Il est fait appel à la production locale pour approvisionner le marché : L’importation de viandes rouges interdite

05/04/2022 mis à jour: 21:14
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La question consiste aujourd’hui à savoir si les producteurs locaux pourront satisfaire à la demande / Photo : B. Souhil

Les responsables du secteur devront donc se limiter à la production locale pour approvisionner le marché. Une mission qui s’annonce difficile connaissant les dysfonctionnements de cette filière et les perturbations dans la chaîne de distribution.

Alors qu’initialement l’importation de viandes rouges était au menu du gouvernement, voilà que le ministère de l’Agriculture et du Développement rural (MADR) annonce par le biais du groupe industriel l’Algérienne des viandes rouges (Alviar) l’interdiction totale de l’importation des viandes rouges dans le cadre de sa stratégie de soutien à la production locale durant le mois de Ramadhan 2022.

Une décision qui intervient après celle issue du Conseil des ministres du 13 mars dernier relative à l’interdiction d’importation de viandes congelées. Les responsables du secteur devront donc se limiter à la production locale pour approvisionner le marché. Une mission qui s’annonce difficile connaissant les dysfonctionnements de cette filière et les perturbations dans la chaîne de distribution.

Le PDG du groupe Alviar, Lamine Derradji, affirme en effet avoir reçu une instruction du MADR portant sur l’annulation de toute opération d’importation de viande rouge. Même l’acheminement de 4000 bovins d’Irlande dont les démarches ont déjà été entreprises a été suspendu. C’est ce qu’il a indiqué sur les colonnes d’Echourouk.

Dans cette filière marquée, faut-il le noter, par la désorganisation et la flambée des prix comme c’est le cas en cette période de forte demande, la décision vise, selon Lamine Derradji, à encourager la production nationale.

Une production jugée «conséquente» pour approvisionner «suffisamment» le marché algérien selon le secrétaire général de l’Union nationale des paysans algériens (UNPA), Abdelatif Dilmi qui s’est déjà déclaré «favorable à l’interdiction d’importer toutes sortes de viandes».

Ce qui a été finalement tranché. Comme alternative, le cap est mis sur l’abattage de bovins et de moutons locaux. Une opération en cours qui permettra selon la même source d’approvisionner le marché en viandes à travers 150 points de vente avec des prix «compétitifs». Il reste à savoir si la promesse sera tenue concernant ce point qui caractérise justement le marché des viandes en Algérie. Une situation qu’explique le PDG d’Alviar par l’ampleur du phénomène de la contrebande transfrontalière.

D’où l’urgence d’intensifier la lutte contre ces pratiques du côté des représentants du secteur du Commerce dont le premier responsable, Kamel Rezig, s’est pourtant engagé à œuvrer avec les acteurs de la filière pour arrêter des prix «raisonnables» à même de satisfaire les producteurs et les consommateurs. Ce qui n’est pas encore le cas.

Il est attendu que les opérations d’abattage programmées pendant ce mois atténuent un tant soit peu la tension sur les prix.  Dans une première phase, une quantité de 36 tonnes de viandes rouges a été convoyée mi-mars de Tamanrasset (extrême-sud du pays) vers les wilayas du nord du pays pour y renforcer l’approvisionnement des marchés durant ce mois en attendant une autre livraison d’Adrar.

800 tonnes de viandes rouges pour le marché du nord

Le programme de cette wilaya porte globalement sur l’injection de 800 tonnes de viandes rouges dans les marchés du nord.

Une décision que l’expert agronome Ali Kader qualifie de positive : «Le fait d’interdire l’importation est une bonne chose. Du moment que l’abattage des zébus et des sidaoun remontant du Sahel est autorisé».

A titre indicatif, le zébu est une race bovine originaire d’Inde, fréquente dans les pays du Sahel alors que le sidaoun est une race de mouton des pays subsahariens. Pour rappel, le ministère du Commerce et de la Promotion des exportations avait annoncé en mars dernier la mise sur le marché d’une quantité de 54 500 tonnes de viandes rouges à l’occasion du mois sacré du Ramadhan.

Et ce, via l’abattage prévu de 29 000 têtes bovines, soit l’équivalent de 14 500 tonnes de viandes, et près de 1 million de têtes ovines, soit 30 000 tonnes de viandes rouges locales, alors que la quantité de 10 000 tonnes de viandes restantes sera assurée par les wilayas du sud.

Avant que la décision d’interdiction d’importation ne tombe, la société algérienne Frigomedit et Alviar devaient acheminer des 30 000 tonnes supplémentaires de viandes congelées pour renforcer l’approvisionnement du marché durant cette période. Une procédure finalement annulée.

Certes, elle a des visées qui portent sur l’encouragement de la production locale, mais elle dénote aussi de l’absence d’une stratégie claire dans une filière qui a toujours été assujettie aux crises étant fortement dépendante des importations pour ce qui est de l’aliment de bétail particulièrement.

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