entreprises se trouvent obligées de revoir leur politique salariale, financière, de gouvernance, de gestion et l’Etat de revoir ses choix et sa politique économique et budgétaire. L’entreprise ne peut se désintéresser de ces choix et de leur évolution, car ils interagissent ensemble sur la conjoncture socio-économique du pays.
En effet, l’entreprise est le cadre de la vie quotidienne de millions d’Algériens et d’Algériennes où s’effectue collectivement le travail salarié. Selon les statistiques, la population active en Algérie est évaluée à un peu plus de 12 millions, dont le travail temporaire dans nos entreprises est de 40% dans le secteur public et 84% dans le secteur privé. Près de 70% ont un revenu net inférieur à 30 000 DA par mois, consacrent 80% de leurs revenus à l’alimentation, soins médicaux et produits de l’électroménagers.
Les travailleurs et retraités vivent des fins de mois de plus en plus difficiles, marqués par la cherté de la vie. En effet, le rapport masse salariale-produit intérieur brut (PIB) est inférieur à 30 % en Algérie, alors qu’il atteignait plus de 45% à la fin des années 1970. Dans les pays développés et émergents, le taux est de 60%. Ce ratio nous indique que les travailleurs reçoivent 60% des richesses créées par l’entreprise.
Il faut préciser qu’hormis le secteur de la Fonction publique, la problématique des salaires est moins liée aux politiques économiques du gouvernement qu’au développement et à la croissance des entreprises. La maîtrise de l’inflation et l’amélioration du pouvoir d’achat se mesurent par la contribution à la valeur ajoutée et les performances économiques des entreprises.
Ainsi, l’évolution des marchés n’est plus liée aux politiques économiques de l’État, mais aux performances économiques et à la capacité de l’entreprise sur les marchés. Cela vise à créer une économie d’entreprise technologique, compétitive et concurrentielle, dont la devise est «Faire de l’entreprise un bien commun» dans laquelle le secteur économique privé doit jouer le rôle le plus important pour être en mesure de corriger les grandes faiblesses structurelles qui subsistent dans l’économie nationale. En effet, la croissance économique potentielle permet grandement d’influer positivement sur les prix à la consommation.L’urgence est de transformer la société qui va avec une politique salariale cohérente privilégiant le principe «travailler plus, gagner plus ou encore travail égal, salaire égal».
On peut dire que c’est le salaire parfait qui optimiserait le bonheur des Algériens, cela permet de soutenir l’émergence et le développement accélérés de nos entreprises ayant le potentiel industriel et managérial pour devenir des leaders d’envergure mondiale dans leur domaine. Sinon «la révision des salaires à la hausse sans l’augmentation de production et de productivité accélère l’inflation qui a pour nom «cancer de l’économie». Il y a un réel problème économique de fond, sachant que les salaires qui n’évoluent ni par rapport à la production et la productivité ni adaptés à l’inflation réelle, c’est-à-dire négociés par les subventions et indexée sur le coût de la vie et on l’a vu ces derniers mois.
Au regard de tout cela, on doit se questionner sur l’utilité du système d’économie d’entreprise qui s’est imposé partout dans le monde, afin de s’en remettre aux règles et mécanismes de la financiarisation de l’économie nationale, notamment qui plaide pour la réalité des prix et des salaires, le crédit bancaire ou encore les marchés financiers via la Bourse des valeurs ou encore le financement à travers le marché des valeurs du Trésor. Lesquels sont un puissant levier pour le développement économique et comme étant un instrument efficace au double plan : la lutte contre la récession et d’une politique anti-inflationniste.
En effet, l’objectif étant d’abord et avant tout le décollage économique de l’Algérie où la performance et le développement des entreprises constituent la clé de voûte des réformes structurelles de l’économie nationale, notamment qui vient en réponse aux attentes des consommateurs en termes de prix, de qualité et de diversité des produits offerts. A cet effet, la stabilisation macro-économique et micro-économique passe nécessairement par une politique d’économie d’entreprise rigoureuse, en vue de lutter contre l’inflation, le chômage, l’augmentation de la dette et dégager l’épargne qui permettra de financer l’investissement productif et par la même la croissance potentielle, afin d’assurer la préservation de l’activité et la pérennité de nos entreprises. L’inflation affecte les catégories aux faibles revenus et salaires mais aussi et surtout la rentabilité économique, financière et la compétitivité des entreprises.
