L’ARAV a convoqué, mardi, la directrice de la chaîne Echourouk TV suite aux plaintes qu’elle a reçues concernant «des dépassements attentatoires à la sacralité du mois de Ramadhan».
Un deuxième feuilleton est mis en banc des accusés par l’Autorité de régulation de l’audiovisuel (ARAV), quoi que celui-ci n’ait pas débouché sur une suspension de diffusion.
En effet, la directrice de la chaîne de télévision Echorouk a été convoquée par l’ARAV «suite à des plaintes qu’elle a reçues et aux informations relayées sur les réseaux sociaux», a indiqué cette dernière dans un communiqué, concernant «des dépassements attentatoires à la sacralité du mois de Ramadhan et aux principes de notre religion dans certains épisodes du feuilleton ‘‘Babour Ellouh’’».
«La directrice de la chaîne Echorouk TV a fourni des explications niant la diffusion par la chaîne de ces scènes», a précisé l’ARAV, qui ajoute que la même responsable s’est défendue en affirmant qu’il s’agit de «calomnie et d’informations montées de toutes pièces, car le feuilleton en question a été diffusé l’année dernière sur d’autres plateformes en entier sans censure, ce qui a permis à certains de publier des scènes contraires aux principes et valeurs de la société algérienne sur les réseaux sociaux, puis les attribuer à la chaîne Echorouk, qui a uniquement le droit de diffusion télévisée de ce feuilleton».
L’Autorité a finalement «demandé à la chaîne d’apporter une précision à l’opinion publique et à dégager sa responsabilité de ces scènes», conclut le communiqué. Ce qu’il y a lieu de relever c’est que l’ARAV a finalement convoqué la responsable de cette chaîne, «suite à des plaintes et aux informations relayées sur les réseaux sociaux», sans visionner au préalable le produit en question.
«J’espère qu’il y aura des campagnes…»
C’est visiblement sur les réseaux sociaux que «l’analyse» se fait. Il faut rappeler qu’un jour auparavant, l’ARAV avait convoqué le directeur de la chaîne Ennahar au sujet du feuilleton «Houb El Moulouk», une production algéro-tunisienne, dont certaines scènes sont jugées «attentatoires à la sacralité du mois de Ramadhan et aux valeurs religieuses et morales de la société algérienne».
La diffusion du feuilleton, qui est également présent dans les programmes de la chaîne de télévision tunisienne Hannibal TV sans qu’il ne provoque la même polémique, est suspendue pour une durée d’une semaine.
L’attitude de l’organisme dirigé par Mohamed Louber envers ces produits et ces polémiques sur les réseaux sociaux ont fait réagir certains comédiens ou metteurs en scène.
«On espère que l’Autorité de régulation se penche aussi sur la diffamation, l’atteinte à la réputation des personnes, la manipulation de l’opinion publique, la condamnation des personnes avant la justice, l’atteinte à l’intégrité d’une dépouille, l’atteinte à la vie privée des gens avec divulgation de leurs secrets, la propagation des discours de haine (…) qui sont diffusés sur des chaînes tout au long de l’année.
J’espère aussi qu’il y ait des campagnes sur les réseaux sociaux pour lutter contre ce qui se passe dans l’espace public comme les vols, les agressions, les frustrations, le monopole, la spéculation, l’insulte, le harcèlement, le viol, la pédophilie…», a réagi la comédienne Mina Lachter, qui a également évoqué les conditions dans lesquelles sont préparées ces productions ramadanesques.
Et ce n’est pas la première fois que le rôle de l’ARAV est pointé du doigt puisqu’elle n’intervient généralement que dans les affaires où il y a des accusations d’atteinte à la moralité, la religion... Des propos racistes ont pu passer sur des chaînes de télévision sans que ces dernières ne soient remises à l’ordre.