Le compte à rebours de l’organisation de la 19e édition des Jeux méditerranéens que s’apprête à organiser l’Algérie, à Oran, à partir du 25 juin prochain, est enclenché, poussant les responsables du comité d’organisation à redoubler d’efforts pour être fin prêts à ce rendez-vous sportif dédié au rapprochement des peuples du bassin méditerranéen.
Les pouvoirs publics entendent faire de cet événement une vitrine pour soigner l’image du pays à l’international, raison pour laquelle le président Abdelmadjid Tebboune s’est pleinement investi dans cette opération de marketing politique en donnant des instructions aux différents acteurs au niveau central et local pour assurer la pleine réussite de l’événement.
L’initiative de l’Algérie de réaffirmer son ancrage et sa profondeur méditerranéenne à travers ces JM est assurément fort louable, et tout autant opportune, après toutes ces années de diplomatie méditerranéenne manquant d’ambition et de pertinence au regard des enjeux géopolitiques et économiques mondiaux de l’heure, a fortiori avec le climat de tension nourri et entretenu dans notre environnement géographique.
Abriter des manifestations sportives de la dimension des Jeux méditerranéens titille la fierté nationale et procure à nos dirigeants un sentiment de puissance et de reconnaissance internationale, même si l’aura de cette manifestation sportive a quelque peu perdu de son lustre au profit d’autres joutes régionales, continentale ou mondiale. L’organisation du prochain Sommet arabe d’Alger, prévu en novembre 2022, s’inscrit dans la même perspective visant à briser l’isolement diplomatique dans lequel a été plongée l’Algérie au cours de ces dernières décennies, tout en réaffirmant son ambition de jouer un rôle de pays pivot sur la scène arabe et continentale.
Toutefois, la conjoncture politique extrêmement tendue dans laquelle se tiendront ces deux événements, avec la tension à notre frontière ouest et le refroidissement des relations entre Alger et Madrid, suite au soutien affiché par le gouvernement espagnol au plan marocain d’autonomie au Sahara occidental occupé, risquent de parasiter la tenue de ces rendez-vous politique et sportif.
D’évidence, les parties étrangères et leurs puissants lobbies hostiles à notre pays ne resteront pas les bras croisés pour torpiller ces retrouvailles arabe et méditerranéenne d’une grande symbolique que s’apprête à accueillir l’Algérie. D’où cette question lancinante de savoir ce que notre pays aura à gagner de l’organisation, coûteuse, des Jeux méditerranéens en ces temps de crise financière et au milieu d’un environnement aussi hostile ; le tout aggravé par l’absence d’un front interne solide capable de relever les défis extérieurs auxquels se trouve confronté le pays, faute d’un consensus national sur la gouvernance du pays.
L’organisation sous Bouteflika, avec faste et fortes dépenses, des manifestations «Tlemcen, capitale de la civilisation islamique» et «Constantine, capitale de la culture arabe» n’a laissé, pour l’ histoire, que ces scandales de corruption et de dilapidation des deniers publics jugés aujourd’hui devant les tribunaux.
La médiatisation des Jeux méditerranéens d’Oran, par le recours au puissant média qatari bein Sports, dont le patron a séjourné, il y a quelques jours, en Algérie où il a été reçu par le président Tebboune, suffira-t-elle à desserrer l’étau sur le pays, à redorer son blason , à recouvrer sa respectabilité perdue et à attirer, à travers ces joutes sportives, investisseurs et touristes que l’on peine à séduire et à rassurer ?