De ce fait, administrer encore les salaires ou encore les prix dans le contexte d’une économie de marché est d’une efficacité limitée dans le temps et l’espace. D’ailleurs, cela s’est traduit par une hausse des inégalités de revenus et une faible incidence sur la hausse du chômage, c’est la grande fracture du marché du travail qui est en train de perdre son milieu professionnel, c’est-à-dire les valeurs du travail, et les compétences ne payent plus avec une économie fortement subventionnée, alors que la bonne inflation par la réalité des prix du marché pourrait être un appui efficace pour opérer une redistribution des créanciers vers les débiteurs et du capital vers le travail.
Or, encore ce n’est pas le cas pour notre pays de ce rééquilibrage, dont a le plus besoin aujourd’hui notre pays pour soutenir le développement d’entreprises innovantes et technologiques, œuvrant pour la croissance potentielle pour sortir de la crise économique, financière et sociale. Effectivement, depuis la chute drastique des prix du baril de pétrole en juin 2014, la majorité des produits connaît une hausse graduelle et démesurée provoquant inéluctablement une baisse du pouvoir d’achat des Algériens et en particulier la classe moyenne, ouvrière et retraités.
A cet effet, les salaires et retraites sont aujourd’hui trop bas socialement et trop élevés économiquement pour les entreprises, voire l’Etat où on enregistre 2 cotisants en moyenne pour 1 retraité, alors qu’il faut 5 cotisants et plus aujourd’hui pour assurer l’équilibre financier de la caisse de retraite. Alors, qu’il est très important de parvenir à créer une confiance bâtie sur l’équité sociale et fiscale entre l’administration et le contribuable parce que la Sécurité sociale et l’impôt sur le revenu salarié et retraités profitent normalement aux retraités et aux travailleurs, car c’est eux la force productive et par conséquent les créateurs de richesses et les forces vives de la nation. Un budget axé sur les résultats basés sur une logique budgétaire-programme est le cadre d’autorisation et de gestion des politiques publiques.
En effet, le principe d’équilibre budgétaire, devenu un principe d’équilibre économique et financier, c’est-à-dire sans déficit budgétaire ou du moins ne dépassant pas le ratio admis qui est de 3% et sans inflation pour permettre à l’État de dépenser l’argent public de façon judicieuse, est de faire donc un bon usage des finances publiques. En effet, l’équilibre financier interne constitue un impératif en vue de lutter contre l’inflation, l’augmentation de la dette et dégager l’épargne qui permettra de financer l’investissement productif et par la même la croissance potentielle pour la maîtrise de l’offre et la demande, la stabilisation de la monnaie nationale. Sans quoi, d’aggraver encore plus le niveau du déficit budgétaire en asséchant l’assiette des prélèvements fiscaux parce qu’il est devenu structurel, qu’il s’aggrave et qu’il est, à ce jour.
A titre d’exemple qu’à partir du sachet de lait d’un litre subventionné par l’État et cédé au citoyen à 25 DA, le cafetier du coin tire de cette subvention une marge commerciale pouvant représenter 4 à 5 fois le prix en cédant le contenu du même sachet au détail à ses clients entre 30 et 40 DA le verre et le plus souvent à moitié rempli. C’est dommage, pour l’économie algérienne, parce que l’activité économique fonctionnera mieux que lorsque la croissance économique, hors la rente pétrolière et les subventions, augmente régulièrement par une politique des revenus qui consiste à améliorer les revenus des entreprises et à soutenir la demande par exemple, crédit bancaire, revalorisation du SMlG. Nous citons un exemple pour illustrer ce point.
Un investisseur propose l’arrangement suivant aux actionnaires d’une entreprise : il s’engage à prendre en charge 25% des dépenses pour recevoir en échange 25% des revenus futurs, c’est-à-dire 25% du profit d’exploitation. À la surprise des actionnaires, il refuse tout droit de vote et promet de ne jamais s’impliquer dans la gestion de l’affaire pourvu qu’on ne lui cache pas les revenus et qu’on ne gonfle pas les dépenses.
Dans cette optique, le rôle de l’État est de réguler et d’encadrer l’économie en passant de la régulation administrative à la régulation économique et en mettant en œuvre un plan d’ajustement structurel au niveau macro-économique.
Par M’Hamed ABACI, Financier