Dans une déclaration diffusée par Carles Puigdemont sur son compte Twitter personnel, l’ancien président affirme que «le décompte final des voix implique un changement ponctuel dans l’attribution des sièges au Parlement espagnol, mais est pertinent pour l’équation de toute investiture».
Il ajoute que «Pedro Sanchez, l’actuel chef du gouvernement en exercice et candidat du parti socialiste à sa réélection, ne pourra être élu que s’il obtient un accord favorable au sein d’une vaste coalition, incluant également les sept voix de Junts per Catalunya».
L’ancien président souligne que «les résultats provisoires nous avaient déjà placés au cœur des discussions et des conjectures, mais avec les chiffres définitifs désormais en notre possession, la situation devient encore plus contrastée».
Puigdemont pense : «Soit JuntsxCat donne son accord, soit le PSOE finit par faciliter l’investiture de Feijóo, sinon nous nous dirigeons vers de nouvelles élections.» Selon ses observations, depuis les élections du 23 juillet, il est encore trop tôt pour déterminer les orientations des deux principaux partis politiques espagnols. Il évoque le parti qui a gagné en ayant perdu et celui qui a perdu en ayant gagné. Dans des circonstances similaires, ces partis ont opté pour la tenue de nouvelles élections.
Dans cette optique, il recommande la prudence et la discrétion en attendant de voir les développements. Carles Puigdemont révèle que depuis cinq ans et neuf mois qu’il n’est plus en Catalogne, il a fait l’objet de «campagnes de diffamation honteuses», parmi lesquelles des «articles vomitifs» sur lui et sa famille, des «dossiers policiers dûment divulgués» l’impliquant dans des «complots délirants» ou l’espionnage au moyen de Pegasus de tout son entourage. Dans ce contexte, Puigdemont «se permet» de donner «un conseil» pour «mieux comprendre les choses» et éviter «les barbaries qui circulent».
Il a également souligné : «Je ne parle presque jamais de la manière dont je vis, à titre personnel, l’expérience de l’exil.» «J’ai essayé de me plaindre le moins possible et de ne pas tomber dans l’exploitation, malhonnête pour moi, de la victimisation facile», assure-t-il. La déclaration de l’ancien président fait écho aux informations récemment diffusées concernant sa situation juridique depuis sa fuite en Belgique. De plus, le PSOE lui aurait indiqué qu’il devrait faire un choix entre soutenir un gouvernement progressiste ou s’allier aux voix du PP et de Vox.
Sanchez arrive furtivement au Maroc
Modification de dernière minute dans la destination de vacances de Pedro Sánchez. Le chef d’Etat en exercice se promène à présent dans les ruelles de Marrakech, suscitant des rappels de l’opposition concernant les concessions controversées accordées à Rabat.
Les autorités de sécurité de l’Etat espagnol avaient minutieusement préparé l’arrivée du président en exercice, Pedro Sánchez, à Lanzarote, dans les îles Canaries, mais l’avion n’a finalement jamais effectué son atterrissage. Au cours de cette semaine, Pedro Sánchez a été aperçu en train de flâner en famille sur la place Jemaa El Fnaa, accompagné d’un guide local, et il a partagé des repas dans des établissements de restauration à Marrakech.
Ce périple, que le Président veut qualifier de «strictement privé», a cependant déclenché des réactions de colère tant au sein de la gauche espagnole que de la droite.
Le Parti populaire conservateur décrit cette initiative comme une «provocation manifeste», tandis que les partenaires de Sánchez au sein de la coalition gouvernementale, notamment le parti d’extrême gauche Podemos, expriment des doutes quant à cette décision.
Les vacances au Maroc du Premier ministre Pedro Sánchez ont suscité des critiques virulentes provenant de divers horizons politiques en Espagne. Le parti Podemos s’est joint aux voix critiques en soulignant que ce geste démontre une «complaisance» envers Rabat et, par extension, envers les politiques ayant des répercussions sur l’autodétermination du Sahara occidental. Podemos avait exprimé son désaccord antérieur envers la politique étrangère de Sánchez en prenant ses distances vis-à-vis du respect de la légalité internationale concernant le Sahara occidental.
Cette reconfiguration des «relations diplomatiques» et cette proximité avec la position du Maroc avaient été vivement critiquées par les membres du gouvernement de coalition. En 2022, M. Sánchez a opéré un changement radical dans la politique étrangère de l’Espagne en annonçant son soutien à la prétendue «marocanité» du Sahara occidental .
Pegasus et le conflit ?
En mai 2022, une notification a été envoyée à tous les médias. Une conférence de presse inhabituelle du gouvernement espagnol à laquelle personne ne s’attendait. Félix Bolaños, le porte-parole gouvernemental, a été chargé de délivrer un message surprenant : une révélation concernant l’espionnage de Pedro Sánchez, accompagné de la ministre de la Défense, Margarita Robles, à travers l’utilisation du logiciel Pegasus.
Le téléphone portable de Pedro Sánchez a été la cible de cinq intrusions indiscernables jusqu'à présent. Les données, les informations et les éventuelles photographies qui ont pu être exfiltrées demeurent en suspens, gardées secrètes.
Cette affaire a suscité une multitude de conjectures et a donné lieu à diverses théories de la part des experts. Une supposition émerge : les cyberintrusions coïncidaient avec des périodes de tension diplomatique entre les gouvernements espagnol et marocain. Rabat a été scandalisé lorsqu’il a appris la nouvelle et la ministre des Affaires étrangères de l’époque, Arancha González Laya, a été démise de ses fonctions. Plus tard, des déclarations privées de Mme González Laya ont été divulguées à la presse espagnole, dans lesquelles elle admettait que son téléphone avait été piraté.
Début juillet, l’Audiencia Nacional a décidé de classer l’affaire. La raison ? Le manque de coopération du gouvernement israélien. Bien que l’audience ait envoyé jusqu’à quatre fois des commissions rogatoires pour découvrir les auteurs de l’attaque, Israël n’a jamais répondu.
Il est important de noter qu’Israël avait été le dernier pays à reconnaître la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental et avait annoncé l’établissement prochain d’un consulat dans la ville sahraouie de Dakhla. Tandis que l’affaire Pegasus reste en suspens et que l’auteur de l’espionnage de Sánchez demeure une énigme, le président en exercice continuera de séjourner à Marrakech jusqu’à lundi.
Espagne
De notre correspondant Ali Ait Mouhoub