Les autorités de transition nigériennes ne semblent plus réellement disposées à lutter contre l’immigration clandestine, et ce, depuis qu’elles ont abrogé la loi criminalisant les réseaux de passeurs.
L’Algérie a réagi à la protestation élevée par les autorités de transition du Niger sur les conditions de refoulement des migrants clandestins du territoire national. Après la convocation de l’ambassadeur d’Algérie à Niamey mercredi, le ministère des Affaires étrangères a appliqué la règle d’or de réciprocité en convoquant, à son tour, son homologue nigérien à Alger, Aminou Malam Manzo.
La directrice générale Afrique, Selma Malika Haddadi, a informé le diplomate nigérien que certains jugements des autorités de son pays sur les opérations de rapatriement de migrants clandestins vers le Niger sont «sans fondement», rappelant à l’ambassadeur «l’existence d’un cadre bilatéral dédié à cette problématique».
Elle lui a également indiqué que «ce cadre doit demeurer le lieu privilégié de discussion et de traitement de toutes les données et de tous les développements liés à cette problématique».
Mme Haddadi a réitéré à l’attention de l’ambassadeur «le ferme attachement de l’Algérie aux règles essentielles de bon voisinage et sa volonté de poursuivre la coordination avec le Niger sur cette question concernant les flux migratoires et sur toute autre question, dans le respect mutuel et sur la base des valeurs de coopération, de confiance et de solidarité».
Il faut souligner que les autorités de transition nigériennes ne semblent plus disposées à coopérer véritablement dans la lutte contre l’immigration clandestine.
La raison est qu’en novembre 2023, elles ont abrogé une loi criminalisant les réseaux de passeurs. Une décision qu’elles ont motivée par le fait qu’«elle a été votée sous l’influence de certaines puissances» et qu’«elle ne prenait pas en compte les intérêts du Niger et de ses citoyens».
Pourtant, cette loi a été votée en 2015 pour juguler ce phénomène qui avait atteint des seuils inquiétants. Il faut préciser qu’avant l’entrée en vigueur de cette loi, le Niger était une véritable plaque tournante de l’immigration clandestine vers l’Europe via notamment la Libye.
Corédigée avec l’Union européenne qui désirait contrôler les flux de migrants en provenance d’Afrique subsaharienne dont les trois quarts transitaient par le Niger, cette loi incriminait le fait d’assurer contre rémunération l’entrée ou la sortie illégale du territoire nigérien.
Le désert d’Agadez, principal point de transition pour des milliers de migrants et de réfugiés subsahariens, avait été placé sous haute surveillance. De nombreux candidats au départ vers l’Europe, originaires des pays voisins, comme le Nigeria, le Mali, le Burkina Faso ou encore le Sénégal, la Gambie et la Côte d’Ivoire, avaient alors cessé d’emprunter cette route migratoire qui les menaient jusqu’en Libye, avant de rejoindre la rive nord de la Méditerranée.
L’abrogation de cette loi a suscité de vives inquiétudes, notamment de l’Union européenne qui aidait à la fois financièrement et militairement le Niger à assurer sa sécurité et à protéger ses frontières.
La commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansson, avait exprimé sa «préoccupation» quant aux conséquences de cette abrogation, estimant qu’une telle décision ne ferait qu’encourager le trafic de migrants qui reprendrait de plus belle en utilisant la Libye comme route centrale de passage vers la Méditerranée pour atteindre ensuite l’Europe du Sud.
Ne risquant plus d’être arrêtés et lourdement condamnés, les passeurs n’hésiteraient plus à reprendre fortement leur activité. Ainsi, par leur décision, les autorités nigériennes ouvrent la voie à la reprise massive des réseaux de l’immigration clandestine, souvent organisés en bandes criminelles qui versent dans la traite humaine et le trafic de tous genres.
Le risque est encore plus grand pour le Niger et ses voisins, lorsque l’on sait que ces réseaux sont parfois connectés aux groupes terroristes, quand ce ne sont pas ces derniers qui contrôlent ce «business» juteux pour financer leurs activités criminelles.
30e anniversaire du génocide au Rwanda : Attaf à Kigali
Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf, a pris part, hier à Kigali (Rwanda), en qualité de représentant du président Tebboune, à la cérémonie commémorative du 30e anniversaire du génocide perpétré au Rwanda en 1994.
La cérémonie a vu «une participation de haut niveau du continent africain et d’ailleurs, en signe de solidarité avec la République du Rwanda, qui s’est reconstruite après ce douloureux épisode historique qui a coûté la vie à plus d’un million de Rwandais tutsi», précise un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
Les différentes activités organisées dans ce cadre portaient sur une reconstitution des crimes odieux subis par le peuple rwandais dans le silence international et en l’absence de toute initiative à même de mettre fin au bain de sang et de répondre aux appels de détresse des victimes, selon le communiqué.
La participation du ministre Ahmed Attaf a été «l’occasion de réitérer la solidarité permanente de l’Algérie avec la République du Rwanda et de souligner l’impératif de mettre en avant les enseignements tirés de la douloureuse expérience qu’a traversée ce pays frère pour contrer la guerre génocidaire menée par l’occupation israélienne contre le peuple palestinien dans la bande de Ghaza», a ajouté la même source. A. Z.