Impuissance et hypocrisie mondiales

13/07/2023 mis à jour: 00:40
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Nous nous précipitons vers la catastrophe, les yeux grands ouverts, avec bien trop de gens prêts à tout miser sur des vœux pieux, des technologies qui n’ont pas fait leur preuve ou des solutions miracles.» 

Ainsi s’emportait Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU, il y a un mois, lors d’un énième coup de gueule déplorant la réaction «pitoyable» des décideurs du monde face au réchauffement climatique. L’automne dernier, l’homme qui préside aux destinées de l’Organisation mondiale s’est rendu au Pakistan, frappé par des inondations exceptionnelles, pour dénoncer «un carnage climatique» et pointer le doigt sur la «folie des grands pollueurs», soit les puissances industrielles, qui s’obstinent à pomper les énergies fossiles et goulument les consommer, précipitant le désastre climatique planétaire.

Un mois auparavant, c’est sur un autre registre que le responsable onusien n’a pas pu retenir sa colère. Lors d’une réunion du Conseil de sécurité, il soulignait l’échec de la communauté internationale et ses instances de médiation à protéger les civils lors des conflits armés. Antonio Guterres s’était ramené devant les 15 membres du Conseil avec un rapport attestant que le nombre de civils tués en contexte de guerre ou de troubles armés a augmenté de plus de 53% entre 2021 et 2022.

 Les «civils souffrent depuis trop longtemps des conséquences meurtrières des conflits armés. Il est temps que nous tenions notre promesse de les protéger», s’était impatienté M. Guterres. 

Lundi dernier, un rapport présenté par le même Guterres au Forum politique de haut niveau pour le développement durable ajoutait sa part de pessimisme quant aux perspectives mondiales en la matière et diagnostiquait une incapacité systémique des instruments de gouvernance internationaux à faire respecter les engagements pris par la communauté internationale. 12% seulement des ODD (Objectifs de développement durable arrêtés pour la période 2015-2030) engagés sont en bonne voie d’exécution, apprend-on lors du forum. 

Concrètement et pour l’exemple, avertit le chef de l’ONU, si le manque d’entrain et de sérieux actuel se maintient, 575 millions de personnes vivront encore dans l’extrême pauvreté en 2030 et il faudra 286 ans pour combler les disparités fondées sur le genre en matière de protection juridique. L’incapacité mondiale à atteindre les objectifs tracés pourrait être source d’une plus grande instabilité politique à l’échelle de la planète, de bouleversements économiques et de nouveaux dommages «irréversibles» à l’environnement, avertit le rapport publié à l’occasion. 
L’ONU, instrument, ou à tout le moins symbole de cette aspiration à une gouvernance mondiale au service de l’humanité, peine à remplir ses missions, et le franc- parler de son secrétaire général actuel le signifie régulièrement. 

Si les enjeux de leadership géopolitique continuent à faire fonctionner le Conseil de sécurité, organe exécutif censé garantir la paix mondiale, comme le club exclusif où se règlent les affaires des puissants, on se serait tout de même attendu à un plus grand consensus et une plus grande réactivité sur le registre du développement humain et des menaces communes. 

Il n’en est pas grand-chose si l’on série les nombreuses fois où les instances de l’ONU elles-mêmes se retrouvent obligées de reconnaître leur impuissance, se contenant d’élaborer des rapports et de tirer des sonnettes d’alarme dans le désert.

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