Une opération de géolocalisation des points noirs de déchets a été lancée par l’Agence nationale des déchets (AND). Les villes côtières sont sélectionnées comme zones prioritaires où 770 décharges sont déjà recensées, occupant 900 ha de foncier. Le directeur général de l’AND, Karim Ouaman, dresse dans cet entretien le bilan à ce jour.
- Une opération de géolocalisation des points noirs de dépôts de déchets est lancée par l’AND. Aujourd’hui, quel recensement en faite- vous à travers les communes ?
La multiplicité des points noirs sur un territoire donné constitue un indicateur en faveur d’une défaillance en matière de gestion des déchets. C’est à ce titre, que l’Agence nationale des déchets avait engagé une action de géolocalisation de ces points afin de les soumettre aux Collectivités locales pour leur prise en charge. Cette dernière devrait être d’une manière directe par leur éradication et aussi à travers une approche préventive en apportant des corrections au système de gestion actuel.
On peut citer deux types de points noirs ; les dépôts permanents exploités généralement par les communes et qui constituent l’exutoire pour les déchets collectés au quotidien et les points noirs temporaires à l’intérieur des agglomérations et qui sont dues à une défaillance en termes de collecte. Au regard de l’immensité du territoire du pays, l’AND avait initié tout un programme de géolocalisation des dépôts permanents. La priorité a été donné pour les quatorze wilayas littorales.
Deux indicateurs-clés pour cette zone ; 770 décharges recensés occupant 900 ha de foncier. Un foncier de perdu pour une zone qui connaît déjà une concentration de plus de 65% de la population en Algérie. Notre travail a touché aussi les wilayas de Adrar, Tiaret, Mila, Sétif et Constantine. Faisant grimper le nombre de décharges brutes à 1009 pour une superficie 1916,28 ha. Quant aux points noirs temporaires, leur identification ne pourrait se faire qu’à travers des études de schéma directeur de gestion des déchets ménagers.
- L’AND se rend compte du budget faramineux dépensé dans la gestion des déchets. Comment comptez-vous les réduire ?
Pour l’exercice de 2020, l’Agence nationale des déchets avait estimé les dépenses liées à la gestion des déchets ménagers à 58 milliards DZD. Cette dépense couvre toutes les étapes de la gestion et elle diffère d’une commune à une autre.
A ce stade, on ne pourra pas dire que cette dépense est faramineuse ou pas néanmoins, l’AND est en train de motiver les communes pour mettre en place les outils de planification, de gestion et d’évaluation conformément aux textes de la République. Ces dernier sont à même de mettre à la disposition des communes un tableau de bord ou les moyens humains, matériels et financiers seront maîtrisés à leur juste valeur.
- Vous évoquez aussi le cahier des charges. Nous avons comme une impression que vous incombez surtout la faille aux APC. Expliquez-nous cette faille et ce manquement...
Permettez-moi de vous rappeler que l’AND a une mission d’accompagnement technique pour le compte des collectivités locales. Nous sommes en mesure de recommander et non pas d’imposer. Néanmoins, le cahier des charges n’a de valeur que par son contenu car il reprend les droits et devoirs de chaque acteur.
La commune est en situation de donneur d’ordre et l’EPIC ou n’importe quel prestataire est en position d’exécutant de termes de références du cahier des charges. Je rappellerai que le cahier des charges trouve l’ancrage de son contenu dans le schéma communal de gestion des déchets ménagers. On ne peut pas gérer dans l’improvisation, mais on devrait gérer dans le cadre de termes de références motivés par un état des lieux précis et une stratégie de gestion transparente et durable.
- Vous focalisez aussi vos efforts sur l’APC d’Oran qui s’apprête à organiser un événement méditerranéen. Que comptez-vous faire ?
Je ne pense pas que le cas d’Oran soit repris uniquement par l’AND mais la question est récurrente en matière d’articles de presse et de requêtes des citoyens de la ville. Aussi, les autorités locales de la wilaya d’Oran en ont fait une priorité.
Déjà en 2019, l’AND avait tiré la sonnette d’alarme. En effet, les autorités locales de la wilaya avait mandaté l’AND pour une mission de diagnostic et de proposition d’une feuille de route pour une sortie de crise et pour asseoir une gestion pérenne.
Nous restons convaincus que nous avions soumis un excellent travail pour les autorités locales et nous avions attiré l’attention sur les principales défaillances qui avaient alimenté cette situation de non-gestion au regard des indicateurs développés par l’agence. Nous nous réjouissons que notre contribution ait pu suscité un intérêt auprès des autorités locales car il est inconcevable que la commune concède la gestion des déchets ménagers sur la base d’une facturation forfaitaire.
Nous avions ouvert un démembrement de l’AND au niveau d’Oran afin de rester à leur écoute et répondre à leur sollicitation. Nous exécutons aussi des projets du ministère de l’Environnement pour cette wilaya à l’instar de l’éradication de la décharge publique d’El Kerma et l’instauration du tri sélectif.
L’AND restera à la disposition des autorités locales de la wilaya d’Oran pour les accompagner dans la mise en œuvre des actions identifiées dans le cadre des schémas directeurs communaux et aussi dans le cadre de l’éradication des points noirs que l’AND a géolocalisés et quantifiés.