La dédollarisation, les BRICS et l’Algérie

30/05/2023 mis à jour: 03:45
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Sommes- nous à l’aube d’une nouvelle ère où de multiples facteurs géopolitiques et économiques pourraient remettre en cause l'ordre mondial jusque-là hyper-centré autour de la suprématie du pétrodollar ? Il y a vingt ans, le dollar représentait 70% des réserves de change des banques centrales à travers la planète.

 De nos jours, ce taux ne dépasse pas les 60% ! Quelles seront les implications du déclin de l’utilisation du pétrodollar sur l’Algérie ? Les analystes estiment que l’Algérie subira inévitablement les effets de la dédollarisation, car l’essentiel des exportations algériennes se font en dollars. La création d’une nouvelle zone monétaire ne se fait toutefois pas rapidement. Même si l’évolution sera graduelle, la tendance actuelle suggère que l’utilisation du dollar américain devrait baisser durant les prochaines décennies. 

Suite à l’escalade des tensions entre la Russie et les États-Unis autour du conflit armé en Ukraine, le géant gazier russe facture ses livraisons à la Chine en yuans. La Russie se tourne vers le système CIPS qui est un dispositif de transaction compensant les règlements internationaux et les échanges afin de pouvoir exporter son pétrole en Asie. La Russie densifie ses liens avec les pays partenaires des BRICS avec qui elle veut élaborer des mécanismes alternatifs de transferts internationaux et une devise internationale de réserve. 

L’Afrique du Sud annonce la discussion d’une monnaie unique des BRICS lors du prochain sommet prévu durant le mois d’août prochain. L’émergence d’une nouvelle unité monétaire accompagnera la création d’une banque unique des BRICS, groupe auquel l’Algérie veut adhérer. L'ascension de la Chine en tant que grande puissance mondiale pourrait accélérer la tendance à la dédollarisation. La Chine fédère de plus en plus de pays autour d’elle et propose une alternative au dollar. 

Dans un tel contexte géopolitique, la monnaie chinoise s’illustre comme une valeur refuge. L'Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis se tournent de plus en plus économiquement vers la Chine. Pékin et Riyad travaillent sur des contrats pétroliers libellés en devise chinoise pour s'émanciper du dollar. L’Egypte vient de lancer son premier emprunt libellé en yuans. Après la Russie, l'Iran, qui veut intégrer les BRICS, s’est précisément rapproché de la Chine où il a commencé à exporter du brut. Des représentants de neuf pays asiatiques se sont réunis, cette semaine à Téhéran, sous l'égide de l'Asian Clearing Union (ACU), pour discuter de la réduction de l'influence du dollar sur leurs économies.

 Les représentants des pays comme l'Inde, l'Iran et le Pakistan sont en train de réfléchir à la création d'une monnaie commune. De leur côté, les dix pays qui composent l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE) dont l'Indonésie et Singapour ont récemment ratifié un accord encourageant l'utilisation de leur monnaie nationale au détriment du dollar américain. En Amérique latine, le Brésil et l’Argentine ont entamé des discussions pour créer une zone monétaire unique. 

Voilà ainsi, un billet vert qui perd de plus en plus son importance dans les échanges internationaux, ce qui a incité de nombreux gouverneurs de banques centrales à repenser la logique de l'accumulation de réserves, ainsi que de l’utilité d’allouer une partie du bilan de leurs institutions respectives dans des obligations du Trésor américain. Pendant ce temps, les pays émergents augmentent la part de l'or dans leurs réserves au détriment des obligations libellées en dollars.       

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