Au total, entre mercredi soir et jeudi matin, 22 Palestiniens ont été arrêtés dans différents gouvernorats de Cisjordanie, notamment à Hébron, Naplouse, Tulkarem, Ramallah et Jérusalem.
La ville de Jénine, située dans le nord de la Cisjordanie occupée, est encore sous le feu d’une opération militaire israélienne d’une grande intensité. L’armée d’occupation israélienne, en renforçant les frappes aériennes, a détruit des infrastructures et multiplié les arrestations.
Cette escalade militaire en Cisjordanie, qui ne se limite pas à des affrontements locaux, menace d’embraser le territoire occupé, alors que l’accord de cessez-le-feu de Ghaza demeure fragile. Pour de nombreux Palestiniens, ces opérations reflètent une volonté israélienne de prolonger la guerre par d’autres moyens, alimentant la souffrance des Palestiniens.
L’agence de presse palestinienne Wafa a rapporté un raid particulièrement violent dans le village de Burqin, en Cisjordanie occupée. Les forces d’occupation israéliennes ont encerclé une maison, tiré des coups de feu et des missiles, avant de la raser au bulldozer.
Selon Hassan Sobh, le maire de Burqin, des femmes palestiniennes auraient été utilisées comme boucliers humains lors de l’assaut, une accusation grave qui soulève de nouvelles inquiétudes sur les violations du droit humanitaire. Mercredi, l’organisation Defence for Children International Palestine (DCIP) a annoncé la mort de Motaz Imad Mousa Abu Tabeekh, un jeune Palestinien de 16 ans, abattu par les forces israéliennes. D’après l’organisation basée à Ramallah, il est le septième mineur palestinien tué cette année en Cisjordanie, dont quatre par des frappes de drone et trois par des tirs.
Au total, entre mercredi soir et jeudi matin, 22 Palestiniens ont été arrêtés dans différents gouvernorats de Cisjordanie, notamment à Hébron, Naplouse, Tulkarem, Ramallah et Jérusalem. Selon la Commission des détenus palestiniens et la Société des prisonniers, ces arrestations ont souvent été accompagnées d’abus, de destructions d’infrastructures et de saccages de domiciles.
Les autorités palestiniennes voient dans cette énième opération une stratégie d’annexion progressive. Le ministère palestinien des Affaires étrangères accuse Israël de «punition collective» et affirme que ces raids s’inscrivent dans un plan visant à absorber progressivement le territoire occupé.
Il faut dire que les attaques sur Jénine ne sont qu’une facette de l’offensive élargie d’Israël en Cisjordanie. Parmi les lieux récemment ciblés, figurent le camp de Shu’fat à Jérusalem, Sa’ir au nord d’Hébron, Barham et Rammun près de Ramallah, ainsi que Qalqilya et Beita.Cette intensification militaire fait craindre aux Palestiniens de Cisjordanie de subir le même sort que leurs compatriotes à Ghaza, ayant subi une guerre génocidaire pendant plus d’une année.
La multiplication des checkpoints israéliens et les restrictions de circulation isolent toujours un peu plus les Palestiniens. Selon Hamza Zubiedat, chercheur et militant basé à Bethléem, cette situation a des conséquences catastrophiques sur la vie des citoyens : «Les coupures entre les villes signifient qu’il n’y a plus de médecins, d’enseignants ou de transports pour les biens essentiels. Cela aggrave la pauvreté et les souffrances.»
Le soutien de l’administration américaine joue un rôle central. Sous Donald Trump, des sanctions contre plus de 30 groupes de colons israéliens ont été levées, renforçant leur emprise sur la Cisjordanie. Elise Stefanik, nommée ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU, a récemment déclaré devant le Sénat qu’Israël avait un «droit biblique» sur la Cisjordanie.
L’escalade militaire en Cisjordanie ne se limite pas à des affrontements locaux. Elle menace de déclencher un embrasement régional, alors que l’accord de cessez-le-feu de Ghaza demeure fragile. Pour de nombreux Palestiniens, ces opérations reflètent une volonté israélienne de prolonger la guerre par d’autres moyens, alimentant un cycle de souffrances pour les Palestiniens.
Il est à noter à ce propos que le camp de réfugiés de Jénine est un espace d’à peine un demi-kilomètre carré, abritant environ 14 000 résidents sur les 24 000 enregistrés par l’UNRWA, l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens.
Conçu à l’origine pour accueillir les Palestiniens déplacés lors de la guerre de 1948-1949, le camp est devenu un symbole de la résistance palestinienne, mais aussi un foyer de pauvreté. La résistance s’inscrit dans l’histoire même de ce camp, qui remonte à sa création en 1953, lorsque des réfugiés palestiniens de Haïfa et de Nazareth furent forcés de quitter leurs terres lors de la création de l’E tat d’Israël.
