Bien qu’il se démocratise de nos jours à travers des jeunes qui tiennent à s’exprimer sur les murs de l’espace urbain, le tag et les graffitis envahissent nos cités pour le plaisir des «street-artistes».
Que cela soit au Liban, en Colombie, au Brésil ou en Allemagne, cette forme d’expression est «délayée» sur de larges pans de murs et de mobilier urbain, aux fins d’attirer l’attention des riverains sur les arias qui écorchent peu ou prou une certaine mouvance ou composante humaine.
En clair, des fresques dont les couleurs et les traits déclinent ce qui tient à cœur ces graffeurs publics. Il nous est donné aussi de relever ces dernières années, à la faveur de la pandémie qui avait réduit le mouvement des gens, un nouveau violon d’Ingres chez les jeunes des quartiers de l’Algérois : des bandes rivales «sportives» qu’on appelle les ultras se sont appropriés les supports de l’espace public – toujours les murs – pour les peinturlurer aux couleurs de leurs clubs en formulant les expressions en arabe, français, italien ou dans la langue de Shakespeare.
Certains voient dans le graffiti couché dans le soubassement de leur immeuble une œuvre dont la technique artistique est saluée – au même titre que le tifo exhibé avec brio dans les stades – au moment où d’autres jugent la réalisation repoussante et tordant le cou à l’esthétique.
Peu importe si les dessins sont hideux ou significatifs ; qu’on aime ou qu’on n’aime pas, ils constituent, cependant une forme d’expression indéniable que les fans tiennent à mettre en avant. Mais parfois, au-delà des taquineries et des slogans que certains graffeurs collent au mur, ces derniers, au lieu de rester zen et fair play, s’ingénient à faire dans le chambrage, comme on dit dans le langage des ultras, s’échangent par tags interposés, des méchancetés gratuites en qualifiant le rival d’intrus.
Que cela soit dans le fief du CRB, celui de l’USMA ou du Mouloudia, on y lit sur les murs des formules vindicatives et décriées tant elles sont portées à provoquer le supporter adverse. Une manière de dire, «c’est mon mur, je le bariole comme je veux et j’écris ce que bon me semble». La réponse de l’autre ne se fait pas attendre pour lui rendre la monnaie de sa pièce, développant ainsi une nouvelle forme de supportérisme qui s’inscrit, faut-il dire, dans le refus entier de la morale…