La Casbah, un lieu déserté par ses artisans

23/02/2023 mis à jour: 20:37
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Faire escale dans l’ancienne médina des Beni Mezghenna sans voir un local où évolue un artisan, c’est comme visiter Venise et ne pas voir ses gondoles. Une cité qui voit des artisans, disposés autrefois en enfilade, mettre la clé sous le paillasson. La plupart d’entre eux ont quitté ce monde, déguerpi ou troqué leur doigté contre un gage plus rémunérateur. Ils se comptent, désormais sur les doigts d’une seule main. A peine deux ou trois artisans continuent à faire de la résistance, à l’image du maître dinandier Boudjemaâ, tapi dans une échoppe sise à la rue Katarougil, le maître maroquinier, Mostefa Boulaachab qui, dans son réduit sis à la rue Mohamed Ben Larbey, fait contre mauvaise fortune bon cœur, en perpétuant cet héritage ancestral au rythme de sa passion ou encore un ou deux autres qui font dans l’art appliqué ou le cuivre à repousser. Contrairement à nos voisins de l’Est et de l’Ouest, cette corporation d’artisans, composée de «hararine», «makfouldjia», «debaghine», «qzadria», «sefarine», «seradjine», «naqachine», «sayaghine», «orfèvres bijoutiers», «maroquiniers», «tresseurs de jonc» ou «bottiers»…, pour ne citer que ces métiers de savoir-faire, qui participaient à l’animation de la médina, n’a plus pignon sur rue. Une plus value qui participe à booster l’économie du pays. D’aucuns diront que faute de touriste, les artisans n’arrivent plus à écouler leurs produits artisanaux, ce qui fait qu’ils ont déserté les lieux, d’autres recommandent de les maintenir sur place en leur aménageant un espace – un palais par exemple au cœur même de La Casbah – pour drainer les touristes. Quelque part, c’est le casse-tête de l’œuf et la poule : qui doit apparaître le premier sur les lieux pour entraîner l’autre ! Mais autres temps, autres mœurs, sommes-nous tenus de dire. Qu’évoquent à présent ces lieux uniques, inscrits dans les tablettes du patrimoine mondial ? Que nous proposent ces métiers qui concouraient à l’essor du tourisme ? Qu’ont-ils à nous offrir ces quartiers qui ont bercé notre enfance et ces rues et venelles que nous avons foulées ? Sinon un pan de patrimoine matériel et immatériel que nous avons réussi, à notre grand dam, à enterrer.

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