Ces dernières années, le camp a vu émerger une nouvelle génération de combattants. Ces jeunes hommes, pour la plupart nés après l’échec des processus de paix des années 1990, sont regroupés au sein des Brigades de Jénine, un conglomérat d’unités armées liées au Hamas et au Jihad islamique palestinien.
Selon les Forces de défense israéliennes (FDI), environ 420 combattants opèrent dans cette enclave. Israël justifie ses actions en Cisjordanie par la nécessité de lutter contre le «terrorisme», qualifiant ses interventions de «contre-terrorisme». Cependant cette rhétorique masque la réalité des opérations sur le terrain…
UNRWA dans la tourmente
Et alors que les tensions restent vives entre Israël et les Territoires palestiniens, une nouvelle décision israélienne vient jeter de l’huile sur le feu : l’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) doit cesser ses activités à Jérusalem d’ici le 30 janvier. Cette injonction, formulée dans une lettre officielle de l’ambassadeur israélien, Danny Danon, au secrétaire général des Nations unies, suscite l’inquiétude.
Il est à rappeler que cette décision s’appuie sur une loi adoptée en octobre dernier par le Parlement israélien, qui interdit toute activité de l’Unrwa sur le territoire israélien, y compris à Jérusalem-Est, annexée par Israël après la guerre de 1967. Cette mesure devra avoir des conséquences, puisque l’UNRWA y administre des écoles, des centres de santé et des programmes d’aide pour des dizaines de milliers de Palestiniens.
Israël accuse l’agence onusienne d’être infiltrée par des membres du Hamas, qu’elle considère comme une organisation terroriste. Pour l’UNRWA, cette décision est un coup de semonce. L’agence est non seulement un essentiel de l’aide humanitaire dans les territoires palestiniens, mais aussi un pilier pour la stabilité régionale.
A Ghaza, où le fragile cessez-le-feu repose sur l’acheminement d’aide humanitaire, l’agence est essentielle. Selon son directeur, Philippe Lazzarini, l’UNRWA a déjà distribué de la nourriture à plus de 300 000 personnes depuis le début du cessez-le-feu, mais la loi israélienne pourrait entraver ces opérations vitales.
Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a rappelé dans une lettre adressée aux autorités israéliennes que, conformément au droit international, Israël, en tant que «puissance occupante», a l’obligation de garantir la continuité des services essentiels. Mais dans les faits, l’arrêt forcé des activités de l’UNRWA à Jérusalem et les restrictions qui s’étendent à Ghaza et à la Cisjordanie pourraient exacerber une situation déjà critique.
Israël prône la dissolution pure et simple de l’Unrwa, arguant que ses activités devraient être reprises par d’autres agences onusiennes. L’ONU considère l’UNRWA comme «irremplaçable» dans ses missions spécifiques, notamment dans les secteurs de la santé et de l’éducation, où elle intervient directement auprès des populations réfugiées.
Ghaza : l’espérance de vie presque réduite de moitié
L’espérance de vie dans la bande de Ghaza a été presque réduite de moitié depuis le début de l’agression sioniste en octobre 2023, selon une nouvelle étude publiée dans la revue britannique The Lancet.
L’étude menée par Michel Guillot, professeur de sociologie, et une équipe de collaborateurs internationaux, et dont les résultats ont été repris par des médias, a révélé que «l’espérance de vie est passée d’une moyenne d’avant-guerre de 75,5 ans à 40,5 ans pour la période allant d’octobre 2023 à septembre 2024». Les auteurs ont suggéré trois scénarios d’espérance de vie.
Le premier, basé sur le décompte officiel des décès du ministère de la Santé palestinien, excluant le nombre estimé de personnes portées disparues ou sous les décombres, estime l’espérance de vie entre octobre 2023 et septembre 2024 à 40,5 ans. Le deuxième, basé sur les décès pour lesquels des informations d’identification complètes étaient disponibles, estime l’espérance de vie durant la même période à 44,4 ans.
Le troisième, basé sur le décompte officiel des décès du ministère de la Santé palestinien, y compris la limite inférieure du nombre estimé de personnes portées disparues ou sous les décombres, estime l’espérance de vie entre octobre 2023 et septembre 2024 à 36,1 ans. En outre, les auteurs soulignent qu’aucun des scénarios n’inclut les effets indirects de l’agression génocidaire sioniste, comme «le manque d’accès aux soins de santé et la malnutrition, sur la mortalité».